mercredi 17 février 2016

Critique d'Ave, Cesar ! des frères Coen, par Romain Billard



Je reviens tout juste d'une séance d'Ave, César ! réalisé par les frères Coen, leur tout nouvel opus de comédie burlesque depuis Burn after reading sorti en 2008. 

Le film se passe dans les studios Hollywoodiens des années 1950. On suit l'histoire d'un "fixer" d'un des studios. Et un qui a réellement existé: Eddie Mannix, interprété par Josh Brolin. un "fixer", c'est celui qu'on voit dans les films ou les séries, le mi flic mi voyou qui semble pouvoir tirer toute les ficelles pour cacher les scandales des gens importants. Ici, c'est donc un "fixer" d'Hollywood, qui doit faire face au kidnapping de la star du nouveau peplum produit par les studios: "Ave, César". on le verra donc, au cours de ce film, tenter de régler cette affaire de kidnapping tout en tentant de survivre au sein de cette satire hollywoodienne rempli de personnages hauts en couleurs, chacun représentant une facette de l'industrie (le réalisateur prétentieux, l'acteur dirigé par les studios, l'actrice scandaleuse camouflée par ces derniers, la presse qui fouine dans l'industrie etc.)

Le film est maîtrisé de bout en bout par les réalisateurs, et on se sent entre de bonnes mains devant ce film, les acteurs sont tout à fait excellents et les décors sont tout simplement époustouflants. Entre le réalisme d'aujourd'hui et l'aspect surfait des studios hollywoodiens d'avant, le mélange coloré et superficiel offre une atmosphère parfaite et hypnotique pour le film.

Tout est donc parfait, techniquement parlant, seulement un film, ce n'est pas seulement de la technique, il faut aussi une âme et tous ces éléments ineffables qui donnent l'étincelle au film. Ces éléments qui nous font sortir de la séance imprégnés et marqués par ce que l'on vient de voir. Et c'est ici que, je trouve, les frères Coen ont échoué.

Le film souffre d'un gros problème de rythme et à de nombreuses reprises l'ennui se fait sentir. Les personnages, tous très prometteurs, sont très peu exploités. Celui de Scarlett Johansonn nous est présenté au milieu de nulle part et repart aussitôt, avant même qu'on ait le temps de s'y attacher. Celui de l'acteur de western largué au milieu d'une production sérieuse est fort en potentiel mais on ne se sent absolument pas concerné par la séquence. Plusieurs séquences de ce genre, censées montrer la vie hollywoodienne, s’enchaînent sans vraiment se lier ensemble. Le personnage de George Clooney est à la fois omniprésent et inexistant de par la pauvreté de son développement. et le seul personnage qui lie tout cela ensemble (le "fixer") est parfaitement superficiel et n'est qu'une sorte de lien physique entre les scènes. Il ne subira que de vagues développements au cours du film et c'est bien dommage. 
La réflexion sur Hollywood, à savoir : est-ce de l'art ou simplement de la production massive d'argent ? est très peu creusée et le point de vue des frères Coen sur la question est peu ressenti, sans pour autant laisser l’interrogation en questionnement ouvert.

Tout ce magnifique ballet coloré et maîtrisé se révèle très vite bien superficiel, sous exploité, et à vrai dire, ennuyeux. Certaines séquences sont assez drôles, certains numéros de danse sont hypnotiques de beauté, mais finalement, je ressors de la séance assez soulagé de voir ce générique qui clôture un film qui ne m'a pas apporté grand chose et qui fut même relativement désagréable à regarder. Malgré tout, Ave, César ! reste un film assez riche à sa manière et avec, il faut le dire, un très bel hommage au 7ème art.


Ceci est évidement uniquement mon ressenti personnel. Encore une fois, allez le voir et jugez-en par vous-même !

lundi 15 février 2016

Festival d'Angers : les critiques des élèves > Un creux dans mon coeur de Mees Peijnenburg




Un creux dans mon coeur est un court métrage d'une dizaine de minutes où l'intrigue est absente tout comme la performance d'acteurs. Ce qu'on pourrait déceler comme une trame est incompréhensible. Le film est constitué d'images en noir et blanc sans rapport entre elles, elles sont agrémentées de phrases se voulant poétiques mais étant elles aussi incompréhensibles pour le spectateur.
En résumé, Un creux dans mon coeur n'apporte rien au spectateur, que ça soit sur le plan intellectuel ou comme divertissement.

Lucie Chovet et Joséphine Grousset



Pour savoir si, malgré tout, il y a quelque chose à comprendre, on peut regarder l'interview du réalisateur sur le site d'Arte : http://cinema.arte.tv/fr/article/rencontre-avec-mees-peijnenburg

Critique de Deadpool, par Romain Billard




Il est difficile d'échapper aux films de super-héros ces derniers temps ! Depuis le rachat de Marvel par Disney fin 2009, un retour vers les films de super-héros a pu être perçu avec des blockbusters tels que The Avengers 1 et 2, ou encore les X-mens qu'on a pu apercevoir à nouveau sur les écrans accompagné d'un nouveau casting destiné à amasser plus de spectateurs en salle (Jennifer Lawrence, Michael Fassbender, Omar Sy, etc.). 
Les films de super-héros n'ont évidemment jamais véritablement quitté nos écrans puisque nous avons toujours pu assister à des monuments du genre comme la trilogie Spiderman sortie au début des années 2000 ou encore la trilogie Batman de Christopher Nolan sortie de 2005 à 2012. Et voici donc la critique du tout dernier blockbuster du genre sorti mercredi dernier : Deadpool de Tim Miller.



