dimanche 19 mai 2019

Rencontre avec Cédric Klapisch, ancien élève du lycée Rodin

Le mardi 16 avril, Cédric Klapisch est venu rencontrer les élèves au lycée Rodin, où il a été lui-même élève de la 6ème à la Terminale, dans le cadre du dispositif "Un artiste à l'école".


Il a été interrogé sur son parcours, certains des films qu'il a réalisés (notamment Le Péril jeune et L'Auberge espagnole), ses goûts cinématographiques, ses projets...
Pour avoir un aperçu de cette rencontre, vous pouvez suivre le lien vers le site du CNC (Centre National du Cinéma et de l'image animée) :




Projection des films des Terminales de l'option cinéma

Le mercredi 15 mai, les films des Terminales de l'option cinéma ont été projetés devant un jury d'anciens élèves.

Au programme :

: Emile Fagard, Giovanni Gueugnaut, Romain Mancel et Elie Vilmin
Clos : Marie Bignon, Volodia Breitman-Ferri et Estelle Fourquet
Déni : Kate Combo, Valentin Peyrolle et Camille Rabant
- La rue est à nous : Apolline Faber
D'une scène à l'autre : Mélina Chain
- L'enfance tombée dans l'escalier : Angèle Bertrand
- Jeune garçon venu d'ailleurs : Elena Brunet-Rapeaud et Hannah Chagnoux-Tercier
La greffe : Arsène Bourgeron
L'âge d'or : Oscar Berlioz, Léa Fleury, François Grisouard, Max Martinage et Fabio Rizzo
L'effet papillon : Neha Ramdhany et Lucas Sevault
Stairway to hell : Léonard Dardaud, Juliette Douhaire, Arsène Bourgeron et Apolline Faber

Le film retenu par le jury pour représenter l'option cinéma du lycée Rodin au prochain festival CinéLycée est Clos, de Marie Bignon, Volodia Breitman-Ferri et Estelle Fourquet, un film qui mêle prises de vues réelles et images d'animation.




Le prochain festival CinéLycée aura lieu le samedi 16 novembre au Centre Pompidou.



Journée Marcel Carné au cinéma L'Escurial

Le lundi 15 avril, les élèves de 1ère ES1, de 1ère L1, les élèves de l'option cinéma (2nde et 1ère), ainsi que les élèves d'histoire des arts de 1ère L, ont assisté à une journée de projections consacrée à Marcel Carné (1906-1996), à travers deux films : Le Jour se lève (1939) et Les Portes de la nuit (1946).



   



Les films ont été présentés par Claudine Le Pallec Marand. Docteure en cinéma, Claudine Le Pallec Marand enseigne l’esthétique et l’histoire du cinéma à l’université et anime de nombreux Ciné-Clubs en région parisienne.


Ce projet a été organisé avec l'aide des Cinémas Indépendants Parisiens, et soutenu par la Région Ile-de-France.




Projection de "Taxi Téhéran" au cinéma L'Escurial

Le mercredi 3 avril, les élèves du lycée Rodin ont assisté à la dernière projection dans le cadre du dispositif "Lycéens et apprentis au cinéma" : Taxi Téhéran de Jafar Panahi (2015).



mercredi 1 mai 2019

Critique du film "Les Invisibles" par Nadine Joseph


« Les Invisibles » : hommage aux femmes SDF et travailleuses sociales 

L’ Envol, un centre d’accueil de jour pour femmes sans abri, va bientôt fermer, faute de réussite, d’accompagnement et de moyens. Il ne reste plus que trois mois aux travailleuses sociales pour trouver des solutions afin de réinsérer les femmes dont elles s’occupent.  

Par le titre inscrit sur l’affiche, je m’attendais à voir des personnages qui agissent dans l’ombre au quotidien dans la vie d’une personne quelconque, c’est un scénario qui me semblait envisageable, voire évident. Je ne fus pas déçue car c’est ce qu’il en est. Ce film dramatique avec sa touche de comédie nous montre la situation précaire des femmes de l’Envol et la façon dont elles essayent de reprendre le contrôle de leur vie en cherchant leurs compétences, ce pourquoi elles sont douées, afin de le mettre au serive des autres et de gagner de quoi vivre. Le centre qui les accueille permet à ces femmes de fuir les violences de la rue quelles qu’elles soient et de renouer des liens avec la société ; car la socialisation est un processus de toute la vie. Un élément symbolique qui est apparu à deux reprises m'a marqué l'esprit : le car. Il a fait ses deux apparitions dans un plan fixe dans lequel nous voyons l’intérieur du car (principalement les places du milieu et les places du fond) pendant environ huit secondes. Le car a servi dans un premier temps à embarquer les sans abris qui s’abritaient sur un terrain vague, puis dans un second temps à ramener les femmes de l’Envol qui le souhaitaient dans un centre d’hébergement de nuit après la fermeture du centre et la découverte de l’hébergement illégal de Manu (Corinne Masiero) par la direction des services sociaux. Le car apparait comme une allégorie de l’échec ou on peut l’interpréter comme la fin d’un cycle.
     
