jeudi 31 mars 2016

Festival Cinéma du réel 2016



Le mercredi 23 mars, les élèves de Première de l'option cinéma ont assisté à deux projections dans le cadre du festival Cinéma du réel à Beaubourg. Vous trouverez ci-dessous le synopsis des films, suivi des impressions des élèves.

I Dance with God

Hooshang Mirzaee

2015 / Iran / 39 min



Quelque part au Kurdistan iranien, Ali Badri compte bien peler sa pomme d’un seul tenant – un proverbe promet une jeune fille à celui qui y parviendra.... En s’ouvrant sur le dialogue badin et tendre du vieux tailleur et de sa femme dînant le soir sur les hauteurs de leur village, I Dance with God donne d’emblée le ton – affable, débordant de vitalité – d’un portrait accordé à son sujet. Non seulement le gai octogénaire entonne à tout bout de champ des chansons d’amour grivoises, mais il semble puiser sa joie de vivre dans le handicap qui l’ôterait à plus d’un. Trois mois après son mariage, un accident de chasse a rendu aveugle le jeune facteur qui, très tôt, a alors bifurqué vers l’aiguille. Trouvant un équilibre entre jour et nuit, entre humeur plaisante et sombres nuages passant au-dessus du couple qu’il forme avec Ichavar, Hooshang Mirzaee restitue au son et à l’image l’acuité accrue des sens d’Ali Badri, qu’il savoure un fruit de son amandier, plante un arbre, fasse sa gymnastique ou quémande la caresse d’aftershave que lui administre son épouse. Mais la construction d’I Dance with God progresse aussi, l’air de rien, vers le bord du précipice : celui, littéral, que l’heureux Ali manque maintes fois de franchir tout en tenant très bien la route ; celui, plus accidenté et tragique, du deuil qui a frappé le couple et resurgit tardivement, semé de fleurs sauvages multicolores. (Charlotte Garson)
Production : Hooshang Mirzaee


Nous avons aimé l'aspect poétique du film, lié à la personnalité originale du vieil homme. Ali Badri est un vieux tailleur aveugle dont la joie de vivre (il chante sans arrêt des chansons d'amour) contraste avec sa situation objective. Une grande importance est accordée aux plaisirs sensoriels qu'il éprouve, et qui semblent décuplés par sa cécité. La photographie est très belle, et l'on est heureux de posséder la vue pour pouvoir admirer les paysages du Kurdistan, qui sont pour nous une vraie découverte. A la fin du film, la mise en scène du pèlerinage du couple sur la tombe du fils disparu nous fait encore davantage entrer dans l'intimité des personnages. Le film possède cependant quelques longueurs.

Les Héritiers

Maxence Voiseux

2016 / France / 60 min

Hubert, Thierry, Dominique. Dans cette fratrie agricole de l’Artois, la répartition des tâches semble s’être faite de manière organique : l’aîné achète les bovins, le benjamin les engraisse et le cadet les dépèce pour les vendre aux bouchers. Les cadrages amples restituent le continuum de cette exploitation familiale qui va de la naissance du veau à sa mise à mort. Mais cette routine qui n’exclut pas d’âpres négociations se voit peu à peu altérée par une préoccupation lancinante : que feront « nos jeunes » ? Subtilement, dans le quotidien de trajets à l’école pour le fils de Dominique ou de tâches agricoles pour ses neveux adolescents, le doute s’installe. Au détour d’une phrase, une jeune fille dit préférer les moutons ou rêver de déménager dans l’Aubrac. La dissension qui guette n’a rien de personnel, c’est un phénomène générationnel, un nouveau rapport au travail : « Ils prendront peut-être le temps de prendre des vacances », lâche l’un des pères, entre admiration et regret. La distance respectueuse dont fait preuve Maxence Voiseux rencontre celle, aimante, des futurs « héritiers » qui, devant les espoirs paternels, biaisent ou éludent. « Ça te dérangerait que je sois fermier ? » lance timidement le plus jeune à son père, spécialiste du bout de la chaîne, dans un finale délicat montrant la jeunesse du côté de la vie. (Charlotte Garson)
Production : Zeugma Films, Liaison Cinématographique

Nous avons aimé les images, notamment les plans sur la route avec les jeux de lumière. La photographie constitue un enjeu particulier de ce film où beaucoup de scènes ont lieu dans la pénombre. De plus, le sujet du film est intéressant, car il montre l'évolution d'une entreprise familiale et pose la question de la relève par les jeunes générations (d'où le titre, Les Héritiers). Les scènes de dialogue entre parents et enfants sont bien menées, et particulièrement celles avec le petit garçon, qui pose naïvement des questions essentielles. Le film présente également l'intérêt de montrer un élevage à échelle humaine, où les hommes traitent correctement les animaux, les respectent et témoignent de la passion qu'ils ont pour leur métier. Il est dépaysant pour nous qui sommes des citadins, par le mode de vie qu'il donne à voir... et à entendre (le langage est parfois difficile à comprendre !).
Cependant, nous regrettons la monotonie du montage, qui empêche le film de progresser et peut se révéler ennuyeux pour le spectateur.