Ne connaissant pas grand-chose à l'univers des super-héros et n'étant pas particulièrement fan de la dernière vague massive de production en date, je n'avais aucune attente lorsque j'ai décidé d'aller voir Deadpool. Le film n'avait rien de particulièrement attirant, si ce n'est ce petit attrait d'originalité et de renouveau dont Hollywood manque cruellement. Je suis donc parti sans la moindre notion de qui était ce super-héros, nouveau à ma connaissance, ni ce que racontait l'histoire.

Et je fus très agréablement surpris. Ce film est une pure merveille de divertissement, qui, loin de redéfinir les codes cinématographiques du genre, les assume pleinement, et grâce à ce recul, nous offre un objet de divertissement beaucoup plus abouti et complet que la plupart des derniers films de ce genre en date.

C'est l'histoire d'un homme, Wade Wilson, ni gentil ni méchant, attachant et drôle, qui après avoir été diagnostiqué avec un cancer en phase terminale, se fait aborder par un mystérieux personnage se disant à la tête d'une organisation qui peut lui guérir ce cancer. Cette organisation va en réalité se révéler diabolique et va le transformer en super-héros mutant au visage tuméfié et aux capacités décuplées. L'homme qui lui a causé la déformation de son visage, s'enfuit, et Deadpool se met donc en tête de le retrouver pour pouvoir retrouver un visage normal.

Un scénario tout ce qu'il y a de plus basique et revu dans ce genre de cinéma, mais le traitement du scénario lui donne toute son originalité. En brisant le quatrième mur à de nombreuses reprises et en se moquant ouvertement de la dimension cliché de ce film. Le réalisateur fait une prise de conscience sur ce cinéma de blockbuster et nous permet de profiter à la fois de tout ce que ce cinéma a de positif à nous offrir, tout en prenant du recul et de la réflexion à son sujet. 
En étant cet objet de divertissement assumé qui n'est là que pour nous faire passer un bon moment, le film accomplit ses promesses en nous offrant des scènes d'actions à couper le souffle, un humour magistralement bien dosé qui nous permet de prendre de la distance sur le contenu. Des seconds rôles attachants et bien écrits, et des références bien dosées qui ne font qu'amplifier la richesse culturel de ce film et son propos sur cette dernière.
L'histoire est évidement bien vide dès qu'on la regarde avec un peu de recul, mais le traitement non linéaire de cette dernière l'enrichit fortement et nous prouve l'importance des choix sur le traitement d'une histoire.
Le méchant laisse fortement à désirer, mais heureusement le charisme du anti-héros interprété merveilleusement bien par Ryan Reynolds nous le fait facilement oublier.
Le réalisateur réussit donc son pari en plaçant Deadpool comme un héros marginal et attachant qui promet déjà des suites fort lucratives mais divertissantes.

Deadpool est donc un blockbuster qui a conscience d'en être un et qui, grâce à cette prise de conscience sur lui-même, arrive à se détacher des conventions en jouant avec elles et en effectuant à merveille son but premier, bon, son but second (le premier étant de rapporter de l'argent à la production) : détendre le spectateur et lui faire passer un bon moment.

Romain Billard

dimanche 14 février 2016

Festival d'Angers : les critiques des élèves > Back Soon de Solveig Anspach

De l’amour à l’état (pur) Islandais



Direction l’Islande, pays nordique complètement différent de la France avec ses étendues de rochers et d’herbe verte. Parfois on peut voir une camionnette qui s’éloigne. Le spectateur va suivre celle d’Anna, une dealeuse de marijuana et poétesse qui écrit sur les murs de sa cuisine. Elle cherche à abandonner son activité illégale pour quitter  l’Islande avec ses deux fils, qu’elle élève seule. Après avoir mis une pancarte « back soon » sur sa porte pour signaler son absence à ses clients, elle se rend à la capitale et vend son téléphone portable qui répertorie sa clientèle à un autre dealer. Celui-ci lui demande 48 heures pour rassembler la somme demandée. Anna retourne chez elle, mais sa trajectoire va être déviée par de multiples obstacles, qui vont l’empêcher de « revenir bientôt ».

        En attendant Anna, ses clients s’accumulent chez elle et organisent une fête improvisée. Ceux-ci représentent toutes les générations et des personnalités diverses, attachantes. Cette scène nous révèle à quel point l’amour intergénérationnel est primordial. Il soude notre société et traduit la solidarité entre individus.
En sortant de la salle j’ai eu envie de danser, chanter, écouter du reggae, sourire aux gens dont je croise le regard, et de partir à la rencontre d’Anna.


La sensation que m’a procurée la vue de ce film est  « stupéfiante ». Mélange d’euphorie et de tristesse, ce film est d’une tendresse dramatique qui m’a émue jusqu’au  générique de fin. Celui-ci m’a fait pleurer de joie (ce qui est plutôt rare au cinéma). D’habitude, je ne me laisse pas emporter par les films qui parlent de drogues. Mais ici, j’ai trouvé que l’histoire du commerce de stupéfiants n’est que l’arrière-plan de l’oeuvre. Au premier plan, pour moi, ressortent la richesse et l’originalité des personnages. Comme Didda Jonsdottir, qui se révèle époustouflante et charismatique, les acteurs non-professionnels mènent le film et soulignent la beauté et l’élégance de l’oeuvre. Et puis comment pourrait-on oublier le portable avalé par l’oie ? Cette image cocasse me semble très poétique et écologique. Elle cherche à inciter le spectateur à vivre dans une société plus proche de la nature. 