Une histoire ancrée dans le présent 
Le réalisateur Louis-Julien Petit a, dans ce film plein d’espoir et d’humour, mis en lumière les personnes que nous n’entendons pas et que nous avons pris l’habitude de ne pas entendre. La quinzaine de femmes jouant les SDF de l’Envol ont réellement connu la rue et les histoires qu’elles racontent à travers leur personnage, ce qui ajoute au film une grande authenticité.
Ce film peut nous amener à nous questionner sur notre façon d’agir envers les SDF au quotidien. Nous agissons d'une manière que nous pensons être anodine mais qui en dit souvent plus que les mots et qui atteint l’estime de ces personnes-là.
Sortie le 9 Janvier dernier, ce long métrage a beaucoup fait réagir par rapport au mouvement des gilets jaunes qui avait lieu simultanément. Ce fut un hasard. Le film ne se dit pas « engagé » envers ce mouvement, mais met en avant des problèmes auquel l’Etat doit faire face actuellement et partage des idéaux avec les manifestants. 
Une impression mitigée 
Bien que le film soit beau et touchant, j’ai pour ma part trouvé les dialogues quelque peu vides, sans pour autant savoir ce qui a manqué à ce film. Peut-être un manque de dynamisme et un rapport aux autres un peu trop superficiel, (en reconnaissant bien le fait que ce n’est pas un documentaire).  

dimanche 14 avril 2019

Critique de "Spider-Man : New Generation", par Aline Kim


Spider-Man: New Generation, un film-BD amusant

Réalisé par Peter Ramsey, Bob Persichetti, et Rodney Rothman, ce nouveau film d’animation américain se base sur un personnage de Marvel Comics, Miles Morales. Le jeune adolescent, aux origines latinos et africaines, se fait mordre par une araignée radioactive, puis assiste par hasard au meurtre de Spider-Man. Par la suite il rencontre cinq Spider-héros venant d’univers parallèles. Ces derniers, ne pouvant pas rester dans une dimension qui n’est pas la leur, cherchent à retrouver leur véritable monde en compagnie de Miles, le nouveau Spider-Man de sa dimension.
Ce film, dont le titre original est Spider-Man: Into the Spider-Verse, a été réalisé en animation 3D. Il diffère des derniers films sur Spider-Man en raison de son contenu, c’est-à-dire de l’histoire qui met en scène divers Spider-héros, mais aussi de sa forme. Les personnages possèdent tous un caractère spécifique avec un physique et un costume qui leur correspond. Par exemple, Spider-Ham qui est un cochon est dessiné de manière comique et possède une voix enfantine ; Spider-Man Noir qui vient des années 1930 est habillé entièrement en noir et blanc, ne distingue pas les couleurs, et parle de manière très civilisée et ancienne ; enfin nous avons Peni Parker qui est une Spider-Woman dessinée en version manga avec son robot qu’elle contrôle à merveille. Ces différents styles de dessins sont regroupés ici, en un seul film, ce qui est très original et intéressant à regarder pour le spectateur.
La musique est tout aussi bien. Elle est parfois intradiégétique, quand le personnage écoute du hip-hop avec son casque, mais parfois extradiégétique aussi, pour nous plonger dans le récit, comme au moment où Miles voulait faire son premier saut dans le vide, décidé à « sauver le monde » et devenir le nouveau Spider-Man, la musique était alors épique et faisait augmenter la pression, jusqu’à ce qu’elle s’arrête brusquement, en nous laissant voir Miles redescendre les escaliers la tête basse.
Nous pouvons aussi remarquer les bulles, les dialogues intérieurs qui sont « affichés » sur l’écran comme dans une bande dessinée. Quelques mouvements ou choc sont exprimés par de petits traits, et nous avons aussi l’apparition d’onomatopées et d’interjections en lettres sur l’écran. Par exemple, lorsque Miles essaye une deuxième fois de faire un saut dans le vide, marchant sur son lacet défait, il tombe maladroitement, et nous le voyons tomber avec ses cris qui le suivent « AAAAAAAA ». Vers la fin du film, il maîtrise mieux ses supers-pouvoirs, et réussit à faire son saut dans le vide sans atterrir par terre en se faisant une fracture. Alors on le voit jouer dans l’espace, cette fois, en s’élevant vers le haut, et criant un « WOOOOOO » qui le suit. Ces deux séquences sont très ressemblantes, ce qui permet aux spectateurs de mieux les comparer et de remarquer l’évolution du personnage.
En somme, ce film possède une forme particulière et une histoire spéciale qui ne veut pas déplaire.