Projections de films sur le continent américain et ses tensions

Le 12 février 2016, à l'Escurial, de nombreux élèves du lycée ont assisté à des projections de films consacrés au continent américain et à ses tensions, dans le cadre des cours de français, d'espagnol, de l'option cinéma, de la section européenne espagnole ou d'histoire-géographie.
Chacun des deux films a fait l'objet d'une présentation par le cinéaste Pascal-Alex Vincent.
Au programme figuraient Bread and Roses de Ken Loach (2000) et Les Neuf Reines de Fabian Bielinsky (2002).




Vous pouvez lire ci-dessous l'analyse du film de Ken Loach par les élèves de Terminale de l'option cinéma, puis les remarques des élèves de Seconde de l'option cinéma sur les scènes de début et de fin, ainsi que sur l'engagement du cinéaste.



Analyse de Bread and Roses de Ken Loach (2000)
 par les Terminales de l'option cinéma


            Synopsis :

            L'histoire se passe à la fin des années 1990, dans la ville de Los Angeles, en Californie. Maya (interprétée par Pilar Padilla, une comédienne qui faisait ses premiers pas au cinéma) est une jeune Mexicaine qui a quitté sa mère et son pays pour émigrer aux Etats-Unis où elle retrouve sa sœur, qui vit avec son mari et leurs deux enfants. Maya essaie de s'intégrer en trouvant un travail. Elle obtient d'abord un job de serveuse, puis de femme de ménage dans la même société que sa sœur. Ses collègues et elle travaillent cependant dans des conditions difficiles et pour un salaire misérable. Sa rencontre avec Sam Shapiro (interprété par Adrian Brody, seul acteur professionnel de ce film), un jeune syndicaliste, lui permet de prendre conscience qu'il faut cesser de subir et prendre sa vie en mains.
            Le film va alors raconter les bouleversements que cette lutte va entraîner dans la vie des personnages. Ainsi, au fil de la lutte, un amour se construit entre Sam et Maya et des relations, contrastées, se nouent entre les personnages. Cette histoire intense finit sur une note ambivalente : le syndicat gagne son combat, mais Maya, accusée de vol, se retrouve renvoyée au Mexique.


            Un film réaliste :

            Les scènes les plus réalistes du film sont aussi les plus intenses émotionnellement. Ainsi, la scène du début, qui montre le passage de la frontière par les immigrés clandestins, est inquiétante. Elle est filmée en caméra à l'épaule, quasiment en temps réel et avec des plans subjectifs qui en accentuent le réalisme. On a alors l'impression d'être un personnage, et non un spectateur.
            Les scènes où les syndicalistes essaient de convaincre les employés de se révolter montrent la méfiance et la réticence des personnages à s'engager : elles sont réalistes car elles n'idéalisent pas les employés, mais montrent au contraire leurs faiblesses.
            Les scènes de manifestations diffusées à la télévision, qui ressemblent à des images d'archives, contribuent également au réalisme du film. Elles reprennent d'ailleurs un slogan déjà utilisé au cours de l'histoire des luttes syndicales, et qui donne son titre au film : "We want bread, but roses too."
            Lorsque Maya se dispute avec sa sœur Rosa, qu'elle accuse d'avoir trahi la cause des militants, il n'y a pas d'ellipses : la dispute est montrée dans la continuité et cela nous permet de vivre l'intensité de la scène aux côtés des personnages. La conversation comporte des détails très crus de la vie de Rosa et permet à Maya de se rendre compte de la réalité affreuse que sa sœur a dû endurer pour pouvoir envoyer de l'argent à sa famille.
            Enfin, le film tout entier comporte une dimension réaliste lorsque l'on songe au fait que Pilar Padilla (Maya) ne parlait pas anglais deux mois avant le début du tournage. Elle s'identifie donc parfaitement à son personnage d'immigrée.