Clémence Cazala

Festival d'Angers : les critiques des élèves > Un obus partout de Zaven Najjar



Un obus partout de Zaven Najjar est un film d'animation 
L'histoire se déroule au Liban, plus précisément à Beyrouth, en 1982. La ville est alors divisée en deux par la guerre. Un pont relie ces deux parties ennemies, mais ce même pont est surveillé par des hommes armés qui abattent tous ceux qui tentent de le traverser. Notre protagoniste, Gabriel, souhaite retrouver sa fiancée qui est de l'autre côté. Il va profiter du commencement de la coupe du monde pour tenter de traverser le pont en voiture.

Un obus partout est un film utilisant les ombres chinoises. Bien sûr, ce n'est pas le seul à pratiquer cette technique, puisque, par exemple Michel Ocelot l'utilise dans son film Princes et Princesses ou encore dans Dragons et Princesses.
Les films d'animation doivent correspondre à des critères différents des films dit "classiques". Les dessins doivent être réussis et ils doivent être charismatiques puisque ces dessins remplacent des acteurs. Les décors sont également représentés en ombres chinoises. Les couleurs principalement utilisées sont donc le noir et le rouge.

Il faut savoir qu'Un obus partout est un court métrage qui ne dure que neuf minutes mais en seulement neuf minutes, l'intrigue est bien exposée et ces neuf minutes nous laissent une impression durable.

Pour moi ce film dénonce l'absurdité de la guerre : ici, la simple traversée d'un pont relève du miracle, ce qui est assez représentatif des conditions de vie et d'insécurité des habitants de Beyrouth. Malgré un sujet très sérieux, ce film (quoique réaliste) reste abordable, même s'il ne convient pas à toutes les tranches d'âges. La réalité décrite frappe et marque profondément le spectateur.
Pour moi, ce court métrage est une vraie réussite !

Aude Carrat


Festival d'Angers : les critiques des élèves > Baden Baden de Rachel Lang

...ou comment un premier long métrage, à la toute fin d'une journée très chargée en projections, séduit tous les élèves !
Ci-dessous, deux critiques de ce film :




Baden Baden ou la volonté de la baignoire


     Une jeune fille de vingt-six ans, Ana, rentre chez elle à Strasbourg après un an passé à Londres où elle était chauffeur sur un plateau de tournage. Elle y retrouve ses habitudes, ses amis, ses amours, sa famille et surtout sa grand-mère. Rachel Lang, dans son premier long métrage, montre à quel point un personnage de vingt-six ans, par son caractère et son comportement, peut être proche de son spectateur.
     En effet, cette toute jeune femme semble avoir gardé la légèreté de ses années lycée. Elle passe l’été chez elle sans se soucier de sa vie professionnelle. Elle évoque la possibilité de « faire des ménages » pour subvenir à ses besoins financiers, sur le même ton qu’un lycéen annoncerait faire du baby-sitting pour avoir de l’argent de poche. Par sa frivolité et les histoires amoureuses qui rythment le film (Ana retourne, contre l’avis de tous, auprès de son ex petit-ami), ce film est comme un vent de fraîcheur qui vient charmer le spectateur avec tout son humour et sa vivacité.
    Bien que léger dans son propos, ce film est pourtant touchant et ne laisse pas indifférent. La réalisation reste simple mais efficace et réussit à séduire le spectateur en lui faisant aimer les personnages présentés. Les quelques péripéties et touches d'humour viennent souligner et confirmer la réussite de cette comédie accessible et plaisante pour tous. Ce film est une véritable célébration de l'insouciance et un hymne à la jeunesse.

Solène Colin
Kiara Dos Santos


Baden Bad and ?

Ana, vingt-six ans, habite à Strasbourg. Elle essaie de se débrouiller durant un été en exerçant des petits boulots comme chauffeur sur un tournage à l'étranger. C'est une fille un peu perdue qui ne prend pas ces travaux au sérieux et qui, par conséquent, est vite remplacée. La nonchalance de ce personnage ne m'a pas agacée car elle ne subit pas sa vie, elle suit seulement ses envies. Elle a d'ailleurs comme projet, tout au long du film, de remplacer la baignoire de sa grand-mère par une douche, celle-ci étant malade. C'est une fille un peu marginale qui n'a que faire des conventions sociétales, ne se maquille jamais, arbore une coupe à la garçonne, et laisse voir une pilosité apparente. Bien dans son corps et dans son esprit, cette jeune femme traverse tout de même des moments de doute face à la question de l'amour et de la mort.


Léna Frenc




La jeune réalisatrice Rachel Lang reste fidèle à son actrice « grigri », Salomé Richard, qui fait son apparition dans la totalité de ses courts métrages. Dans Baden Baden elle incarne le personnage d’Ana, une jeune femme désinvolte et aux poils sous le bras. Nous sommes directement plongés dans son univers qui exprime la légèreté et l’imprévoyance par un long plan-séquence. Ce personnage illustre le passage à l’âge adulte, son entourage la rassure et l’aide à bâtir sa vie… ou la salle de bains de sa grand-mère. Cette obsession à remplacer la baignoire de sa grand-mère (personnage incarné par Claude Gensac) par une douche est un défi symbolique : construire quelque chose de concret pour pouvoir avancer dans sa vie de jeune adulte. En effet, pour compenser l’irrégularité de la vie de la jeune fille, les plans du film privilégient souvent les formes géométriques. 
Cette comédie est une autocritique où ressortent les rêves enfantins et heureux de cet adorable et attachant personnage qui a décidé de mener une vie sans prise de tête et remplie d’amour. 