                                                                                                                                   Aline KIM

dimanche 7 avril 2019

Critique de "La Ballade de Buster Scruggs" des frères Coen, par Tao Thomas et Eliot Coutant

La Ballade de Buster Scruggs 
ou Les Nouveaux Sauvages version western.




La Ballade de Buster Scruggs est LE nouveau film tant attendu produit par la plate-forme de streaming Netflix et réalisé par Ethan et Joel Coen plus connus sous le nom des Frères Coen. Tout comme Les Nouveaux Sauvages de Damián Szifron, le long-métrage reprend le concept du précurseur de ce format, Les nouveaux monstres réalisé par Dino Risi : plusieurs sketches dans un même film, c’est alors un « film à sketches ». La particularité de celui-ci est qu’il est composé de six sketches, ne se passant pas à notre époque, mais à l’époque western, le plaçant donc dans la catégorie western-comédie, ce qui est peu commun. Le long métrage est composé de six sketches à humour décalé ; le premier portant le même nom que le film, puis Près d’Algodonne, Ticket Repas, Gorge Dorée, La Fille qui fut sonnée et Les Restes mortels. On peut par ailleurs penser que le film porte ce nom-ci pour une raison : les cinq histoires suivant la première seraient observées par Buster Scruggs, le premier personnage, mort à la fin de son histoire. 
Les frères Coen sont respectivement nés en 1954 et 1957 dans le Minnesota,  aux Etats-Unis. En général, ils fonctionnent en duo, Joel à la réalisation, et Ethan à la production.Leur succès commence grâce au film Barton Fink interprété par John Turturro, obtenant la palme d’or au festival de Cannes de 1991. Joel et Ethan Coen touchent à des sujets variés. En effet leurs productions traitent d’espionnage, de comédie, et d’autres genres encore. De plus, certaines de leur comédies sont même parfois un peu engagées. 
La Ballade de Buster Scruggs est un long métrage truffé de plans, scènes et gestes absurdes. En effet, au tout début, Buster Scruggs est sur son cheval, il chante et joue de la guitare, l’écho des falaises semble chanter en rythme avec lui, suivi d’un plan dans la guitare avec seulement une vue extérieure par le trou de celle-ci. Buster Scrugg est l’archétype de l’homme du far ouest parfait, toujours heureux, très fort avec son arme à feu, et même lors de sa mort, il chante. Toujours très propre sur lui, les dents très blanches, toutes ses actions sont hilarantes. Le reste des histoires est un peu plus réaliste, et chacune d’entre elles possède son ton de couleurs : les histoires les plus tristes comme Ticket repas ont des couleurs froides, tandis que Gorge dorée, elle, est pleine de couleurs chaudes. Le long métrage  joue aussi souvent sur la compréhension du spectateur, pour faire comprendre la disparition du personnage sans bras ni jambes dans Ticket repas par exemple. La dernière histoire, donnant un sentiment d’oppression, se passe uniquement la nuit, sans aucune possibilité de voir l’extérieur de la calèche : c’est un peu le chemin vers la mort de tous les personnages de cette sixième et dernière histoire. Tous les sketches sont réussis, avec une très grande profondeur de champ et une prise de vue elle aussi très grande, avec une netteté de l’image très importante.
Le film est très réussi, les histoires sont amenées de façon non brusque, et les couleurs ainsi que les paysages sont vraiment magnifiques. C’est tout à fait le film, même si cela pourrait en choquer certains, qui ferait rire à peut près tous le monde. La première histoire est notamment une parodie des western typiques. Mais ce n’est pas que cela, puisque les répliques des personnages sont très recherchées et très bien menées.
Bref, un film à voir.
Tao Thomas



La Ballade des Sentiments


            Un livre et six histoires. C’est ce qui suffit aux éternels frères Joel et Ethan Coen pour faire un bon film. La Ballade de Buster Scruggs, sorti en 2018 tout droit de la maison anti-cinéma Netflix, est un film à sketches racontant les six histoires de vie et de violence dans l’Ouest Américain du livre The Ballad of Buster Scruggs and Other Tales of the American Frontier. Un hors-la-loi chanteur, un braqueur de banques, un impresario voyageur, un vieux chercheur d’or, un train de caravanes et un duo de chasseurs de prime hors du commun. C’est ce qui compose ce film et ce que j’aime appeler cette « Ballade de sentiments ».

