Dans le cadre de
l’option facultative Cinéma-Audiovisuel (du lycée Rodin), nous avons eu la
chance d’aller voir Vers l'autre rive
de Kiyoshi Kurosawa (2015). Ce film fait partie de la sélection "Un certain regard" du festival de Cannes 2015. Le cinéma
"Reflet Médicis" retransmet tous les films de cette sélection, et
c'est d'ailleurs le seul cinéma parisien à le faire. La séance a débuté par la
présentation du réalisateur en personne. Il définit son propre film comme un
film fantastique qui s'émancipe totalement du genre pour traiter d'un thème qui est celui
du couple.
Mizuki, jeune femme
Japonaise, retrouve son compagnon Yusuke chez elle, après que ce dernier soit
mort en se noyant dans la mer. Yusuke lui propose alors de parcourir le Japon
retrouver ses anciennes vies d’avant sa mort.
Kiyoshi Kurosawa
s’est fait remarquer auparavant par la réalisation d’une série en cinq épisodes
(qui s’est remodelée en deux longs métrages pour les diffusions en salle) qui
se nomme Shokuzai.
Le film peut paraître
"bizarre" (même si je déteste employer ce mot) car certaines scènes
manquent de cohérence (il ne faut pas chercher à comprendre), mais surtout
parce que son propos atteint directement les spectateurs au plus profond de
leur esprit et de leur conscience. On peut même être profondément gêné, car ce
film a la force de percer notre intimité spirituelle. C'est d'ailleurs cela qui
lui donne toute sa puissance et sa grandeur.
Au-delà du
traitement du thème du couple, ce film tente de nous transmettre toute une
philosophie sur les relations humaines et le rapport de l'être humain à la vie.
Il transmet un idéal du rapport que l'on doit avoir avec l'Autre. La sélection
dans laquelle se trouve ce film porte donc bien son nom.
Cette
"chose" que le film veut nous transmettre, trop géante, trop vaste,
ne peut être captée dans sa totalité par le spectateur. Ce qui fait toute la
singularité de ce film, c'est son abstraction absolue.
K. Kurosawa nous a
présenté ici une œuvre d'une pureté spirituelle telle qu'on ne ressort pas
indemne de la séance.
Camille Zunino
Vers l’autre rive, de Kiyoshi Kurosawa, est un film que j’ai plutôt apprécié. Nous retrouvons le style fantastique de Kurosawa, et son hommage au Japon, ou du moins aux paysages japonais toujours plus beaux les uns que les autres.Cependant, même si l’on retrouve des fantômes dans ce scénario, et qu’ils sont toujours simples, sans grand artifice comme aime le faire Kiyoshi Kurosawa, l’histoire de Vers l’autre rive est beaucoup plus centrée sur le couple que ses réalisations précédentes. Il touche les thèmes de la recherche de l’apaisement de l’esprit, des buts que l’on se donne et pour lesquels on vit, de la conscience de sa propre situation, de l’amour et de l’entraide.En conclusion, je dirais que ce film est un bon film, j’ai passé un bon moment, mais pour ma part, je ne dirais pas que c’est le meilleur film réalisé par Kiyoshi Kurosawa.
Emilia-Louise Goléa
Je suis plutôt partagée au sujet de ce film. Je l'ai trouvé plutôt long et j'ai eu du mal à bien cerner l'histoire. J'ai vu peu de films japonais, et Vers l'autre rive montre les habitudes, et le grand respect des Japonais les uns envers les autres.
Il y a beaucoup de pudeur. Pour nous, habitués à des scènes très explicites avec le cinéma occidental, cela peut être assez troublant, car les relations semblent très froides, même au sein du couple de Yuzuke et Mizuki.
Ce film est plein de poésie et c'est surtout pour cela que je l'ai plutôt aimé.
Elise Rolland
Mizuki (Eri Fukatsu) et Yusuke (Tadanobu Asano)
Le grand Kurosawa nous présente une nouvelle fois les fantômes qui le fascinent tant sous un angle plus délicat, plus poétique. Le rendu est très simple mais pourtant insaisissable.