Maureen MARTIN

Festival d'Angers : les critiques des élèves > Fish Tank d'Andrea Arnold


Katie Jarvis dans Fish Tank (2009) d'Andrea Arnold



L'aquarium explose, une évasion :

Fish Tank, un beau drame social orchestré par André Arnold. La réalisatrice fait le portrait de Mia, une adolescente issue d’un milieu très modeste. Du titre, on pense à un petit poisson bloqué dans un aquarium qui tente de sortir de sa condition, et de ce déterminisme social afin de rencontrer un monde nouveau, l’océan. L'actrice non-professionnelle Katie Jarvis nous démontre toute son ingéniosité, grâce à une interprétation forte en émotion. Du fait de son non-professionnalisme, elle procure une plus grande sensibilité et permet d'exprimer les émotions avec plus de réalisme et naturel (en effet elle s'inspire de sa propre vie pour jouer). C'est une fille totalement perdue qui, sous un air de dureté et d’agressivité, essaye de trouver son identité et d’affronter les passages obligatoires de l’adolescence tels que l’amour, le conflit familial, l’apprentissage de la confiance en soi… En effet, le moment de l’adolescence, plein de perturbations, est un instant de métamorphose entre l’enfance et l’âge adulte. On assiste entre autres à sa recherche d'une présence paternelle qui se retrouve dans l’arrivée du nouvel amant de sa mère et qui va chambouler des repères déjà très instables, créant ainsi un lien ambigu entre les divers protagonistes. Mia, afin d’échapper à son univers condamné, tente de réaliser ses rêves. Cette idée est représentée par la belle image du cheval enchaîné dans un milieu insalubre. Malgré ses incertitudes, elle est pleine d’espoir. Cet espoir et ce désir d'évasion sont traduits par le hip hop, un moyen de mouvement et de langage qui est l’un des moteurs principaux de la narration. De nos jours considéré par certains comme ringard, il est pourtant le langage d’une grande partie de la population de cette époque. La danse,,élément central du film, nous permet d’entrevoir son monde d'une manière différente, plus poétique, malgré une atmosphère plutôt dure. La caméra exprime avec merveille ce langage du corps telle une poésie avec des ponctuations « d’insultes affectueuses ». Tandis que Mia parvient à grandir et à s’émanciper de ce milieu voué à la médiocrité, sa mère, elle, tente de revivre sa jeunesse perdue avec un grande dépendance aux hommes, jalousant l’adolescence de sa fille. Le désœuvrement de sa mère, et la relation conflictuelle mère-fille qu'elles entretiennent sont joliment filmés, avec une photographie très juste et certains moments intenses tels que la dernière scène entre Mia, sa mère, et sa soeur; une danse clôturant leur relation.
Drame d'une intense beauté, porté par une énergie folle et une mise en scène sensible, Fish Tank est aussi un film de paradoxes, comme le montre par exemple la scène où les deux soeurs s'embrassent en se disant " I hate you ". L’un des seuls reproches que l’on pourrait faire au film est le fait q’il soit quelque peu prévisible, mais cela ne modifie pas fondamentalement la vision que le spectateur a du film et l’émotion qui s’en dégage.

Charlotte Pineda



Festival d'Angers : les critiques des élèves > Léviathan d'Andrey Zvyagintsev

Beaucoup d'élèves ont aimé Léviathan (2014), d'Andrey Zvyagintsev, qui raconte la descente aux enfers de Kolia, tranquille garagiste dans une petite ville du Nord de la Russie, au bord de la mer de Barents, confronté au monstre tentaculaire de la mafia...
Ce film a obtenu le Prix du Scénario au Festival de Cannes 2014.

photogramme extrait de Leviathan



Léviathan, une bonne surprise !

J'éprouvais quelques craintes à l'idée de voir ce film le deuxième soir du festival, pour sa durée et pour son origine, mais comme on dit, il faut se méfier des apparences, et cela s'applique aux films aussi car j'ai été surpris. Je ne me suis pas ennuyé du tout, bien au contraire ! Tous ces moments calmes du film m'ont captivé, que ce soit les plans sur le paysage ou le démarrage du film quand Kolia sort de chez lui pour récupérer Dimitri : le réalisateur pose alors sa caméra et la met en mouvement quand il prend sa voiture. Je n'aurais pas pensé découvrir une région de la Russie aussi éloignée et aussi inconnue. Je l'ai trouvée très belle. On a, par ailleurs, une mise en scène soignée et remarquable, ainsi qu'un jeu d'acteur parfait. 
Le film parle de corruption, un sujet très dur qui parvient à émouvoir le spectateur et à susciter davantage d'attachement aux personnages. On relève également de bonnes touches d'humour 
En bref, j'ai beaucoup aimé ce film :  c'est mon coup de coeur de ce festival !
Jad Charaf




LEVIATHAN, le monstre russe.

