vendredi 26 janvier 2018

Critique de Valley of Shadows par Léonard Dardaud

Valley of Shadows





Valley of Shadows du réalisateur norvégien Jonas Matzow Gulbrandsen, s'est révélé être mon coup de cœur au festival Premiers plans d'Angers.

Nous découvrons Aslak, un garçon de 6 ans vivant dans un petit village de Norvège avec sa mère et son chien. Un matin, un ami l'emmène sur une scène macabre : trois moutons à moitié dévorés, en lui disant qu'il s'agit de l'oeuvre d'un loup garou vivant dans la forêt derrière sa maison. En quête de réponses, Aslak décide de s'aventurer dans cette immense forêt menaçante...

Deux points m'ont particulièrement fait apprécier le film : l'ambiance et l'esthétisme. Tout d'abord, Valley of Shadows arrive à installer une ambiance sombre et pesante du début jusqu'à la fin. Il en relève presque de l'épouvante. Cette ambiance est favorisée par le teint hivernal des campagnes norvégiennes, gris, froid, triste, et prend une ampleur considérable dès que commencent les premiers plans en forêt. Ce sont ces plans qui donnent un esthétisme bluffant et mystérieux au film.


En entrant dans la forêt, Aslak nous fait voyager dans un monde à la frontière du rêve et de la réalité, et nous expose un contraste entre l'innocence d'un enfant et une menace semblant invisible mais constante, tapie quelque part dans le brouillard.  Le réalisateur présente le film comme une version cauchemardesque de "Pierre et le loup", puisant dans le gothique et le conte pour enfant. De cette union naît un monde ténébreux et submergeant dans lequel un garçon se perd dans ses cauchemars, à la recherche des peurs d'enfance.




La symbolique de la forêt est ici très forte, renvoyant aux contes pour enfant, où elle est toujours présente ( "Le Petit Poucet" , "Le Petit Chaperon rouge", "Hansel et Gretel" etc.). Elle est le lieu où se déroule un parcours montrant l'évolution d'un personnage ou l'attente d'une épreuve funeste. Elle peut être aussi le lieu de rencontre avec soi-même, avec sa propre peur à dépasser. Ce que fait Aslak, en transgressant l'interdit (il casse le grillage empêchant l'accès à la forêt) et en affrontant ses peurs.


Autre symbolique importante dans le film, celle de la rivière : arrivé à un certain point, Aslak monte dans une barque qui suit le flot d'une rivière l'emmenant dans un endroit plus reculé de la forêt, près d'une maison en bois dans laquelle vit un homme. Le petit garçon y passe la nuit avant que l'homme le remette dans la barque pour le chemin inverse.

La rivière symboliserait ici le cours de la vie d'Aslak, et l'homme dans la maison, la mort. La fin de la rivière (et donc la maison) représente la fin de la vie. Comme l'heure n'est toujours pas venue pour l'enfant, l'homme (la mort), le renvoie faire le chemin inverse et ainsi le fait revenir à la vie, comme un retour des enfers d'un héros de mythologie grecque voguant sur le Styx.





Le rythme du film est lent . Les amateurs de sensations fortes uniquement peuvent passer leur chemin. Le film est calme et contient peu de dialogues, privilégiant la photographie par rapport à l'action ce qui, selon moi, fait sa force et maintient le côté sombre et mystérieux.


Premier long métrage du réalisateur J.M. Gulbrandsen, Valley of Shadows de par ses symboliques, son ambiance ou son image est un film à voir absolument dès sa sortie en salles.



Lien vers le blog de Léonard : https://thefantasticmrvega.blogspot.fr/2018/01/valley-of-shadows.html

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