mardi 24 mars 2015

Semaine de la presse : la figure du journaliste au cinéma

Les élèves de Première de l'option cinéma ont travaillé sur des films qui mettent en scène des personnages de journalistes et expriment donc leur vision de la place du journalisme dans la société.

Voici le travail d'Inès Atek et Léa Kheder sur Reds de Warren Beatty (1982) :


Présentation du film Reds :
Reds est un film dramatique de Warren Beatty sorti en 1982.
Ce film tourne autour de la vie de John Reed, militant américain communiste, journaliste, et écrivain qui fit la chronique de la révolution russe de 1917 et auteur de Dix jours qui ébranlèrent le monde (Ten Days that Shook the World). Mais ce film est aussi axé sur la vie de Louise Bryant, écrivaine et journaliste américaine aux sympathies communistes et anarchistes connue pour son radicalisme politique et ses prises de position féministes. Ce long métrage retrace donc leur histoire d’amour de 1915 à 1920, date de la mort de Jack Reed.

Présentation du réalisateur :
Warren Beatty fait ses premiers pas dans le monde du cinéma dans un film d’Elia Kazan, La Fièvre dans le sang, en 1961. Après avoir joué dans des films à succès tels que Bonnie and Clyde d'Arthur Penn (1967), un rôle qui lui vaudra l’Oscar du meilleur acteur, en 1978, il empoigne la caméra et réalise Le ciel peut attendre dans lequel il occupera le rôle principal. Pour son second film en tant que réalisateur, Reds, il reçoit l’Oscar du meilleur réalisateur et fait preuve de convictions politiques très marquées. Convictions qui sont à nouveau affirmées dans Bulworth, en 1998.

La représentation du journalisme :
Les deux journalistes qui apparaissent dans le film sont les deux rôles principaux : Jack Reed et Louise Bryant. Jack Reed publia quelques articles et des poèmes avant d'écrire, à partir de 1913, pour la revue socialiste The Masses. Cette année-là, il découvrit la dureté des rapports sociaux aux États-Unis en couvrant la grève des ouvriers de Paterson, dans le New-Jersey et prit parti pour les grévistes et les militants syndicaux des Industrial workers of the world (IWW).

Le personnage principal de Reds est celui d’un homme qui rêve de déclencher une véritable révolution dans son pays, et ce, grâce au pouvoir du journalisme et notamment de la presse écrite afin de propager ses idées. Il est le principal protagoniste de ce biopic sur Jack Reed, qui semblait assez courageux pour vouloir changer le monde, tout en refusant de faire face à ses problèmes personnels.
La figure du journaliste n’est pas particulièrement positive, ni négative. Nos deux héros évoluent dans leurs travaux et leurs productions comme dans leur relation amoureuse. Lorsque que Jack et Louise partent pour la Russie, ils sont en froid et se considèrent comme des collègues. Ils découvrent les différentes facettes de la Révolution, s’entretiennent avec des habitants, des révolutionnaires, Lénine, Trotski… Ils rédigent donc énormément d’articles sur l’évolution de cette Révolution. Plus leurs travaux évoluent positivement, plus leur relation se métamorphose. Ils redeviennent un véritable couple, heureux.
Warren Beatty met alors en scène le côté politique du journalisme et le rôle vital qu’il exerce pour toute campagne politique ou révolution. Il permet de garder une trace de chaque événement, comme la description de la révolution Russe.

Un échange de répliques significatif :
        Le policier : « Que faites-vous ? »
        Jack Reed : « Moi ? »
        Le policier : « Oui vous. »
        J.Reed : « J’écris. »
        Le policier : « Vous avez tort ! »

Une séquence intéressante :
Séquence : 29 min à 31 min 17
Jack Reed ainsi que d’autres adhérents au syndicat I.W.W sont  réunis dans une grange, distribuant des tracts : ils font part de leurs idées à des « prolétaires», couverts de suie et de boue. Ces derniers se plaignent de leurs conditions de travail, tandis que les membres de l’I.W.W leur proposent des solutions et l’espoir d’une guerre des classes qui mettra fin à leur misère. Les travellings latéraux et plans alternés s’enchaînent, montrant les visages attentifs de ces travailleurs de la classe ouvrière, jusqu’à ce que la police fasse une entrée retentissante. On leur ordonne de  partir, ils n’en font rien et c’est Jack Reed qui prend la parole avant qu’un policier ne lui saute dessus pour le faire taire. Cette séquence se termine dans un plan chaotique sur le conflit qui a éclaté. Elle est le symbole même avec la réplique du policier, de la situation encore actuelle des journalistes qui dérangent en voulant rendre compte de la réalité des événements par le biais de la presse.

Critiques du film Mort d'un cycliste (1955) de Juan Antonio Bardem par les 1ères ES1

Le vendredi 6 février 2015, les élèves de la section européenne espagnol, de l'option cinéma, et plusieurs classes du lycée Rodin (dans le cadre du cours d'espagnol, de français ou d'histoire) ont assisté à la projection de films espagnols sur la guerre d'Espagne et le franquisme au cinéma l'Escurial, présentés par Pietsie Feenstra, enseignante à l'Université Paris III.

Cette manifestation a été organisée en partenariat avec les Cinémas Indépendants Parisiens et a bénéficié d'une subvention de la Région Ile-de-France.


Les élèves de 1ère ES1 ont écrit une critique de Mort d'un cycliste (1955) de Juan Antonio Bardem.



Mort d'un cycliste, la sinistre dénonciation de Bardem.