            Avant toutes choses, nous pouvons quand même nous pencher sur les réalisateurs. En effet Joel et Ethan Coen sont toujours au rendez-vous et réussissent une fois plus à nous livrer un film avec un réel sens du détail. Que ce soit par les paysages magnifiques de l’Ouest, le travail des couleurs vibrantes, l’humour typique du duo, ou simplement les intrigues elles-mêmes, les deux frères réussissent à créer des histoires fantastiques et à nous faire ressentir une multitude de sentiments plus forts les uns des autres : qu’ils soit beaux, drôles, amères, ou triste, je ne peux qu’applaudir ce film pour réussir à me faire ressentir autant en si peu de temps.

            Je pense aussi qu’un détail important à ne pas manquer est le sous-texte du film. Au-delà du simple récit des histoires sanglantes de l’Ouest, il révèle quelque chose au plus profond des hommes. L’un des sketches illustrant bien cette idée est celui du chercheur d’or. Un vieil homme arrive dans une vallée absolument magnifique et fait fuir les animaux pour installer un campement à la recherche d’une pépite d’or. Au premier abord plutôt détestable, le vieil homme ruine une partie du paysage, vole des oeufs d’animaux, le tout dans la poursuite d’un caillou brillant. Pourtant, au fil de l’histoire, on ne peut que ressentir de l’empathie pour le personnage. Vieil homme plutôt calme et tout de même bienveillant, au moment de voler quatre oeufs d’un oiseau, il remarque la mère à quelques mètres de lui dans un arbre voisin et finalement en repose trois, n’en prenant qu’un. La solitude du personnage aussi nous rapproche de lui, mais c’est surtout au climax du conte que l’on ressent le plus de joie, lorsque le personnage trouve, après de nombreuses tentatives restées vaines, la pépite tant recherchée. La personnification de la pépite, qu’il appelle « Mr. Pépite », ainsi que le reste des morceaux qu’il traite comme une sorte de famille avec « Mere Machree », aide à chérir ce personnage. Mais c’est surtout lors du retournement de situation pendant lequel un autre cowboy lui tire dans le dos et s’apprête à lui voler son butin durement gagné que l’on ressent une vraie haine, la réalisation fait tout pour ça. Le jeune homme tire, et s’assoit lentement, comme attendant que le vieil homme se vide de son sang. Finalement le vieil homme le surprend et le tue avec sa propre arme, laissant le corps dans le trou qu’il a creusé lors de ses recherches et le reste de son installation derrière lui pour repartir (du décor) vers de nouvelles contrées. Cette histoire illustre bien mon propos, car c’est en voyant un homme trouver une pépite après avoir ruiné un magnifique paysage qu’on ressent autant de joie et en voyant un autre lui tirant dans le dos qu’on ressent assez de haine pour le tuer nous-mêmes. Ce conte révèle en nous une nature humaine qui fait cette violence de l’Ouest, dans lequel tout est possible. Par dessus tout, ce qui est à retenir de ce film à mon avis est sa manipulation des sentiments du spectateur. Les frères Coen le font avec tellement d’expertise, de brio ! On passe d’une histoire racontant la tragique vie d’un orateur handicapé sans succès, utilisé comme un objet par son gardien, à un braqueur de banque raté qui se fait pendre deux fois dans la même journée. On ressent tellement de dégoût lorsque cette pauvre fille se donne la mort de peur de se faire kidnapper alors que le danger était en fait bien éloigné, tellement de joie lorsque ce vieux pionnier trouve sa petite pépite, et tellement de malaise lorsque l’ambiance de cette diligence passe de tout à fait simple à morbide en un changement de lumière ! On sent par dessus tout que le duo de réalisateurs sait ce qu’il fait. Le traitement de l’image est magnifique et nous fait sentir de la beauté dans les montagnes et dans le désert, de l’humour dans le cadrage carré des personnages dans la diligence, et de la tristesse dans les environnements froids des villes enneigées dans lesquelles l’orateur passe. Voilà ce qui fait de cette Ballade de Buster Scruggs, une ballade de sentiments.


Eliot Coutant