Hunger games :
la révolte, partie 2 de Francis
Lawrence
J'ai
été réticent lors de l'apparition du phénomène Hunger games : le côté populaire me faisait penser à un cinéma
superficiel et uniquement destiné à faire de l'argent. Mais j'ai finalement
décidé de voir les films. Et j'ai pu constater que ce cinéma grand public
reste, qu'on le veuille ou non, l'un des piliers du 7ème art que les critiques
pédantes et autres personnages un poil prétentieux ne parviendront jamais à
faire disparaître.
Les
trois premiers Hunger games ont à peu
près tout ce qui est demandé dans le genre du blockbuster grand spectacle : l'histoire
est originale et bien ficelée, les personnages sont attachants, charismatiques,
et les films ont ce petit quelque chose d'original qui permet de les
différencier des autres blockbusters qui, il faut bien le dire, sont tous taillés
sur le même modèle et entraînent donc des ressemblances vite dérangeantes.
Mais
ici, avec Hunger games, tout est
supposé être parfait pour offrir un bon film de divertissement qui nous offre
de l'émotion, des scènes d'actions, ainsi qu'une réflexion sur nous-mêmes. Et
les trois premiers films y parviennent parfaitement. La montée en puissance est
très bien réalisée car elle est ponctuée de réalisme (on voudrait plus d'une
fois du "encore plus spectaculaire", mais le fait que le réalisateur
choisisse un chemin plus calme et "réaliste" renforce la profondeur
du film et nous promet un final d'autant plus spectaculaire).
C'est
donc tout rempli d'espoir que je me rends à cette séance dès le jour de sa
sortie. Avec, dans la tête, la bande annonce spectaculaire que j'ai visionnée
plus de mille fois. Tout est là, et j'assiste impuissant, à une déception si
grande que je la considère comme une totale trahison de la saga : je ne sais
même pas comment organiser proprement mes arguments tellement la déception fut
grande en quasiment tous points...
Premièrement,
le film est décousu. Il s'ouvre sur une scène intimiste et poursuit avec une suite
de séquences qui ne s'enchaînent pas tout à fait. Elles sont toutes plates, sans
aucun enjeu. Ou alors on assiste à des actions trop rapides puis trop lentes,
une grande montée en puissance très tôt et une retombée au point de départ
quasi immédiate. Et quand enfin, au bout de plus de quarante (trop longues)
minutes de film, Katniss finit par se décider à agir et se rend au Capitole
pour tuer le président Snow, on suit alors pendant d'innombrables minutes quatre
ou cinq personnages qui restent dans les mêmes lieux, sans aucune action. Une
dimension intimiste effroyable naît, car elle est sans profondeur et non
désirée : c'est un film sur les révoltes, sur la masse, le peuple, pendant trois
films on s'attend à cette montée gigantesque, cette unification du peuple qui
renversera le Capitole dans un final renversant. Et bien non : pendant ce film,
nous verrons cinq personnages marcher dans une ville abandonnée, ce qui sera
ponctué par quelques scènes d'action très mal gérées. Les personnages sont très mal gérés
également, puisque le réalisateur se concentre sur les mauvais, ne donnant pas
assez d'importance à ceux qui le mériteraient et ne développe pas ce qui doit
être développé.
Il
y avait tant de choses à dire, tant de choses à montrer ! Et finalement le
réalisateur ne montre rien. Il ne montre pas le nécessaire, ne montre pas ce
qu'on a envie de voir. La prise du Capitole se fait dans une ellipse : on ne voit
donc pas la prise de pouvoir. La haine de Katniss, je ne la ressens pas. Le plan complexe de Coin pour prendre
le pouvoir de Panem, qui est une grande force du scénario et un point majeur de
l'histoire, n'est quasiment pas développé. On pourrait croire que ce manque
d'attention servirait à développer l'histoire entre Peeta et Katniss. Mais là
encore : non. Le réalisateur gère très mal les deux personnages. Et leur
relation se développe mal durant le film. Le final retombe (sur le peu de
montée qu'on a eue auparavant) dans un enchaînement de scènes qui ne veut plus
rien dire et qui nous fait penser que tout ce qui se passe ne sert à rien. On
se dit : est-ce que la révolte servait à quelque chose ? Est-ce que la révolte
a eu lieu même ?
Le
film s'arrête - heureusement - sur la plus belle scène de tout le film (la
seule scène qui vaille la peine), qui est d'une beauté rare et qui clôt le film
parfaitement. Mais quarante secondes de perfection sur deux heures trente de
nullité, ça ne suffit pas. Je sors de là avec le sentiment d'avoir été trahi.
Trahi par ces scénaristes qui nous offrent des personnages hauts en couleur et
qui nous laissent sur une vision d'eux mal organisée et décousue. Trahi par ce
cinéma grand public qui nous promet du grand spectacle et nous offre un final
plat, inintéressant, faussement complexe et psychologique. Trahi par le
potentiel du film facilement exploitable et totalement inexploité.
Ce
film m'a profondément déçu... Profondément démoralisé. C'est une rare nullité. Et pourtant je
fondais tant d'espoir en cette saga. Je dois maintenant me résoudre à
l'oublier. Car je ne peux pas faire abstraction de cette fin qui retire toute
la puissance du début de la saga. Ceci est évidement mon opinion personnelle.
J'étais avec des gens qui ont adoré le film et n'ont pas compris mon avis.
Allez donc tout de même le voir et faites-vous votre propre idée !
Allez donc tout de même le voir et faites-vous votre propre idée !
Romain Billard
Lien vers la bande annonce :
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19557927&cfilm=204925.html
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