Le Giallo
Bonjour à tous, me revoilà avec un nouvel article de
cinéma qui porte sur un sous genre cinématographique italien du cinéma
d’horreur, policier et érotique : Le giallo.
Il fut
un temps où le cinéma italien pouvait être considéré comme l’un des plus beaux
cinémas jusque dans les années 80 (il y a peu de grands cinéastes italiens qui
font toujours des films aujourd’hui comme Nanni Moretti. Les producteurs
n’investissent que dans les comédies qui ne sont pas terribles). Il y a eu la
période Néo réaliste qui va de la fin de la seconde guerre mondiale au milieu
des années 50 (parmi ces films néo réalistes on peut citer Rome ville ouverte de Roberto Rossellini sorti en 1945 qui
est considéré comme le premier de cette période), puis une période de cinéma
d’auteur qui va des années 50 à 60 avec de grands cinéastes comme Federico
Fellini (La dolce Vita 1960,la Strada 1954) et le scandaleux
Pier Paolo Pasolini (Théorème 1968 , L’évangile
selon saint Matthieu 1964). Bref
une période de films de séries A. Mais dans les années 60 émerge aussi un
courant de films de séries B, la plupart mal vues à l’époque mais aujourd’hui
considérées comme des séries A, des chefs d’œuvre qui se rattachent au Western
Spaghetti (cinéma de cow boy italien avec des films comme Le bon la brute et
le truand de Sergio Leone
sorti en 1966) et au Giallo dont je vais parler.
Le Giallo c’est quoi ?
Le giallo est un film policier où le
héros, un homme simple ordinaire qui n’est pas toujours policier, résout des
énigmes pour retrouver le tueur qui est généralement un homme vêtu dans une
tenue en cuir noir (on peut aussi ne voir que ses mains dans des gants en cuir
en train de tuer la victime comme chez Dario Argento) avec un chapeau et un
masque pour ne pas qu’on le reconnaisse, mais il y a des indices pour que l’on
puisse deviner. Le tueur tue sa victime qui est toujours une jolie femme dénudée
(pas entièrement, mais très limite pour l’époque) avec une arme blanche. Ces
meurtres et ces femmes rattachent le sous genre au film d’horreur et au film
érotique. Cette image composée d’une femme dénudée avec la lame sur elle tenue
par le gant en cuir crée une véritable esthétique au giallo. J’appelle ça de
l’art, le tableau du giallo, son code artistique et esthétique.
Origine, premiers films, maîtres du genre :
Giallo signifie jaune en italien car le nom du genre s’inspire des éditions Mondadori qui publiaient des romans policiers (on pouvait retrouver des récits d’Agatha Christie) qui avaient une couverture jaune. On considère que le premier giallo est La fille qui en savait trop inspiré de L’homme qui en savait trop d’Alfred Hitchcock réalisé par Mario Bava et sorti en 1963. On retrouve des éléments comme les meurtres soignés avec et un couteau et l’on retrouve une certaine érotisation chez la femme qui est le personnage principal car normalement c’est un homme. Ce film ne servira que pour le grand Giallo de Mario Bava Six femmes pour l’assassin qui sortira un an plus tard où cette fois-ci on retrouve tous les éléments du giallo (pour ceux qui s’intéressent à ce film, il vient de sortir en blu ray). Tout cela fait de Mario Bava le créateur du giallo (il en réalisera d’autres comme La baie sanglante sorti en 1971, sorti en blu ray tout récemment aussi), le créateur mais pas le maître. On dit que le réalisateur qui représente ce sous-genre est Dario Argento avec ses films des années 70 où l’on compte L’oiseau au plumage de cristal sorti en 1970 qui est vraiment très bien pour un premier film, Le chat à neuf queues (1971), 4 mouches de velours (1971) , Les frissons de l’angoisse (1975) et Suspiria (1977) qui est cette fois-ci un giallo avec du fantastique.
Le giallo est très populaire dans les
années 60 et 70, mais il perd sa popularité à la fin de ces années-là, jusqu'à
une mini popularité dans les années 80. Pourquoi ? Dans les années 70
émergent de nouveaux types de films d’horreur et encore plus érotiques italiens.
On voit naître la torture Porn (films où les personnages sont prisonniers et soumis à des sadiques qui
exercent toutes sortes de torture sur eux. Genre très populaire dans les années
2000 aux Etats Unis avec des sagas comme Saw) avec Salo ou les 120 journées de Sodome (1975) de Pier Paolo
Pasolini d’après un roman du marquis de Sade.
Il y a aussi beaucoup de films gores, parfois avec des zombies comme L’enfer des zombies de Lucio Fulci
sorti en 1979. Enfin le coup de grâce avec l’arrivée du cinéma pornographique
en Europe. Voir une poitrine de femme n’est plus très excitant quand on peut
tout voir. On retrouvera peu de giallo après, Argento en réalisera quelques-uns
(Opéra en 1987, Giallo en 2009). Il y a aussi des giallo français contemporains
sortis dernièrement comme Un couteau dans le cœur de Yann Gonzales avec Vanessa Paradis, présent au festival de Cannes en
2018. Je me rappelle aussi d’un giallo français où l’on assiste au meurtre érotique d’un homme, c’est original.
Bien que le giallo ait perdu sa popularité, il lance la mode du slasher dans les années 80 aux Etats-Unis, films où un tueur masqué avec une arme blanche poursuit des adolescents, avec des films comme Vendredi 13, qui reste vraiment moins bien qu’un bon giallo. Ce n’est pas le giallo qui a lancé le slasher, c’est plutôt Psychose 1960 d’Alfred Hitchcock, Black christmas 1974 de Bob Clark et Massacre à la tronçonneuse 1974 de Tobe Hooper qui sont les premiers films, mais il a aidé à le rendre plus populaire.
Roméo 2de.