            Le cinquième film de Juan Antonio Bardem, récit du triste accident de deux amants adultères qui renversent un cycliste en voiture et se retrouvent du jour au lendemain dans une situation de culpabilité et de peur sans précédent, suit les deux protagonistes en parallèle de l'enquête policière, effrayés que l'on puisse découvrir la vérité à la fois sur leur relation amoureuse et sur leur homicide involontaire mais inavoué.
            Derrière cette histoire qui relève en apparence du fait divers se cache en réalité une métaphore politique de la dictature, ainsi qu'une dénonciation du franquisme. En effet, d'une part, les amants vivent dans la peur d'avouer leur crime, ce qui renvoie à la terreur de s'exprimer propre aux régimes dictatoriaux, et d'autre part, la femme du couple craint d'être séparée de son riche mari si l'on venait à découvrir sa relation adultère, comportement emblématique d'une société dans laquelle les préoccupations matérielles sont démesurées.
            Tout au long du film règne une ambiance pesante et glauque, représentative de la situation dans laquelle sont placés les personnages, et laissant présager un dénouement dramatique, ce qui sera bel et bien le cas, puisque l'histoire se termine sur un meurtre supplémentaire : Maria Jose (l'amante) va ainsi tuer Juan (l'amant), avant de connaître elle-même un accident mortel. On peut alors comprendre le message du film, qui est qu'un crime ne peut rester impuni…
            J'ai personnellement beaucoup aimé le film, car selon moi, l'ambiance colle parfaitement au message du film, et l'histoire est très ouverte aux interprétations, ce qui permettra à chaque spectateur de comprendre le film d'une manière qui lui est propre.
Pablo Venzal


Mort d'un cycliste : un scénario prometteur, mais une mise en scène décevante

            Ce film engagé, Mort d'un cycliste, réalisé par Juan Antonio Bardem, critique le régime franquiste, un régime totalitaire qui réprimait les arts et censurait tout ce qui déplaisait au gouvernement.
            Le film raconte l'histoire d'un couple formé de Maria Jose, une femme appartenant à la riche bourgeoisie, et Juan, un professeur d'Université, qui vont renverser un cycliste et le laisser pour mort sur le bord de la route. On suivra alors l'évolution des personnages, rongés par la culpabilité pour l'un, et par la peur d'être découverts pour l'autre.
            L'histoire est très bien inventée. En lisant le résumé, on a immédiatement envie de voir le film. Pourtant, le jeu d'acteurs laisse à désirer : par exemple, les réactions du personnage de Maria Jose paraissent exagérées, notamment quand elle pleure. Du coup, au lieu de susciter l'attendrissement du spectateur, elle ne provoque aucune émotion. De plus, la musique et les gros plans ajoutent un côté pathétique à certaines scènes et renforcent l'aspect "surjoué" de l'interprétation des acteurs. C'est le cas de la scène où Marie Jose et Juan s'étreignent et où l'on voit le visage de Maria Jose en gros plan.
            Ainsi, on part d'un bon scénario (encore que l'histoire soit parfois trop prévisible), mais la mise en scène et le jeu des acteurs sont trop outrés pour que cette œuvre soit un chef-d'œuvre.

Sadani Samb


Mort d'un cycliste, un chef d'œuvre de réflexion !

             Mort d'un cycliste, qui est la traduction exacte du titre original Muerte de un ciclista, fut réalisé en 1955 par Juan Antonio Bardem. Les acteurs principaux sont Lucia Bosè, qui joue le rôle de Maria Jose, Alberto Closas, qui joue le rôle de Juan, Carlos Casaravilla qui interprète Rafa, et enfin Otello Toso qui joue Miguel.
            Il faut tout d'abord situer le film dans son contexte historique : réalisé en 1955 dans la période de l'Espagne franquiste, Mort d'un cycliste s'attelle à la lourde tâche d'exprimer l'opinion d'une partie de la population. Juan Antonio Bardem devait également faire face à la censure : il fut donc contraint à une dénonciation implicite. Mais en analysant bien le scénario du film, on peut comprendre ce que le réalisateur cherche à dénoncer. Tout d'abord, les "non-dits" à travers l'accident ou bien même l'adultère, mais également la surveillance mise en place par le personnage symbolique de Rafa. Ces deux caractéristiques sont omniprésentes dans un régime totalitaire, mais au-delà de tout cela, c'est le manque de valeurs d'une grande partie de la population que dénonce Juan Antonio Bardem. Maria Jose incarne parfaitement cette partie de la société : elle n'est intéressée que par son confort matériel, qui prend le pas sur son amour. Ainsi, elle est capable de tuer une personne qu'elle chérit pour pouvoir conserver son statut social. En outre, il y a chez elle un manque total de culpabilité.
            Ce film possède donc un fond très intéressant, mais encore faudra-t-il ne pas s'arrêter à la forme du film, qui peut paraître un peu démodée avec le noir et blanc et le jeu exacerbé des acteurs. Ceci est en fait très recherché, et la qualité des plans et l'utilisation de la lumière dans certaines scènes laissera plus d'un cinéphile bouche bée.
  Mathieu Benazeraf


Mort d'un cycliste, un casting et des images impeccables

               Epouse d'un riche industriel, Maria-Jose est la maîtresse d'un professeur d'Université prénommé Juan. Au cours d'une promenade en voiture avec lui, elle renverse un ouvrier à bicyclette, et les deux amants le laissent sur la route, agonisant, sans lui porter secours.
               Nous remarquons jusqu'où pouvait aller un cinéaste, à cette époque, dans la critique de la société bourgeoise, tout en évitant la censure. Mort d'un cycliste est en effet une dénonciation de l'hypocrisie de la bourgeoisie franquiste, à travers un drame rythmé par deux crimes, l'un volontaire et l'autre accidentel.
               La maîtresse de Juan est jouée par une jeune femme mystérieuse, au visage fin et d'une grande beauté, parfaite pour incarner une femme froide, prête à tout pour conserver sa position et son bien-être matériel auprès de son mari qu'elle n'aime pas. Sa perfection physique cache des secrets et une laideur morale. La performance de l'actrice, Lucia Bosè, dans Mort d'un cycliste et dans Chronique d'un amour d'Antonioni (1950), a suscité des comparaisons entre ces deux rôles de "femme fatale". Ici, elle exprime parfaitement bien les deux facettes de son personnage.
               Dans le film, le rôle de la musique est irréprochable : bien que subtile, elle tend à faire passer des messages, notamment par le biais de Rafa, pianiste qui veut faire chanter Maria en suggérant qu'il sait tout sur la relation adultère qu'elle entretient avec Juan.
               Outre l'utilisation qu'il fait de la musique, les qualités du film tiennent à l'utilisation de la profondeur de champ, par exemple dans la première scène, mais aussi l'usage des gros plans qui rappelle les codes du mélodrame. Le montage est également efficace, car la longueur des plans permet de mettre en valeur des cadrages significatifs.