            Des scènes comiques :

            Certaines scènes apportent de la légèreté au propos du film, de par leur aspect comique. Ainsi, après la scène d'ouverture, l'un des deux passeurs kidnappe Maya. Mais celle-ci parvient à s'échapper en lui volant les bottes dont il était particulièrement fier. De même, on peut mentionner la scène où une des employées apprend à Maya à passer l'aspirateur en dansant avec celui-ci, celle de la fuite de Sam, caché dans le chariot de Maya, qui relève d'un comique burlesque, ou encore celle du restaurant où Sam s'en prend au patron des employés de ménage et finit par manger dans son assiette.
            On peut mentionner enfin la scène de la réception dans les bureaux, dans laquelle nous avons pu remarquer, entre autres, Tim Roth et Benicio del Toro, confrontés à l'arrivée des femmes de ménage de l'immeuble. Cette scène peut être vue comme comique pour plusieurs raisons. Tout d'abord, Ken Loach n'a pas engagé d'acteur professionnel (à part Adrian Brody) pour les rôles principaux, mais des acteurs professionnels et connus pour jouer des figurants, ce qui constitue un beau renversement de la hiérarchie habituelle des rôles. Ensuite, la scène est drôle dans la manière dont les invités, éberlués, réagissent à l'arrivée des femmes de ménage, qui détonent par rapport à leur milieu.


            Une œuvre engagée :

            L'engagement du cinéaste tient avant tout au choix du point de vue narratif, qui privilégie le personnage de Maya. En effet, il n'est pas commun, au cinéma, de raconter une histoire selon le point de vue de cette classe sociale pauvre, d'origine hispanique, qui est pourtant très présente aux Etats-Unis. Ce choix vise à montrer la vraie ville de Los Angeles où, derrière les stars de cinéma, des personnes de toutes origines mènent une vie difficile.
            Parce qu'il suit Maya dans sa vie de tous les jours, le spectateur s'identifie à elle et compatit à son sort ainsi qu'à celui des autres personnages qui l'entourent. Parce qu'il assiste à leur combat contre les injustices sociales, le spectateur est invité à se ranger de leur côté et à vouloir lui aussi changer les choses. Ce film vise donc à susciter une prise de conscience collective. En témoigne la scène où Maya et Ruben nettoient l'ascenseur et où deux cadres de l'entreprise passent à côté d'eux, les enjambent presque, sans même les voir : on peut voir ces personnages comme des contre-modèles et lire cette scène comme une invitation à ouvrir les yeux sur les problèmes qui nous entourent plutôt que de détourner le regard.



Elèves de Terminale : Romain, Judith, Inès L., Inès A. Léa, Félix, Hugo, Arthur, Andréa, Diane, Kamel, Gustave, Maximilien, Sarah, Laure, Clara, Katia, Maxime, Thomas, Ariane, Ambre, Raïssa, Laura, Guillaume.





Bread and roses vu par les élèves de Seconde de l'option cinéma


            La séquence initiale :

            La séquence initiale est filmée caméra à l'épaule. La caméra est placée au milieu des personnages et bouge avec eux, ce qui a pour effet de nous plonger dans l'action. Le son est amplifié : le moindre craquement ou bruissement de feuilles s'entend très fort, ce qui a pour effet d'augmenter la tension. Dès que la tension baisse, la caméra se stabilise et une musique plutôt joyeuse se met en place. Quand les personnages sont sur la route, il y a beaucoup de plans subjectifs, l'un sur une voiture de luxe et l'autre sur les buildings : on peut comprendre ces plans comme exprimant l'espoir d'une vie meilleure en Amérique. (Eliot)
            Cette première séquence annonce la suite du film, car dès le premier plan, qui est assez sauvage et fait presque amateur, nous sommes embarqués avec Maya et d'autres personnages. Elle nous annonce que la suite du chemin de Maya sera compliquée, avec des épreuves qu'elle devra surmonter, ce qui est renforcé par la scène où elle reste enfermée dans la voiture avec les deux passeurs. (Eva)
            La séquence initiale est filmée à l'aide d'une caméra à l'épaule pour nous plonger directement au cœur de l'action. Le film s'ouvre donc en pleine action, et l'accompagnement sonore est constitué de râles, de cris et de souffles forts et répétés, afin de créer une ambiance de panique et d'angoisse. Cette première séquence annonce la suite du film avec ses plans-séquences et son rythme très rapide, qu'il faut suivre. (Lia)
            Dans la séquence initiale, la caméra est placée au centre de l'action et nous plonge avec les personnages dans leur fuite. La caméra est parfois subjective et le son y est adapté (respirations, vent…). La réalisation est donc très mouvementée (comme si un personnage courait avec la caméra) et donne une impression de film amateur. Les plans sont souvent rapprochés (taille ou épaule), avec quelques gros plans, toujours dans le but de nous rapprocher de l'action et des personnages. (Rayan)
            La première scène est filmée en caméra subjective et la caméra bouge énormément et très rapidement. C'est un choix de Ken Loach souhaitant accentuer le côté "sauvage" du Mexique, ainsi que l'illégalité de l'action des personnages (le passage de frontière). (Nathan)
            Dans la séquence initiale, on a d'abord une caméra portée à l'épaule, qui bouge beaucoup, en accord avec l'action qui se déroule. On a des plans larges, qui montrent les personnages en entier, mais aussi des plans américains, par exemple lorsque les fugitifs sortent de la voiture, ainsi que des gros plans, notamment lorsqu'ils sont dans la voiture. La musique débute quand ils sont tous dans la voiture : pour montrer que Maya est heureuse d'arriver aux Etats-Unis, le réalisateur a choisi une musique entraînante. (Noémie)