     Les premiers plans du film annoncent des paysages grandioses au fin fond de la Russie rurale. Un homme (Vladimir Vdovitchenkov) arrive par le train de Moscou, il est avocat et va défendre son ami Kolia (Aleksey Serebryakov), qui risque de perdre sa maison. En effet, le terrain comporte des avantages et le maire de la ville veut s’en emparer, Kolia et sa famille ne représentant pour lui qu’un obstacle négligeable. Malgré les nombreux appels de Kolia à la justice, celle-ci reste implacable car le combat est, de toute manière, inégal. Les dirigeants ayant de leurs côtés les autorités religieuses, judiciaires et policières, l’issue du combat est prévisible. Le film cherche donc à provoquer chez le spectateur un vif sentiment d’indignation et d’écoeurement face à ce régime plus qu’injuste, barbare. L’histoire s’ancre dans le réel, notamment parce qu’Andreï Zviaguintsev s’inspira d’un fait divers américain.
     Le titre du film n’est pas anodin. Le Léviathan est un monstre biblique qui symbolise le chaos. Il apparaît ici comme une métaphore de l’état russe. Cette idée rejoint l’ouvrage de Thomas Hobbes, Léviathan (1651) dans lequel l’auteur associe le personnage biblique au « symbole d’une puissance démesurée, d’un Etat omnipotent ». C’est exactement le cas dans le film de Andreï Zviaguintsev, qui dresse le portrait d’une ville gangrenée par la corruption et asservie à la toute-puissance des dirigeants. La Russie apparaît comme un pays qui, noyé dans la vodka, a perdu toutes ses valeurs et est voué à l’autodestruction. La violence, l’injustice sont au cœur de Léviathan. C’est peut-être dans cette critique du régime que le film se révèle le mieux. La scène du pique-nique en est l’exemple le plus frappant.En effet, dans cette scène, les personnages (dont deux sont des policiers) se livrent à une partie de chasse pour le moins singulière. Les cibles ne sont pas des oiseaux ou de simples bouteilles mais des grands cadres de photographies de personnages emblématiques de la Russie : on reconnaît parmi eux Lénine. De même, dans le bureau du maire, le spectateur peut voir accrochée au mur la photo de Vladimir Poutine. Ainsi le film va plus loin : dans un régime qui est loin d’être un exemple de démocratie, il associe au maire corrompu et mauvais la figure du président russe.
    Il est surprenant de constater que le film n’a pas été censuré en Russie et qu’à la demande du réalisateur, il a même été financé à hauteur de 35% des coûts de production par le gouvernement. Les deux seules manières d’expliquer cela, ce serait de l’interpréter comme une sorte de défi : pour montrer que le pays peut accepter la critique ; ou comme un choix irrationnel comme le dit le réalisateur : « Quelqu’un n’a pas lu le scénario jusqu’au bout, ce  qui est très probable. »
     Le film atteint son paroxysme dans la scène finale : la maison a été démolie et sur ses ruines, une église a été construite.
    J’ai trouvé que c’était un beau film dans le traitement de l’image, la photographie, qui donne un ressenti de gris, comme si le film avait été entièrement tourné un jour de mauvais temps. Et l’impression de longueur contemplative dans l’histoire m’a séduite. Néanmoins, ce sentiment, s’il est lié à la longueur de certains plans magnifiques de la nature, ou encore marqué par ce long plan-séquence au début du film où la juge rejette l’appel de Kolia, trouve son appui sur le personnage de Lylia (Elena Lyadova) pour laquelle je n’ai pas ressenti d’empathie. Elle est le « personnage-pivot » du film et pourtant il y a une sorte de distance entre elle et le spectateur qui crée un déséquilibre.

Inès Robert-Fisbach


     Léviathan est un film russe réalisé en 2014 par Andrei Zviaguintsev. Le film raconte l'histoire d'un homme, Kolia, très attaché au terrain que son père lui a laissé et à sa maison qu'il a lui-même construite. Seulement, le Maire de la ville décide de lui prendre ses terres et de tout raser afin de reconstruire et il utilise  la justice pour parvenir à ses fins. Kolia demande alors à son ami avocat, Dmitri, de l'aider. Ainsi, Kolia et Dmitri entameront un combat acharné dans le but de gagner le procès contre le Maire, un homme dont les actions sont comparables à celles d'un mafieux. Ayant des preuves des actions illégales du Maire, Dmitri fait alors pression sur lui afin qu'il laisse Kolia, sa femme et son fils tranquilles. Parallèlement à tout cela, Lylia, la femme de Kolia, souhaite une vie meilleure loin de ce lieu tant aimé par Kolia et finit par le tromper avec Dmitri. Lorsque Kolia découvre leur liaison, il menace de les tuer. Puis le Maire donne un avant-goût violent à Dmitri de ce qui pourrait lui arriver s'il n'arrêtait pas de faire pression sur lui, Dmitri propose alors à Lylia de venir à Moscou avec lui, là où il habite, mais Lylia refuse et revient chez Kolia, qui lui pardonne son infidélité. Peu de temps après avoir retrouvé son quotidien, Lylia se jette à la mer. Suite à cela, Kolia sombre dans l'alcool. Suspecté injustement de la mort de Lylia, voyant ses meilleurs amis témoigner contre lui. Kolia est condamné à quinze ans de prison pour le meurtre de sa femme Lylia et comprend alors qu'il a tout perdu. Son fils est adopté par ses meilleurs amis qui ne sont intéressés que par l'indemnité versée par l'Etat, tandis que sa maison finit par être démolie afin que le Maire construise à son emplacement une église Orthodoxe.