Imène Bouharket



Mort d'un cycliste, une lueur dans l'obscurantisme franquiste

Le film Mort d'un cycliste est un drame réalisé par Juan Antonio Bardem en 1955, en plein régime franquiste, soit un régime dictatorial où la censure était très présente, surtout à l'égard des critiques du régime. Pourtant ce film est parvenu à sortir et à obtenir un succès important en pleine période sombre du cinéma espagnol. En effet, Mort d'un cycliste est une oeuvre engagée qui critique le régime en place et notamment la censure imposée aux critiques de l'action du gouvernement.
Filmer la réalité était interdit par le régime, car il ne fallait pas propager d'images montrant les conditions de vie de la population, souvent déplorables. Pourtant ce film s'affranchit encore de ce tabou en n'hésitant pas à montrer la maison du cycliste tué, dans une banlieue insalubre, ainsi que sa famille misérable.
L'histoire de ce film commence lorsqu'un cycliste se fait renverser par un couple, cycliste dont on ne verra jamais le visage, symbolisant ainsi la majorité silencieuse, le peuple n'ayant pas le droit d'exprimer son opinion. Les meurtriers sont un couple adultère qui, suite à cet accident, ne se fiera plus à personne et devra se taire plus que jamais, ce qui est symbolisé par un grand nombre de silences dans le film, ou encore des passages où la musique se fait plus forte que les paroles des personnages. Ce silence pesant constitue une critique voilée du manque de liberté d'expression dû à la censure. Ce couple sera poursuivi par ses démons et un maître-chanteur dont on ne sait ce qu'il a vu, représentant les individus prêts à collaborer avec le régime en vendant leurs proches pour en retirer quelques avantages. Finalement, les deux personnages vont découvrir qui ils sont et décider d'avouer, mais, suite à une ultime trahison, la vérité restera au fond de la tombe des trois individus, le couple et le cycliste.
               Juan Antonio Bardem aura donc réalisé un film dans lequel il critique le régime franquiste à partir de la métaphore des silences des personnages. Ce film connaîtra un grand succès, même au niveau mondial, ce qui prouve son impact sur les mentalités.
Lucas Lenoir



Mort d'un cycliste de Juan Antonio Bardem, un film en lutte contre le franquisme

               Pour commencer, Mort d'un cycliste est sorti en 1955 en Espagne et en Italie puisque c'est un film italo-espagnol. C'est un film très important dans l'histoire du cinéma espagnol, car il marque un renouveau de la création artistique pendant le franquisme qui était dominé par un courant national-catholique. Ce film critique subtilement le franquisme, ne condamnant pas directement le régime mais nous laissant regarder pour qu'on en vienne à le penser nous-mêmes. Tout ceci, pour éviter la censure.
               C'est un film noir rassemblant tous les ingrédients du genre : adultère, chantage, destin malheureux, tragique. Bardem nous montre la société espagnole divisée entre les bourgeois et le petit peuple. Il décrit les bourgeois comme hypocrites, égoïstes, lâches, vivant dans un monde où leur statut et leurs biens matériels priment sur la conscience et la morale.
               Cette oeuvre n'a pas été censurée, mais Bardem n'aura pas la même chance pour ses oeuvres suivantes : il fut arrêté parce que communiste, donc opposé au franquisme.
               J'ai beaucoup aimé ce film puisque c'est une oeuvre engagée mais non militante. Elle dénonce subtilement le franquisme en nous le montrant et en nous laissant nous forger un avis à partir de ce que nous observons. Cette liberté de penser est très importante quand on s'attaque à une dictature qui justement nous prive de cette liberté. Je vous conseille donc vivement ce film, une oeuvre très importante dans l'histoire espagnole.
Benjamin Djelidi



jeudi 19 mars 2015

Critique de Bonnie and Clyde d'Arthur Penn, par Mélanie Antunes

projeté à l'Escurial 
dans le cadre de "Lycéens au cinéma"



          Bonnie and Clyde est un film sorti en 1967, il a été réalisé par Arthur Penn. Les rôles de Bonnie et de Clyde sont joués par Faye Dunaway et Warren Beatty. Il y a trois personnages secondaires très présents dans le film, Buck Barrow, Blanche et C. W Moss, joués par Gene Hackman, Estelle Parsons et Michael J. Pollard. Le film est à croisée de plusieurs genres : film policier, drame, romance et biopic.
          Ce film évoque des événements actuels car il se situe dans le contexte de la grande crise qui s'est abattue dans les années 1930 sur les Etats-Unis, et on est, de nos jours, au milieu d'une nouvelle grande crise économique. On peut donc dire que le film trouve des échos dans notre actualité. Il est intéressant également par la réalisation qui nous fait entrer dans l'histoire de Bonnie et Clyde et nous emporte.
         
          Bonnie and Clyde raconte l'histoire de Bonnie Parker, serveuse dans un restaurant, et de Clyde Barrow, un ancien détenu. Il raconte leur rencontre puis leur vie de fugitifs, passée à commettre des braquages de banques. La traque se fait plus importante après que Clyde a tué un employé de banque en s'enfuyant. Le « gang Barrow » est composé de Buck Barrow, le frère de Clyde, de Blanche, la femme de celui-ci et de C. W Moss, un garagiste qu'ils rencontrent en chemin.
          Au début du film, le générique est composé de bruits de clichés d'appareil photo et de vraies photos de Bonnie Parker et de Clyde Barrow, ce qui permet de se rendre tout de suite compte que l’histoire est vraie et nous informe sur l'histoire de ces deux personnages historiques. D'ailleurs, le physique des acteurs est très ressemblant de celui des vrais Bonnie et Clyde. Les répliques sont crédibles et les acteurs jouent magnifiquement bien.
          La musique joue un rôle assez important dans ce film, puisque, dans des scènes qui se répètent (lorsque le ''gang Barrow'' prend la fuite), la musique est toujours entraînante, presque amusante, et dans ces moments-là elle fait presque penser à de la musique country.