            La fin du film :

            La fin n'est pas très joyeuse, car on aurait aimé que Maya reste avec sa sœur et Sam. On la voit même pleurer dans le dernier plan. Mais tous les problèmes des personnages, pour lesquels ils se sont battus, ont été résolus. C'est une fin qui revient au début, comme une boucle, qui nous ramène à la situation initiale pour montrer à quel point la vie est injuste avec Maya, en dépit de tout ce qu'elle a accompli.
            Cela nous montre combien la vie est difficile pour les personnes qui naissent dans un pays pauvre. Ainsi, Maya est en quelque sorte comparée à Sam, qui est, lui, américain, avec une vie assez facile. Il la laisse partir, triste mais en sécurité, tandis qu'elle va retrouver une vie plutôt misérable qu'elle avait fuie. En même temps, Ken Loach délivre aussi un message d'espoir à travers le combat des employés de ménage : il montre qu'en peu de temps et avec peu de moyens, on peut accomplir des choses. (Chloé)


            Un film engagé :

            Ce film montre la réalité de l'immigration. Ken Loach se met du côté des immigrés, montre leur arrivée sur le sol américain et l'évolution de leur situation. Cela invite le spectateur à éprouver de la compassion pour les immigrés et surtout lui permet de savoir comment les choses se passent vraiment. (Eliot)
            Ce film est une œuvre engagée, car il montre que les immigrés arrivent en cachette, dans de mauvaises conditions, avec des passeurs douteux, tandis que leurs familles se sont ruinées pour faire passer les leurs de l'autre côté de la frontière. Le message que pourrait faire passer le réalisateur, c'est que le rêve américain est idéalisé, mais que l'idée selon laquelle tout est possible n'est pas réaliste. Il montre aussi que la vie est un combat, et que malgré les inégalités, on peut faire des choix et se battre pour être heureux, que tout le monde a droit au bonheur. (Eva)
            Ce film est une œuvre engagée, car il exprime des messages sur des faits qui pourraient être réels. Le sujet est d'actualité et le film présente une dure réalité qui concerne directement les spectateurs. (Rayan)
            Ce film dénonce des injustices : celle commise par les passeurs qui enlèvent Maya parce que sa sœur n'a pas assez d'argent ; celle des Etats-Unis qui renvoient Maya au Mexique malgré tout ce qu'elle a accompli pour améliorer le sort des hommes et femmes de ménage. (Nathan)
            Le réalisateur prend parti dans cette histoire. La vision du spectateur est orientée en faveur des Mexicains arrivés clandestinement. Ken Loach dénonce le capitalisme, les salaires trop bas pour les étrangers et les lois du travail qui ne sont pas les mêmes pour tout le monde. (Ezio)
            Le film montre la vie difficile de Maya : les difficultés pour les immigrés mexicains à entrer aux Etats-Unis, la cruauté des passeurs, et le retour à la case départ qui peut arriver à tout moment, à la moindre erreur. (Gustave)
            Ce film pourrait être inspiré d'une histoire vraie, et je pense que ce genre de transaction existe encore. C'est important d'en traiter dans un film, car l'immigration est un sujet dont tout le monde parle. On voit aussi que ceux qui font le voyage font parfois de bonnes actions et se battent pour qu'on reconnaisse leurs droits. Le film montre leur humanité. (Angèle)