    J'ai trouvé que le film était très réussi : les images de la Mer de Barents, au début du film, nous montrent un aspect paisible de la ville où se situe l'histoire, tandis que les mêmes images, montrées à la fin du film, donnent un aspect morbide à l'endroit, c'est donc un début et une fin qui s'opposent.
     Le scénario est accrocheur : dès le début du film j'eu envie de savoir ce qui arriverait à Kolia et sa famille. L'histoire m'a troublée et bouleversée. En sortant de la séance, j'étais même convaincue de ne pas avoir aimé ce film, puis, avec le temps j'ai pris du recul, et me suis rendue compte que je l'avais adoré. Ce n'est pas un film divertissant dans le sens où il ne m'a fait ni rire, ni s'évader, mais plutôt revenir à la réalité. Je qualifierai donc ce film de dénonciateur du gouvernement ainsi que de la justice russe. C'est aussi une grande réflexion sur la religion.
Asline Bettich


Leviathan d'Andrey Zvyaginstev : 
2h30 comme on n'a plus l'habitude d'en passer au cinéma aujourd'hui !

     Film de qualité livré par un certain Andrey Zvyaginstev, Leviathan maîtrise l'histoire qu'il a à nous raconter. De multiples rebondissements scénaristiques, et une photographie lisse, sombre, très esthétique, font de Leviathan un film franchement réussi. Il est aussi très bien interprété : les acteurs se livrent à un jeu de plus en plus dramatique, faisant corps avec leurs personnages aussi différents de caractère les uns que les autres. Ils semblent jouer dans un opéra tragique, ou un film d'Orson Welles, qui serait découpé en deux grandes parties (deux grands actes, en quelque sorte) : l'une nous décrivant la situation initiale et la routine des personnages, l'autre montrant la descente aux enfers des personnages.
     Ce film (découvert à Cannes en 2014) est une pépite tout simplement. Il ne censure rien : tout est dit, tout est nécessaire. De nombreuses prises de risque scénaristiques perturbent le spectateur qui n'est pas habitué à autant de rebondissements. Le film de Zvyaginstev n'est pas seulement un drame familial engendré par un maire corrompu, il exprime également l'engagement du cinéaste. Cela paraît flagrant dans une scène où le maire corrompu, pris de cours par l'avocat venu de Moscou, convoque une réunion de crise avec ses principaux collaborateurs. Dans cette scène, le réalisateur s'amuse, lorsque le personnage du maire sort de ses gonds, à le filmer avec toujours, en arrière-plan, un portrait de Vladimir Poutine. Ceci a pour effet de nous renvoyer aux discours de l'actuel président de la Russie et de créer un comique qui fait réfléchir aux accents totalitaires que ce dernier utilise pour diriger ses concitoyens. Une autre scène qui fait rire, mais aussi réfléchir, c'est celle où le père de famille, invité à l'anniversaire d'un de ses amis, participe à un concours de tir organisé par celui-ci : les cibles sont des portraits d'anciens dirigeants russes (Staline, Lénine...) ! Le réalisateur critique donc les dirigeants russes en général.
     Un film d'une lenteur qui ne nous ennuie pas, bien au contraire, est aujourd'hui très rare. Il faut donc aller voir ce film, car il pourrait bien marquer durablement la cinématographie de notre époque. Alors, vous l'avez compris, réservez votre place maintenant !

Léo Hertz


   J'ai beaucoup aimé ce film, car je trouve qu'il montre beaucoup de problèmes qui existent en Russie et dans le monde en général.
   Nous pouvons voir dans certaines scènes que la corruption, en Russie, est très présente, ainsi que de nombreuses bavures. Par exemple, dans le bureau du maire, il y a le portrait du président de la Russie, Vladimir Poutine, et c'est la corruption qui semble faire le lien entre ce portrait et le personnage du maire, homme puissant et corrompu. De même, lorsque deux policiers tirent sur des portraits d'anciens présidents russes, ils constatent qu'il manque celui du plus récent.
    Ce film nous montre que ces hommes de pouvoir finissent toujours par gagner, car la loi est très compliquée, elle se contredit, mais elle finit toujours par être de leur côté. Ce film montre aussi la vie à la campagne, la pauvreté des habitants, leurs conditions de logement assez précaires, puisque tout le film repose finalement sur l'histoire d'une famille qui veut garder sa maison, plus belle et confortable que celle des autres.
    On peut seulement regretter le fait que ce film, montrant un pouvoir russe corrompu et autoritaire, entretienne à sa manière les clichés sur la Russie.


Aurélien Lornac



J'ai apprécié ce film, même s'il était assez long. J'ai trouvé le décor du film impressionnant, les paysages entourant les personnages étant rendus visibles pour le spectateur grâce à de longues scènes où la caméra fait des panoramiques. Cela nous attache en quelque sorte au milieu de vie du personnage principal, Kolia, qui lui aussi est attaché à son toit, à sa maison. Même si certaines activités reprennent les clichés autour de la Russie, par exemple la vodka ou les Kalashnikov, on apprécie l'originalité des personnages comme le policier, que l'on voit ivre à maintes reprises. Le réalisateur dresse un portrait cauchemardesque de la Russie de Vladimir Poutine où la corruption est omniprésente.


Samuel Rouquette




Festival d'Angers : les critiques des élèves > Kumiko de David Zellner.

Voici maintenant la critique d'un film américain indépendant, Kumiko, the treasure hunter (2014) de David Zellner, par Marco Perez, qui n'a pas vraiment apprécié ce film pourtant admiré par d'autres... Le film sortira prochainement en salles.