          J'ai réellement aimé ce film car il mêle amour, action et humour. Je suis très sensible au niveau des images : dès que l'on voit un peu de sang, j'ai du mal à regarder le film. Mais Bonnie and Clyde nous raconte une histoire si touchante, tellement bien jouée par les acteurs et mise en scène par le réalisateur que j'ai pu supporter toutes les scènes qui auraient pu me paraître choquantes. Je conseille réellement ce film à tout le monde, il est riche en mouvements de caméra et en procédés de montage et nous fait aimer, comme les Américains des années 1930, Bonnie Parker et Clyde Barrow.



vendredi 13 mars 2015

Impressions sur Timbuktu d'Abderrahmane Sissako, par Margot Bezet, Leyna Martin et François Picard





J'ai trouvé que Timbuktu était un très beau film : il y avait de beaux paysages, de très belles scènes et une histoire assez touchante. Je l'ai tout de même trouvé plutôt lent, dans l'ensemble, avec certaines scènes trop longues pour très peu d'action. En somme, je n'ai pas été vraiment conquise par ce film qui ne m'a pas marquée plus que ça. J'ai pu voir d'un oeil nouveau en quoi consiste le djihadisme, ainsi que les règles qu'il instaure dans une communauté. Sur cette question, le film m'a appris certaines choses qui m'étaient jusqu'ici inconnues.
Ma scène préférée est celle où l'on voit de jeunes garçons jouer au football sans ballon. Je l'ai trouvée très touchante et très bien réalisée. Elle nous montre la douleur et la prison dans laquelle vivent ces pauvre gens, et comment leur liberté est bridée. J'aurais aussi pu évoquer les scènes dans lesquelles les habitants se font arrêter parce qu'ils chantent, mais celle du football m'a encore plus marquée.
Margot Bezet


J'ai beaucoup apprécié ce film, tant par ses merveilleuses images que pour l'humanité qu'il dégage, grâce à des personnages touchants, et particulièrement la petite fille dans la dernière scène, où elle est définitivement perdue et déboussolée.
C'est un film poignant, car il aborde un sujet difficile, qui est celui des extrémistes islamistes. Il m'a touchée notamment par le regard qu'il porte sur l'Islam, car on voit clairement la distinction entre simple fidèle musulman et islamiste, l'un incarné par l'imam, un homme humble et sage, et l'Etat islamique dirigé par un groupe d'hommes manipulateurs et malhonnêtes, comme on le voit dans la scène du mariage forcé ou encore lors de l'enregistrement vidéo. Le réalisateur prend parti, il condamne et dénonce les pratiques de l'Etat islamique comme la peine de mort, la lapidation, et particulièrement des actions non-fondées, comme l'obligation du port des gants pour toutes les femmes ou encore l'interdiction d'utiliser un ballon de football.
Pour moi, ce film est un chef d'oeuvre et il mérite les prix qu'il a reçus. Il m'a énormément touchée par sa beauté et il témoigne d'une réalité poignante, trop souvent oubliée.
J'ai également beaucoup apprécié le jeu d'acteurs, particulièrement celui d'Ibrahim Ahmed et de la jeune Layla Walet Mohamed. Ce film transmet aussi un message de résistance, incarné par l'amour de Kidane et de sa femme jusqu'à la mort, mais aussi par les musiciens et chanteurs qui transgressent le couvre-feu.
Ma scène préférée est celle des musiciens clandestins, car ils bravent la loi, et semblent, durant leurs chants et musiques, réellement heureux. J'ai également beaucoup aimé la scène du match de football avec un ballon imaginaire, car cette scène est magnifique et pleine d'émotion. Même sans ballon, ces jeunes hommes jouent et semblent heureux. Ils partagent avec nous un moment poignant, ils n'abandonnent pas et se donnent.
J'ai vraiment apprécié ce film, et je compte le revoir.
Leyna Martin


Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un film aussi intéressant. Ce film est en effet à la fois poétique et politique.
Poétique de par la beauté des images, des plans, de la musique. Ce film admet ainsi une certaine lenteur dans les plans, ou même dans le mode de vie libre de cette famille touareg. Cette lenteur nous permet d'apprécier ces images, tout en nous laissant aller à notre propre interprétation.
Politique, de par la dénonciation de règles absurdes que tentent d'imposer des djihadistes (interdiction de jouer au football, port de gants pour les femmes, interdiction de chanter, etc.). Les dénonciations portent également sur les différents châtiments, tous horribles, qui sont pour la plupart suggérés plutôt que montrés, peut-être pour conserver cette atmosphère douce et poétique.
Ce film, de par les différentes actions des personnages, montre l'aspect sensible et touchant de l'humanité dans une situation tragique.
Ma scène préférée est celle où la sorcière du village se dresse devant un pick-up conduit par des djihadistes pour les empêcher de circuler. Cette scène peut résumer le courage et la bravoure de l'homme opprimé par cette organisation terroriste.
C'est un bel hymne à la liberté et à la beauté humaine. En plus, ce film est d'actualité et nous permet d'avoir un regard différent sur ce monde de terreur.
François Picard



dimanche 1 mars 2015

Rencontre avec Cédric Anger au lycée Rodin le mercredi 3 décembre 2014 (Alix Bourbigou et Maureen Martin)



Cédric Anger interviewé par les élèves de l'option cinéma
compte rendu de Maureen Martin.


Le mercredi 3 décembre 2014, les élèves de l'option cinéma-audiovisuel du Lycée Rodin ont accueilli le réalisateur et scénariste Cédric Anger pour lui parler principalement de son dernier film : La Prochaine fois je viserai le cœur avec Guillaume Canet (dans le rôle de Frank), Ana Girardot (dans le rôle de Sophie) et Jean-Yves Berteloot (dans le rôle de Lacombe/le chef)

La Prochaine fois je viserai le cœur retrace l'histoire d'Alain Lamare surnommé « Le tueur de l'Oise », maniaque qui prend pour cible des jeunes filles. Gendarme sérieux, il doit enquêter sur ses propres crimes jusqu'à qu'il perde tout contrôle sur la situation. 

Voici quelques-uns des points abordés lors de cette rencontre :

Pourquoi avoir choisi Guillaume Canet pour le rôle principal
Cédric Anger a choisi Guillaume Canet car il le connaissait déjà, il voulait lui donner un rôle qui n'était pas dans son registre. De plus, Guillaume Canet a un visage très expressif et c'est aussi un acteur porteur pour le financement du film. 

