Le mercredi 23 mars, les élèves de Première de l'option cinéma ont assisté à deux projections dans le cadre du festival Cinéma du réel à Beaubourg. Vous trouverez ci-dessous le synopsis des films, suivi des impressions des élèves.
Quelque part au Kurdistan iranien, Ali Badri compte bien peler sa pomme d’un seul tenant – un proverbe promet une jeune fille à celui qui y parviendra.... En s’ouvrant sur le dialogue badin et tendre du vieux tailleur et de sa femme dînant le soir sur les hauteurs de leur village, I Dance with God donne d’emblée le ton – affable, débordant de vitalité – d’un portrait accordé à son sujet. Non seulement le gai octogénaire entonne à tout bout de champ des chansons d’amour grivoises, mais il semble puiser sa joie de vivre dans le handicap qui l’ôterait à plus d’un. Trois mois après son mariage, un accident de chasse a rendu aveugle le jeune facteur qui, très tôt, a alors bifurqué vers l’aiguille. Trouvant un équilibre entre jour et nuit, entre humeur plaisante et sombres nuages passant au-dessus du couple qu’il forme avec Ichavar, Hooshang Mirzaee restitue au son et à l’image l’acuité accrue des sens d’Ali Badri, qu’il savoure un fruit de son amandier, plante un arbre, fasse sa gymnastique ou quémande la caresse d’aftershave que lui administre son épouse. Mais la construction d’I Dance with God progresse aussi, l’air de rien, vers le bord du précipice : celui, littéral, que l’heureux Ali manque maintes fois de franchir tout en tenant très bien la route ; celui, plus accidenté et tragique, du deuil qui a frappé le couple et resurgit tardivement, semé de fleurs sauvages multicolores. (Charlotte Garson)
Production : Hooshang Mirzaee
Nous avons aimé l'aspect
poétique du film, lié à la personnalité originale du vieil homme. Ali Badri est
un vieux tailleur aveugle dont la joie de vivre (il chante sans arrêt des
chansons d'amour) contraste avec sa situation objective. Une grande importance
est accordée aux plaisirs sensoriels qu'il éprouve, et qui semblent décuplés
par sa cécité. La photographie est très belle, et l'on est heureux de posséder
la vue pour pouvoir admirer les paysages du Kurdistan, qui sont pour nous une
vraie découverte. A la fin du film, la mise en scène du pèlerinage du couple
sur la tombe du fils disparu nous fait encore davantage entrer dans l'intimité
des personnages. Le film possède cependant quelques longueurs.
Hubert, Thierry, Dominique. Dans cette fratrie agricole de l’Artois, la répartition des tâches semble s’être faite de manière organique : l’aîné achète les bovins, le benjamin les engraisse et le cadet les dépèce pour les vendre aux bouchers. Les cadrages amples restituent le continuum de cette exploitation familiale qui va de la naissance du veau à sa mise à mort. Mais cette routine qui n’exclut pas d’âpres négociations se voit peu à peu altérée par une préoccupation lancinante : que feront « nos jeunes » ? Subtilement, dans le quotidien de trajets à l’école pour le fils de Dominique ou de tâches agricoles pour ses neveux adolescents, le doute s’installe. Au détour d’une phrase, une jeune fille dit préférer les moutons ou rêver de déménager dans l’Aubrac. La dissension qui guette n’a rien de personnel, c’est un phénomène générationnel, un nouveau rapport au travail : « Ils prendront peut-être le temps de prendre des vacances », lâche l’un des pères, entre admiration et regret. La distance respectueuse dont fait preuve Maxence Voiseux rencontre celle, aimante, des futurs « héritiers » qui, devant les espoirs paternels, biaisent ou éludent. « Ça te dérangerait que je sois fermier ? » lance timidement le plus jeune à son père, spécialiste du bout de la chaîne, dans un finale délicat montrant la jeunesse du côté de la vie. (Charlotte Garson)
Production : Zeugma Films, Liaison Cinématographique
Nous avons aimé les
images, notamment les plans sur la route avec les jeux de lumière. La
photographie constitue un enjeu particulier de ce film où beaucoup de scènes
ont lieu dans la pénombre. De plus, le sujet du film est intéressant, car il
montre l'évolution d'une entreprise familiale et pose la question de la relève
par les jeunes générations (d'où le titre, Les
Héritiers). Les scènes de dialogue entre parents et enfants sont bien
menées, et particulièrement celles avec le petit garçon, qui pose naïvement des
questions essentielles. Le film présente également l'intérêt de montrer un
élevage à échelle humaine, où les hommes traitent correctement les animaux, les
respectent et témoignent de la passion qu'ils ont pour leur métier. Il est
dépaysant pour nous qui sommes des citadins, par le mode de vie qu'il donne à
voir... et à entendre (le langage est parfois difficile à comprendre !).
Cependant, nous regrettons
la monotonie du montage, qui empêche le film de progresser et peut se révéler
ennuyeux pour le spectateur.
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