Vers l’autre rive est un film surprenant et déstabilisant. Déstabilisant, car il m’est impossible de déterminer clairement l’histoire de ce film au sens réaliste. Nous avons besoin de nous plonger dans l’imaginaire, de croire en cette hypothèse de fantômes revenants pour profiter de cette magie qui opère. Ce film est fait pour nous faire oublier où nous sommes, nous transporter vers une supposition de réalité parallèle qui semblerait absurde au premier regard, mais qui finalement, nous laisse sans voix par l’émotion qui s’en dégage. Qui n’a jamais rêvé de revoir son mari tragiquement disparu sans laisser de trace, seulement un vide dans un cœur ? Qui n’a jamais souhaité retrouver un être cher, afin de résoudre les dernières pièces du puzzle ? De lui parler une dernière fois, révéler les derniers secrets, confier ses plus profonds sentiments souvent cachés ? En effet, au cours de ce voyage, c’est une véritable confession d’amour que nous offrent les deux personnages principaux. Kurosawa tente alors de nous ouvrir les portes, soumettre son interprétation de l’au-delà, là d’où personne ne revient. Mais il y a du non-sens dans sa théorie, car un fantôme n’est pas censé vivre dans le monde des vivants, encore moins interagir avec eux comme le fait Yusuke, le vieil homme distributeur de prospectus ou encore le mari de la femme du village. Mais encore une fois, la magie du film japonais nous transporte vers une autre ère, en sortant de la salle, nous ne savons pas quoi penser. Car on souhaite y croire même si cela semble absurde, c’est un film étrange qui a la particularité de nous emmener loin de la réalité et même, de nous faire oublier les limites de celle-ci.
Personnellement, je n’affectionne pas les films trop longs qui s’éternisent, j’avais donc quelque doutes sur l’efficacité de celui-ci. Cependant, j’adore l’univers japonais, et il ne m’a une nouvelle fois pas déçue, les deux heures et quelques m’ont paru passer d’un claquement de doigts tellement cette intrigue et ce magnifique voyage m’ont happée au cœur de cet univers si particuliers propre au cinéma japonais. Il m’a d’ailleurs rappelé Château ambulant de Hayao Miyazaki qui lui aussi nous présente un personnage simple à l’origine, qui voit son destin bousculé par un fait fantastique. S’en suit alors d’une aventure tout aussi surprenante. Les plans étaient pourtant longs, avec peu de dialogues et un développement de l’histoire aussi lent, mais cela permet d’accepter cette nouvelle théorie et laisse le spectateur tout aussi captivé.
Je pense que ce qui fait la magie de ce film est le fait qu’on y croit tout du long. La femme n’a d’ailleurs aucun doute, elle ne se pose aucune question comme si cela paraissait évident. Peut-être se rattache-t-elle à ses sentiments et à ses rêves les plus profonds ? Quoi qu’il en soit, le spectateur est aspiré par cette ambiance fantaisiste. Au début du film, le couple parle peu, semblent même distant, même si je tiens à rappeler que les Japonais sont très pudiques et très peu démonstratifs. Puis, progressivement, ils se rapprochent, autant par les dialogues que physiquement avec des contacts et surtout des sourires. Cette romance est magnifique, à travers les mensonges, les non-dits, les confessions, le partage, c’est un cœur qui évolue et grandit sous les yeux des spectateurs. J’avais très peur de la conclusion de ce voyage. Je me suis posé de nombreuses questions notamment quand Mizuki se réveille seule et angoisse en imaginant le pire, une nouvelle perte. Tout s’accélère dans l'environnement calme du Japon. En fait, la fin est tout aussi poétique que le film en lui-même, retrouvant le dialogue très connu mais toujours aussi émouvant du : « On se retrouvera au Paradis, je te le promets. ». C’est ainsi que se finit ce film bouleversant. Dans une atmosphère légère, tranquille et poétique malgré l’intensité du voyage et des révélations dont a pu être témoin le spectateur.
Deux heures intenses de drame, tristesse, rebondissement, non-sens, tendresse mais surtout de magie. Laissez-vous happer par cette atmosphère étrange, vous embarquerez alors dans un voyage sans fin, plus surprenant qu’il n’en a l’air.
Sixtine Teillol
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