Comment avait-il eu l'idée de faire ce film ?
On lui a d'abord parlé de ce fait divers.  Puis il a lu Un assassin au-dessous de tout soupçon, livre d'Yvan Stefanovitch. Ensuite il est allé visiter un PSIG (peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie), il a rencontré des gendarmes et il a regardé comment ce monde fonctionnait.
Guillaume Canet a également lu le livre et rencontré des gendarmes, mais il n'y a pas eu d'immersion totale dans le monde de la gendarmerie. 

Pourquoi avoir filmé la photo de la jeune fille au début et à la fin ?
C'était pour donner un côté circulaire au film, « boucler la boucle ». Il s'agit d'une photo de David Hamilton, photographe très célèbre à l'époque. Elle était vraiment affichée dans l'appartement du tueur de l'Oise. Cédric Anger pense que la femme photographiée représentait une sorte de femme idéale pour Alain Lamare, qui ne pouvait ensuite qu'être déçu par les femmes réelles. 

Est-ce que Guillaume Canet a subi des retouches ?
Les seules retouches sont les oreilles décollées par des petits appareils disposés derrière. Cela a aidé l'acteur à accentuer la raideur de son visage.

Comment filmer la violence sans complaisance ? Comment passer une heure et demie avec le tueur en ayant de la compassion pour lui, ou du moins en évitant de le détester
Le but était de plonger le spectateur dans une certaine ambiance, d'après Cédric Anger. Il voulait montrer à travers ce film sincère une réalité dérangeante (la souffrance de tuer), et tenter de faire sentir le monde comme l'assassin le ressentait.
Quelques caractéristiques du personnage principal selon Cédric Anger : il idéalise les femmes (au fond il ne les aime pas), il n'ose pas vivre sa vie, il ressent de la haine contre la police, le rapport au désir ne vient jamais de lui. Il ne veut pas tomber dans l'anonymat, il désire être un « type de fait divers ». Il n'apprécie pas ses collègues (par exemple il piège une voiture pour en blesser un), Sophie le touche car elle a un côté décalé et elle est seule comme lui. Son petit frère l'idéalise, et lui préserve l'enfant en lui disant qu'il part à l'étranger alors qu'il sait qu'il va se faire arrêter. Il n'a avoué qu'à son chef que c'était lui le criminel, car c'était la seule personne qui en valait la peine selon lui. 

C'est un film réaliste qui nous fait froid dans le dos que nous livre là Cédric Anger. 






Compte rendu de la rencontre avec CEDRIC ANGER au lycée Rodin
le mercredi 3 décembre 2014, par Alix Bourbigou


Carrière de Cédric Anger :

Cédric Anger est journaliste à dix-huit ans : il travaille aux Cahiers du cinéma et interviewe des cinéastes. Il poursuit sa passion pour le cinéma en devenant stagiaire de mise en scène, ce qu’il juge être un bon poste pour voir et analyser le monde de la réalisation. Il est à différencier d'assistant-réalisateur où on s'habitue à un salaire et qui est moins intéressant selon lui.
Il se lie d'amitié avec Xavier Beauvois, Benoît Magimel et Nathalie Baye lors du tournage de Selon Matthieu avant de tourner son premier long métrage, Le Tueur, en 2002.
Il n'y a pour lui aucune stratégie et aucune règle à suivre : on peut être bon comme mauvais élève pour faire partie du monde du cinéma, à part si on veut être technicien, ce qui nécessite des capacités précises.
La passion et la certitude sont importantes. A partir de l'adolescence il savait qu'il allait faire des films. Ses parents l'ont laissé aller à Paris pour qu'il puisse exercer le métier de son choix. Selon lui, le monde professionnel du cinéma demande une part d'enfance et un esprit d'aventurier car ce sont des métiers qui impliquent une insécurité matérielle et où il ne faut pas trop penser, comme pour faire un grand saut. « C'est un métier où les places sont chères ». La beauté de celui-ci est qu'il est axé sur les rencontres et que lorsque l'on débute jeune on peut avoir la chance d'être pris sous l'aile de quelqu'un.

La prochaine fois je viserai le coeur

En introduction il sera intéressant de parler de la première image du film : le portrait d'une femme ouvre et clôt le film en regardant le spectateur. Le réalisateur ajoute que la nature de son regard change ; plutôt neutre à l'ouverture, il s'accentue à la fin en un regard critique sur le mal-être du personnage. Cette photographie apporte un côté circulaire au film.

Du  personnage de Franck...

L'idée de suivre le comportement d'une personne qu'on ne comprend pas était intéressante. C'est pourquoi il était important d'avoir un titre à la première personne : « La prochaine fois je viserai le cœur ». Ainsi, le spectateur suit l'histoire à travers le regard du personnage.
Il y a un écart certain entre ce que Franck idéalise et la réalité. Ne supportant que l'ordre et la propreté, il aurait également souhaité faire partie des forces spéciales, poste qui lui a été refusé, plutôt que d'occuper le poste à la Gendarmerie de l'Oise où l'ennui des patrouilles règne. C'est un homme ordinaire, un raté en tant que gendarme et tueur, qui a des problèmes avec sa sexualité (tendances homosexuelles, sans se l'avouer ?).
La solitude et la monotonie de la province dans la fin des années 1970 pèsent sur le personnage et sur le film. « La tête dans les étoiles et les pieds dans la boue. » Cette remarque de Cédric Anger est illustrée dans la scène où Franck passe un moment éducatif avec son jeune frère dans la forêt, synonyme de refuge pour lui, lorsqu’une vision de vers de terre grouillant le déstabilise. Dans la pièce secrète du tueur de l'Oise, ont été retrouvées une multitude d'affiches de tueurs en série tels que Marcel Barbeault, le « tueur de l'ombre » qui exécutait ses crimes dans la même région, et qui lui ont probablement servi d'exemple. Un livre intitulé Les dossiers noirs de la justice française de Denis Langlois, écrivain et avocat à la cour d'appel de Paris, regroupant l'ensemble des cas criminels de l'époque a été retrouvé corné, marqué et surligné ainsi que des cartes détaillées de la région avec des notations sur les dernières séries de crimes. Le personnage dégage une volonté d'exister par n'importe quel moyen, même négatif.
Paul, le grand frère d'Alain Lamare (nom du véritable "tueur de l'Oise"), évoqué dans la fiction, l'a soupçonné pour les crimes à la sortie des portraits-robots de ressemblance flagrante avec le tueur, bien que personne ne l'avait remarqué. De plus ses jours de congés correspondant aux tentatives de crimes lui firent appeler sa mère pour lui faire partager ses doutes. La sortie d'un nouveau portrait-robot, plus perfectionné mais en réalité moins ressemblant le fit changer d'avis.
Alain Lamare allait à plusieurs reprises voir des prostituées dans l'idée d'accomplir un désir, en vain, car il en ressortait déçu. Il allait toujours à la même brasserie où il commandait le même menu, une escalope et un sorbet à la fraise en dessert. Comme vêtements, il avait une veste de sortie qu'il aimait bien. Son appartement, lui, était ordonné, en lignes droites et son lit était  bordé. Des rigidités qualifiant sa maladie. Cédric Anger ne donne aucune explication au comportement de l'anti-héros car personne n'en a vraiment eu, c'est pourquoi ce dernier a été interné dans un asile psychiatrique tout en ayant conservé son statut de gendarme. Mais le réalisateur se pose une question : « Comment passer une heure trente avec un personnage qu'on ne déteste pas ? ». On connaît la réponse après avoir vu le film.

