samedi 3 mars 2018

Critiques de Tout sur ma mère par Elena Brunet-Rapeaud et Volodia Breitman-Ferri

TOUT SUR MA MÈRE 
- Le Film époustouflant d'Almodóvar - 



        Le film Tout sur ma mère, de Pedro Almodóvar, marque, en 1999, un tournant dans l'oeuvre cinématographique du réalisateur espagnol. Après s'être, pendant vingt ans, livré à la représentation de types sociaux le plus souvent extrêmes, c'est un tout autre univers que celui dévoilé par l'impressionnant long métrage Tout sur ma mère
        Manuela, infirmière, vit avec son fils de dix-sept ans à Madrid. Lorsque, le jour de ses dix-huit ans, elle l'emmène à la représentation d'Un tramway nommé désir, il tente d'obtenir un autographe de sa comédienne fétiche et se fait renverser par une voiture puis succombe à ses blessures. Détruite, Manuela décide de partir à la recherche du mystérieux père de son fils, resté à Barcelone, ville qu'elle a quittée il y a plus de dix-huit ans. Le spectateur suit donc Manuela dans un périple mouvementé à travers la ville espagnole, marqué par des retrouvailles et des rencontres parfois improbables et inoubliables.
        Dès les premières images, une avalanche de couleurs, vives et contrastées, envahit l'écran et submerge le public. Cette habile manipulation de l'image, des plans et des couleurs motive et anime l'intrigue tout au long du film et confère une dimension parfois poétique à l'oeuvre. À ces associations visuelles stupéfiantes s'ajoute une imbrication parfaite de la musique aux plans. Ainsi, c'est la découverte d'un univers clos, où tout est parfaitement calibré et ajusté pour permettre au spectateur d'y entrer. On ne sort pas de la projection en disant de ce film que « la musique était bien » ou encore que « les images étaient merveilleuses » : on ne peut qu'affirmer « quel incroyable voyage ! ». Car oui, c'est un véritable voyage, une véritable aventure que propose Pedro Almodóvar dans son film Tout sur ma mère. Le spectateur est emmené par Manuela, accompagné par son personnage, impliqué avec elle dans ses recherches, partage sa vie le temps du film, est touché par son histoire.
        D'ailleurs, aucune autre actrice n'aurait pu incarner le personnage de Manuela aussi bien que Cécilia Roth. Le public fait la rencontre de Manuela et non de son personnage. Cécilia Roth parvient à s'approprier magnifiquement le personnage de Manuela, elle partage toutes ses émotions, ses peines, ses joies, et les transmet au spectateur. Son visage particulièrement bouleverse, car expressif et sincère. Le spectateur s'attache et s'identifie à Manuela et aux personnages de son entourage ; l'accompagne, la soutient.
        Une autre dimension tout à fait incroyable et passionnante du film, serait la place accordée aux travestis et aux liens qui les unissent à Manuela. C'est un aspect touchant, qui de plus, est traité avec un naturel et une légèreté exceptionnels, et ouvre les portes d'un monde tolérant et bienveillant, source d'espoir. 


Par Eléna Brunet-Rapeaud




Critique de Tout sur ma mère de Pedro Almodovar

          Esteban vit seul avec sa mère, Manuela. Écrivain en herbe, il commence son premier roman qui parlera de sa mère ainsi que de l’absence de son père dont l’identité lui est inconnue. Le jour de ses dix-sept ans, il va avec sa mère au théâtre voir la représentation d’un Tramway nommé désir qu’elle a interprété plus jeune avec le père d’Esteban. Ils attendent la vedette de la pièce pour obtenir son autographe mais en poursuivant la voiture de la star, Esteban se fait mortellement renverser par une autre voiture. Dévastée, Manuela quitte Madrid et rejoint Barcelone où elle sera confrontée à son passé pour retrouver le père d’Esteban devenu une femme appelée Lola.
          Au premier regard, ce film pourrait paraître comme un cliché de mélodrame, mais le contraste avec l’univers coloré et décalé d’Almodovar change bien des choses. On y retrouve Cecilia Roth dans le rôle d’une mère en deuil à la recherche du père de son enfant, Marisa Parades (qui avait déjà brillé dans Talons Aiguilles) interprétant une actrice lesbienne amante d’une toxicomane, Antonia San Juan dans la peau d’une ex-prostituée transsexuelle et la jeune Pénélope Cruz qui débute à peine une longue histoire d’amour avec le cinéma d’Almodovar jouant une religieuse séropositive.
          Tous ces drames accumulés devraient faire fondre en larmes les spectateurs les plus sensibles, mais ce surplus de négativité est compensé par une légèreté et un humour irrésistible. La mort étant constamment présente, le film est pourtant plein de vie et d’espoir, les disparitions sont remplacées par les retrouvailles, les rencontres, les naissances… Les personnages sont soudés, pleins d’amour et préfèrent la joie de vivre aux regrets et aux chagrins.
          Une nouvelle fois, Pedro Almodovar nous apporte une bonne bouffée d’air frais méditerranéen avec ce petit chef-d’oeuvre et l’on en ressort avec la joie de vivre et le sourire aux lèvres.



 Volodia Breitman-Ferri

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