Un caillou dans la chaussure du cinéma

Le voyage de cette jeune Japonaise tient moins de l'épopée fantaisiste que de l'échec cinématographique monumental. Le scénario livrait pourtant quelques belles promesses, et la réalisation offre des plans-séquences nous plongeant dans une atmosphère contemplative intéressante, face aux paysages enneigés. Hélas, le film nous propulse dans un ennui presque illégal en multipliant les scènes sans intérêt. L'histoire choisit de s'arrêter sur un monde de détails freinant la progression d'un personnage vide d'intérêt, et muni, à coup sûr, d'un quotient intellectuel lamentablement faible. D'immenses détours allant du petit lapin roux à l'agent de police en passant par des crachats dans une tasse de thé enterrent le film dans une bouillie fade et inconsistante.
L'apogée de ce trop-long-métrage fut sans hésitation l'écran du générique de fin -  bien qu'il soit choquant de constater qu'autant de personnes aient accepté de participer à ce projet.
La fin du film se veut intellectuelle, en mettant le spectateur dans le doute. Certains proposent une interprétation ancrant le film dans l'univers du rêve, d'autres comprennent que le seul moyen d'y voir du rêve était de dormir pendant la séance.

Marco Perez

Festival d'Angers : les critiques des élèves > Hope de Boris Lojkine

Les élèves de Première de l'option cinéma ont rédigé, seuls ou par groupes de deux, la critique du film de leur choix.

Pour commencer, voici la critique de Hope (2014) de Boris Lojkine, par Alix Bourbigou :


HOPE DE BORIS LOJKINE
LE RECIT JUSTE ET TOUCHANT DU PERIPLE DE DEUX REFUGIES


        Le film Hope, réalisé par Boris Lojkine et sorti en salle en mai 2014, retrace le parcours de Léonard et Hope, deux migrants fuyant respectivement le Cameroun et le Nigéria. Un carton, au générique de début, nous indique d’emblée le long et rude chemin qui attend les deux personnages : du Sahara au Maroc en passant par le sud de l’Algérie dans le but de rejoindre la « Terre promise » : l’Europe. 
       Pour sa première fiction, Lojkine prête à son film un pur réalisme ce qui ne laisse pas de marbre le spectateur qui se demande s’il n’assiste pas à la projection d’un documentaire. Le sujet est en effet loin d’être éloigné de la réalité puisque ce sont 1,2 million de personnes qui ont migré en Europe entre le mois d’octobre 2014 et septembre 2015. Sujet tellement brûlant qu’il en est presque déshumanisé. Le réalisateur nous confie alors un point de vue différent, celui du cinéma, en racontant l’histoire d’un homme et d’une femme prêts à tout dans l’espoir d’une vie meilleure. Le titre, qui reprend le prénom de l’héroïne, en surprend certains, considérant que l’espoir n’est pas évoqué dans ce film. Pourtant le mot est choisi avec justesse car c’est bien cet espoir, mêlé à un amour naissant entre les deux personnages, qui les amène à poursuivre leur périple. 
     Le réalisme frappant de Hope passe aussi par la forme. En plus d’avoir choisi des acteurs non-professionnels, eux-mêmes migrants clandestins, Lojkine tourne en décors réels et naturels, mis à part les scènes se déroulant dans les ghettos qui ont été reconstituées par sécurité et faute d’accessibilité. Les plans larges utilisés à maintes reprises montrent la beauté des paysages mais rendent également compte de la solitude des personnages et du chemin interminable qui leur reste à parcourir. 

Photogramme tiré du film : 
Hope et Léonard marchent vers le Nord de l’Afrique

        Hope, c’est aussi une fiction qui permet à Lojkine d’introduire une romance attachante entre une
femme et un homme qui ont tout à perdre. Bien que nous soyons dubitatifs sur la véracité des sentiments qu’éprouve Léonard pour Hope au début du film, ceux-ci se révèlent peu à peu, au cours de leur périple, jusqu’à se transformer en un amour fort et puissant. Cette humanité s’oppose d’autre part à la cruauté des trafics de migrants. Ceux qui prennent le monopole appelés « chairman » (« président » en anglais) gagnent de l’argent aux dépens des réfugiés qu’ils accueillent et font régner la peur et la soumission : trocs illégaux, échanges d’hommes, prostitution et extorsion d’argent. C’est dans cette réalité que les réfugiés de guerre, pour la plupart, s’aventurent vers une terre dite « meilleure » où ils seront enfin libres de vivre leur vie.
        Un film dur qui abrite une lueur d’espoir, à la lumière d’une actualité devenue trop crue.

Festival d'Angers : le palmarès des élèves > Vol au-dessus d'un nid de coucou, de Milos Forman

Parmi tous les films projetés au cours des trois jours de festival, celui qui suscite l'adhésion de tous est Vol au-dessus d'un nid de coucou (1975), de Milos Forman : 26 élèves sur 33 l'ont choisi dans leur "top 3" (vous pouvez lire ci-dessous la critique du film par Mélanie).
Vient ensuite un premier film, Baden Baden (2015), de Rachel Lang, qui sortira en salles le 30 mars 2015, suivi de près par Hope (2014) de Boris Lojkine, ex-aequo avec Baisers volés (1968) de François Truffaut.