… A l'acteur principal

Le choix de l'acteur s'opposait en deux options. Un inconnu aurait été plausible pour le rôle, mais une « star » à la tête d'une affiche apporte automatiquement plus d'assurance au projet et facilite son financement. Néanmoins le contre-emploi était indispensable. Or, hormis dans son dernier film L'homme qu'on aimait trop d'André Téchiné, où il incarne un homme avide d'argent à tendances perverses, Guillaume Canet reste insoupçonnable dans le rôle du tueur torturé. Il fallait choisir le bon moment pour faire apparaître le visage de Guillaume Canet pour la première fois. Il était alors préférable de plonger le spectateur dans l'ambiance et d’assister à sa prestation plutôt que de voir l'acteur connu en premier lieu.

Son immersion  dans le rôle de Franck

Guillaume Canet a choisi son costume comprenant le blouson et la matière entre le cuir et la toile en fonction de ce que Cédric Anger lui conseillait. Afin qu'il incarne au mieux son personnage, il n'a eu accès au plateau de l'appartement de Franck que lorsque les décors ont été finalisés. La femme de Guillaume Canet, Marion Cotillard, avait du mal à identifier le changement physique qu'avait subi son mari. Les oreilles de l'acteur principal ont en effet été légèrement écartées à l'aide de prothèses afin qu'il soit davantage ressemblant au personnage. Ce stratagème ajoute une pression qui contraint le visage en serrant les gencives et permet d'obtenir une expression plus contractée et plus dure. Guillaume Canet prend parfois l'habitude de tourner avec des baskets ou des chaussons quand ce ne sont pas des plans moyens. Mais Cédric Anger l'a convaincu de porter, quel que soit le plan, des chaussures de gendarme de l'époque qui sont assez peu confortables et d'y ajouter des cailloux afin d'accentuer sa nervosité. 
La scène où Franck et ses collègues s'amusent des policiers sur les lieux plausibles du crime, il était supposé prendre un tournevis de la boîte à gant de la voiture et rayer la leur. Mais Guillaume Canet se demandait si c'était un geste qu'aurait fait son personnage et propose alors à Cédric Anger de simplement taper sur le toit de la voiture, geste moins déplacé et plus enfantin qui n'aurait engagé aucune suite ou problème aux gendarmes. C'est cette version qui restera dans le film.


Une rivalité entre la Gendarmerie et la Police

La Gendarmerie recouvre une haute morale mais de moins bonnes affaires à traiter que la Police. Aussi, ses codes vestimentaires et corporels peuvent être oppressants : l'uniforme et l'allure du gendarme le contraignent à se tenir aussi droit qu'un « piquet ». Se crée alors une rivalité entre les deux forces de l'ordre.

Haine contre les collègues

Franck était le plus déterminé et le plus sur le coup car il voulait que la Gendarmerie soit supérieure et ait plus de mérite que la Police. Tout comme le personnage historique, il piège plusieurs voitures de ses collègues. En effet, ne supportant pas leur inefficacité et leur inaptitude à mettre de la volonté dans une enquête, il ressentait une certaine haine envers eux qu'il ne pouvait contrôler. Il a d'ailleurs confié, après son procès, qu'ils auraient été sur la liste de ses prochaines victimes ainsi que leurs femmes, s'il avait été arrêté plus tard.

La relation avec la jeune femme

Franck est touché par sa jeune femme de ménage, c'est pourquoi il partage une relation avec elle. Elle est décalée et, comme lui, n'est pas vraiment intégrée dans la société. Mais pour son plus grand désagrément, il découvre qu'elle n'est pas si parfaite car au matin, après avoir passé la nuit avec elle, il trouve  avec dégoût dans sa salle de bain un peigne comportant quelques cheveux d'elle qu'il s'efforce d'enlever sans les toucher, en cognant le peigne contre le lavabo, en vain. Quelques jours plus tard il apprend qu'elle est mariée et est décidément déçu de réaliser que son seul espoir de pureté et de sainteté sur Terre était perdu. Il est tenté de s’en prendre à elle mais ne fait jamais quoi que ce soit.


Insouciance de l'époque

Les jeunes filles deviennent pour la plupart des cibles par le biais de l’auto-stop, transport très fréquent à l'époque et dans cette région pour sa praticité. Même après les derniers accidents, même si certaines jeunes filles se restreignent, la plupart continuent. C'est une preuve que la mentalité change selon les régions et les époques : la paranoïa est très peu présente dans l'Oise dans les années 1970, c'est pourquoi Franck parvient aisément à voler des voitures car un habitant va laisser la sienne accessible avec les clés de contact pendant qu'il va faire une course par exemple.