Ce projet a été mené avec l'aide des Cinémas Indépendants Parisiens et subventionné par la Région Ile-de-France.



dimanche 20 mars 2016

Critique de Divergente 3 : Au delà du mur, de Robert Schwentke, par Romain Billard



Et oui, me revoilà avec la critique d'une nouvelle "connerie américaine" dont je raffole tant, et cette semaine c'est le dernier opus de la saga Divergente que j'ai vu. 
Pour moi, le genre du divertissement hollywoodien de type blockbuster est un genre d'une richesse inépuisable, qui a bercé mon enfance, mon adolescence, et, je l’espère, ma vie future. Et même si certains ne seront pas d'accord avec moi, le cinéma de ce type est un art. Un art lucratif, certes, mais savoir divertir les gens correctement tout en respectant les codes indiqués, le socle culturel et le besoin de nouveauté est un art souvent mal maîtrisé, et Divergente 3 n'échappe malheureusement pas à la règle.

Divergente est une saga à l'origine correcte, certainement pas transcendante dans son genre et certainement pas parfaite, mais correcte néanmoins. Elle offre un univers assez bien mis en place et suffisamment détaillé et solide pour qu'on puisse s'y projeter sans souci, des seconds rôles plutôt attachants, et une histoire suffisamment "originale" pour ne pas trop souffrir de comparaisons trop lourdes avec la saga récemment sortie qui continue à lui faire de l'ombre : Hunger games
Divergente possède surtout une très bonne méchante, jouée par Kate Winslet durant les deux premiers opus qui, avec cette performance, offre une véritable crédibilité au rôle et ajoute des couleurs à sa palette d'actrice.
A l'inverse, l’héroïne, Tris, jouée par Shailene Woodley, souffre d'un cruel manque de charisme qui se fait sentir, surtout après le passage dans la pop culture de Jennifer Lawrence, héroïne de la fameuse saga qu'on compare perpétuellement à Divergente, qui elle, arrive sans problème à porter toute la saga sur ses épaules.
Mais les autres personnages et les décors sauvent heureusement le manque de charisme de notre héroïne qui est difficilement attachante.

Les deux premiers opus étaient donc assez satisfaisants, certainement pas assez pour me bouleverser mais suffisamment pour me détendre et me faire passer un bon moment. Je suis donc parti voir ce troisième opus sans avoir trop d'attentes, et il est tout de même parvenu à me décevoir quelque peu.
En effet, l'histoire est prévisible et mal amenée, de manière très machinale et sans s'attarder sur ses protagonistes. Les décors sont franchement bâclés ce qui rend difficile l'immersion dans le monde de la saga. Après la mort du personnage de Kate Winslet à la fin du 2, le nouveau méchant qui vient la remplacer (joué par jeff Daniels, utilisé ici à contre -emploi de sa notoriété comique) ne parvient pas à arriver aux chevilles de l'actrice anglaise et apparaît donc assez fade. 

Le film reste convenable et je ne suis pas sorti de la projection aussi déçu que lors de mon visionnage de l'épisode final de la saga Hunger Games. Mais il ne prend vraiment aucun risque, ce qui est normal dans un genre cinématographique à ce point codifié, qui obéit à des schémas stricts pour plaire à un maximum de personnes, mais ne même pas chercher à jouer avec les codes à ce point ou à les satisfaire pleinement, ça donne quelque chose de très plat. Ajoutez là-dessus des effets spéciaux abominables qui brûlent les yeux de par leur apparente fausseté, et vous obtenez un film, certes détendant, mais vraiment dépourvu de personnalité et de charisme (comme son interprète), qui se contente de surfer sur les codes, sans s'y jeter pleinement ni s'en détacher totalement. Le film souffre également d'une réalisation qui semble désintéressée du projet, ce qui se ressent par la distance entre l'histoire et le spectateur : on n'est jamais pleinement impliqué dedans.

En bref, Divergente 3 : Au delà du mur est, comme les autres petits frères de cette saga, un film de divertissement grand public qu'on regarde lorsqu'on n'a rien de mieux à faire, qui n'est pas à jeter, mais qui ne vaut pas spécialement le détour non plus. Cela dit j'irai voir le dernier opus qui sort l'année prochaine et qui clôturera cette saga. Si ses concepteurs arrivent à jouer avec le crescendo des films et à offrir un bouquet final explosif qui aille au bout de son potentiel de divertissement, il se pourrait que la saga retrouve quelques couleurs.

Romain