L'arrestation

Les empreintes digitales retrouvées sur la plaque de voiture volée représentent un moment d'oubli et d'égarement du personnage. Ce fait s'ajoute aux lettres de menace dont l'écriture est fortement ressemblante à celle des lettres de PV qui trahissent sa culpabilité.
Sa haine contre la police ressort à nouveau lors de son arrestation. En effet il décide de se confesser uniquement à son chef à qui il accorde un grand respect, notamment pour avoir fait la guerre d'Algérie, lorsque ce dernier refuse l'intervention de la Police pour effectuer les fouilles dans son appartement. Ce n'était pas une faveur à son chef, bien qu'il le respecte beaucoup car il tente de le tuer afin de finir par un coup d'éclat quelques instants plus tôt.
Son but était que la gendarmerie trouve le tueur avant la police. Il voulait que ce soit la gendarmerie qui perce le mystère et qui close l'affaire. Il a dit après son arrestation : « J'ai fait ça pour redorer le blason de la gendarmerie ». Ce jour-là, des centaines d'habitants se trouvaient en bas de l'immeuble et attendaient la sortie du tueur pour lui lancer des crachats avant qu'il monte dans la voiture des gendarmes. Ces derniers renversèrent le jour même un garçon à vélo par manque d'organisation. Le sujet est traité le soir de l'arrestation au journal de vingt heures et à celui de treize heures le lendemain avant de ne plus jamais être évoqué. On cherchait à étouffer le cas d'un gendarme-tueur.

Réalisation et anecdotes/ ajouts

« Les films de Fritz Lang ou encore de Hitchcock définissent le principe du « vide qu'on remplit ». Un personnage méchant, bancal dans la société ayant un complexe d'infériorité et de supériorité est souvent présent dans ces œuvres où le public lui même crée le danger, il espère que le personnage se fasse punir avec une once de culpabilité car il s'y est attaché tout au long du film. Un fait divers peut avoir une multitude de versions pour une multitude de films. Mme Bovary de Flaubert ou Bel-Ami de Maupassant peuvent être interprétés différemment selon le réalisateur ou les acteurs, ainsi plusieurs films peuvent être réalisés sur un même sujet sans pour autant se ressembler. » 
Pour la temporalité historique, dix mois s'écoulent entre sa première agression et son arrestation. Le réalisateur ajoute que, hormis le lycée, les lieux de tournage pouvaient être qualifiés de no man's land : « après que le facteur passe il n'y a plus rien », au point que le stagiaire de mise en scène qui se charge de contrôler les passages pour les scènes extérieures, placé à un coin de rue pour chaque scène n'avait rien à faire, il n'y avait aucun passage.
En secrets de tournage, Cédric Anger nous parle de la scène réelle où Lamare reste deux heures sous l'eau du lac glacial. Guillaume Canet plonge aussi dans ce lac pour le film mais pour quelques secondes. Il fallait en effet prendre une scène où il rentre entièrement dans le lac et une autre où il ressort. Il suffisait de les agencer au montage. L'acteur est muni d'une combinaison pour le corps mais sa tête devant être apparente n'est pas protégée et cette scène, bien que douloureuse, a donné lieu à deux prises. A sa sortie du lac, Guillaume Canet ne joue plus ; il s'évanouit après le choc physique pendant quelques instants. 
Le fil barbelé à l'aide duquel Franck se mutile, contient des pics en plastique qui, au contact de la peau évacuent du faux sang. C'est par ce truquage que cette scène est très réaliste et embarrassante.
Un armurier était présent durant les scènes où l'acteur se sert d'un fusil. Cédric Anger ajoute que contrairement au film qu'il a co-écrit, Le Petit lieutenant (réalisé par Xavier Beauvois) où il y a une réelle immersion dans le quotidien de la Police, La prochaine fois je viserai le cœur est plus fantastique.

A la recherche d'un producteur

La recherche d'un producteur a pris deux ans et demi. 
TF1 avait fait une bonne fiche de lecture et avait apprécié le scénario mais ne pensait pas avoir de programme adapté pour diffuser ce genre de film. France 2 a considéré que le projet était une apologie du crime qui glorifiait le tueur et aucune des deux chaînes n’a voulu coopérer.
Après avoir enfin trouvé des financements, l'équipe laisse passer quelques mois pour tourner en hiver : « Ce n'est pas le même film s'il y a des coquelicots ». L'écriture se fait en quatre mois et le tournage en trente-six jours. Le tournage est assez dur, avec environ trois heures ou quatre de sommeil, le réalisateur est le premier et le dernier couché mais dans l'ensemble règne une grande motivation dont il est fier, en particulier de la part de l'acteur principal qui prenait plaisir à jouer un rôle comme celui-ci.

Bandes originales

Les musiques synchronisées diégétiques comme dans un bar ou sortant du tourne-disque sont des musiques que le réalisateur apprécie et qui sont faites en disharmonies entre le sens des paroles et l'air. Elles peuvent faire ressortir les pensées du personnage et la tristesse. Les musiques présentes tout au long du film sont composées par Grégoire Hetzel.




Critique d'Interstellar de Christopher Nolan par Mathias Roos

Laissez vous happer par Interstellar

Doté d'un talent incomparable, Christopher Nolan, après la trilogie The Dark Knight et Inception, s'impose clairement comme l'un des réalisateurs les plus prometteurs du début du XXIeme siècle.

Avant même sa sortie, Interstellar attirait déjà tous les regards avec la présence d'une galaxie de stars hollywoodiennes dont, dans le rôle du personnage principal, Matthew Mc Conaughey (Oscar du meilleur acteur 2014 pour son rôle dans Dallas Buyers Club devant Leonardo le maudit) et ses bandes-annonces plus que frustrantes qui promettent beaucoup aux spectateurs sans rien leur dévoiler. On entendait aussi des rumeurs selon lesquelles le film avait permis des avancées dans l'étude des trous noirs, et ça, même sur les chaînes d'infos. Ce devait être la raison pour laquelle les séances étaient si nombreuses : au Mk2 Bibliothèque, un samedi soir : on en comptait une à 20h, une autre à 21h et une dernière à 21h20.

C'est donc plein d'espoirs, plongé dans un état second par l'excitation (de voir un nouveau film de celui qui est mon réalisateur préféré, je l'avoue) que j'entre dans une salle bondée : surprise, pas de scientifiques carnets de note à la main, mais seulement des spectateurs lambda dans leur quête éternel des saintes places pas trop d'vant pas trop derrière.

C'est donc après une nuit difficile de par le manque de sommeil que j'écris ces mots : mesdames et messieurs, ne pas aller voir Interstellar serait une des plus grosses erreurs de votre vie, oui ! Plus imposante encore que votre taux de cholestérol ou que le vide de votre porte monnaie qui est loin d'être une raison suffisante pour vous interdire d'aller voir ce film.

C'est l'occasion d'assister à une expédition désespérée d'explorateurs (un peu trop beaux gosses, expressifs et émotifs pour des scientifiques, il est vrai) qui sont à la recherche d'une nouvelle planète car nos réserves de wee … de verdures ! s'épuisent car d'incessantes tempêtes de poussière viennent rendre la terre stérile et donner de l'asthme aux gentils américains, c'est donc le good old farmer Mc Conaughey qui va faire bouger son petit cul maigrelet hors de sa ferme par la Nasa pour se propulser dans l'hyper-espace à travers une faille dans l'espace-temps (rien que ça) pour trouver une planète toute verte ... moins pourrie que la nôtre !

Parlons-en de ce fameux acteur principal, dont je n'écrirai pas une nouvelle fois le nom (imprononçable, plus états-unisé que ça tu meures, digne d'un personnage de la propagande américaine pendant la guerre froide), j'espère que vous l'avez retenu sinon back to the beginning… Bref, son jeu d'acteur est infaillible, on le savait déjà à l'aise dans les rôles de personnages charismatiques et archétypés : on l'a connu trader (ripou s'il faut préciser) fou à lier et cocaïneux, campagnard américain homophobe et drogué, et aujourd'hui il se transforme en grand sauveur anonyme de l'humanité et ça lui va bien, le mec est convaincant. On a envie de le suivre deux heures de plus jusqu'au fin fond de la galaxie. Quand il pleure, on pleure, quand il agonise, on souffre aussi.
Buzz le fermier quittera donc sa ferme pour aller s'enfoncer dans les fins fonds de la galaxie et non dans le lit d'Anne Hataway (The Dark Knight Rises, Les Misérables), qui fera partie du voyage, elle est plutôt pas mal ... dans son rôle.

Au niveau des effets spéciaux, on en prend plein la vue, mais juste comme il faut, ni trop, ni pas assez, le voyage de ces explorateurs du futur ne se faisant pas sans encombre. Par contre, si vous voulez voir des explosions toutes les minutes nuancées de pubs subliminales ou pas pour Victoria Secret ou autres âneries à la Michael Bay, vous n'êtes pas à la bonne porte et n'êtes pas les bienvenus (nulle part d'ailleurs).

Comme d'habitude, Nolan nous bombarde de rebondissements pendant 2h 49min, mais le réalisateur anglais nous montre des signes de décélération voire de baisse en matière de qualité scénaristique. En effet, le scénario ne semble pas aussi peaufiné que ses précédents ; les propos et actions de certains personnages sont moins réfléchis qu'avant et virent presque au banal blockbuster qu'on regarde seul en slip, en triplant son taux de cholestérol, sa bière et son paquet de chips à la main «parce que ya que ça à la télé ». Ce n'est pourtant pas dans l'habitude du réalisateur anglais. Il y a aussi le jargon scientifique dont l'ensemble du film est trop affublé et qui nous embrouille et nous fait grave douter de si on a compris ce qui se passe (surtout quand il est 23h30 dans mon cas).
L'orgue, omniprésent à la bande son, marche du tonnerre, il accentue le côté dramatique et l'intensité du film et nous fait largement oublier les basses et les bruits sourds de phares.
Mais surtout, l'esthétique du film est à tomber par terre : Interstellar nous fait oublier vos rêves de Caraïbes et autres et nous demande de nous unir pour explorer l'infinité de l'espace.

C'est aussi une œuvre engagée car des questions qui devraient vraiment être au centre des débats actuels y sont soulevées. Ce film montre aussi évidemment tous les problèmes liés aux voyages dans l'espace pour la recherche de la sacro-sainte planète habitable : entre les fonds à débourser en pleine crise, le recrutement d'une équipe dite compétente (parce que franchement il y a que le robot qui assure parmi tout l'équipage hein !) et surtout le temps que prennent celles-ci (allez débarquer sur une planète où 1h = 7 ans puis repartir pour d'autres planètes dans le même délire alors que vos gosses crèvent la dalle à des années lumières), c'est tout sauf gagné.

Interstellar est donc un vrai trou noir, car Nolan a su se démarquer de la majorité de ses concurrents potentiels que sont les autres blockbusters modernes, mais, surprise, le scénario comporte quelques hic qui sont à corriger pour ne pas tourner à la dérive dans l'océan sans fin du flop la prochaine fois.

Écrit par Mathias Roos le 16/11/2014

Critique de Kingsman de Matthew Vaughn par Laura Brown



Synopsis :

       Lors d’une mission au Moyen Orient, le prestigieux espion britannique, Harry Hart, ne peut empêcher la mort de l'un de ses agents.
À son retour en Angleterre, il donne alors la médaille de bravoure au jeune fils de l'agent défunt nommé Eggsy.
Dix-sept ans plus tard, le professeur James Arnold est kidnappé par les agents de Richmond Valentine, un riche homme d'affaires au caractère étrange.
Au cours de cet affrontement, l'agent Lancelot est tué. Cet agent, tout comme Harry Hart, fait partie d'une agence d'espionnage nommée KINGSMAN, dont la  base secrète est située dans la boutique d'un grand tailleur, à Londres.
       Afin de remplacer le défunt Lancelot, l’agence doit trouver un jeune nouvel espion. C'est alors que l’agent Harry Hart se tourne vers Eggsy, qui se trouve en mauvaise posture, et le prend sous son aile.
Afin de succéder à Lancelot, Eggsy devra suivre un entraînement très intensif, dirigé par Merlin, un agent de Kingsman.


       D'habitude, je n’aime pas tellement les films d’espionnage, mais celui-ci m’a agréablement surprise.
Les effets spéciaux sont excellents, tout comme le jeu des acteurs. De plus, le réalisateur nous montre les deux visages d’une Angleterre : Eggsy, représentant la classe ouvrière, plutôt pauvre, et Harry Hart issu d’un milieu plus aisé. Matthew Vaughn dénonce également la forte emprise des technologies sur le monde, celles-ci pouvant devenir néfastes.