Vol au-dessus d'un nid de coucou, un film émouvant et drôle à la fois

Vol au-dessus d'un nid de coucou est un film de Milos Forman, sorti en 1975. On y retrouve comme personnage principal et héros de l'histoire, Randle Patrick McMurphy joué par Jack Nicholson. Dans cette intrigue il est accompagné de Louise Fletcher, Danny Devito, Christopher Lloyd, Michael Berryman, Brad Dourif et Will Sampson qui jouent respectivement les rôles de l'infirmière Ratched, Martini, Taber, Ellis, Billy Bibbit et Grand Chef. 
Ce film est un drame. Il parle d’événements toujours actuels, car tout le monde se demande comment se passe la vie des malades dans un hôpital. De plus il nous mène à une réflexion sur la normalité, car depuis toujours l'homme a créé une case de normalité pour se sentir en sécurité. Or, qui peut dire qui est normal et qui est fou ? Au fond de nous, nous avons tous un grain de folie et personne n'a le droit de nous dire si nous sommes normaux ou pas.
One flew over the cuckoo's nest (Vol au-dessus d'un nid de coucou en français) raconte l'histoire de Randle McMurphy, un homme qui, pour éviter à la prison, se fait passer pour fou. Le temps que soit établi son diagnostic, il vit dans l'unité d'un hôpital psychiatrique qui est sous la tutelle de l'infirmière Ratched, une femme au tempérament de fer et tenant aux règles qu'elle a instaurées dans son service. Grâce à son comportement impulsif et jovial, McMurphy finit par entraîner les autres patients dans son optique de révolution. Malgré quelques crises entre les patients, Randle et Mlle Ratched, tout se passe à peu près bien jusqu'à ce que deux drames se déroulent.
Dans ce film le réalisateur a choisi de présenter la vie des malades dans un hôpital psychiatrique ce qui est un gros enjeu. De plus, il a tenté de respecter le plus possible le réalisme de cette intrigue. En effet, pour accentuer l'effet de réalité, le film a été tourné dans un vrai hôpital et les figurants sont de vrais malades. Les costumes augmentent également le réalisme, puisque tous les acteurs sont habillés de blouses blanches. Si certains ont des peignoirs, et d'autres des vêtements sous leurs blouses, l'uniformité des costumes renforce bien l'effet de réel.

Personnellement j'ai adoré ce film car il propose une véritable interrogation sur la folie. Les personnages sont réellement attachants. En plus je me suis sentie touchée par l'intrigue, car ce film m'a permis de voir à quoi peut ressembler la vie dans un hôpital psychiatrique, ce qui est totalement différent de l'idée que je m'en faisais. Ce film est aussi exceptionnel parce qu'en le regardant on ne peut s’empêcher de rire et de pleurer. Je conseille vivement Vol au-dessus d'un nid de coucou à tous les cinéphiles ainsi qu'aux personnes aimant aller au cinéma de temps en temps. Pour moi, c'est un film qu'il faut absolument voir, car après l'avoir vu, nous nous retrouvons avec une joie de vivre et nous sommes submergés par un mélange d’émotions qui fait vraiment du bien. 

Mélanie Antunes

jeudi 11 février 2016

Projection du film Examen d'Etat de Dieudo Hamadi aux Trois Luxembourg

Mercredi 10 février 2016, au cinéma Les Trois Luxembourg, les élèves de 1ère de l'option cinéma ont assisté à la projection du film Examen d'Etat de Dieudo Hamadi (2013), suivie d'une discussion avec le réalisateur, animée par Jean-Louis Gonnet.


Projeté au festival Cinéma du réel en 2014, le film était ainsi présenté :

EXAMEN D’ÉTAT de Dieudo Hamadi
Devant le lycée Athénée royal de Kisangani, de larges flaques de pluie demeurent, ressac d’une inondation. « Athénée royal ? Athénée poubelle, oui ! » : le ton est donné, qui mêle désaffection pour la vénérable institution et nécessité pour les adolescents de décrocher malgré tout le baccalauréat congolais, dit « examen d’Etat ». De même qu’il parvenait à filmer à la fois un individu et une foule pendant la campagne électorale présidentielle de République démocratique du Congo Atalaku, Dieudo Hamadi s’insère ici on ne sait comment dans un groupe composite de candidats libres qui vont se construire un « plan maquis », une maison commune de révisions. Passe-ton bac d’abord ? Non, paie d’abord la « prime du professeur », sans quoi celui-ci t’éjecte de son cours, fût-ce devant une caméra. Le système scolaire, microcosme d’une société où corruption et débrouille s’entretiennent, n’est pas vraiment un objet d’analyse. C’est un tremplin vers une histoire : les élèves débarqués vont vivre deux mois avec des inconnus, récupérer des manuels, prier ensemble, faire bénir leurs stylo à bille et recruter des étudiants plus lettrés qu’eux. En suivant plus particulièrement la trajectoire de Joël, déterminé à ne pas finir porteur au marché, Dieudo Hamadi crée un contrepoint intime et, pour finir, poignant, au portrait de groupe.
Dieudo Hamadi et Jean-Louis Gonnet le 10 février


lundi 8 février 2016

Reprise de films primés à Angers au Forum des images le jeudi 11 février

JEUDI 11 FÉVRIER 2016

REPRISE DU FESTIVAL PREMIERS PLANS D'ANGERS

28E ÉDITION

Deux séances exceptionnelles pour découvrir une sélection du palmarès de la 28e édition du Festival Premiers Plans, qui s'est déroulée à Angers du 22 au 31 janvier 2016. À 19h, des courts métrages primés et à 20h30, un long métrage primé.




Pour accéder au programme, suivre les liens suivants :

- à 19h : http://www.forumdesimages.fr/les-programmes/toutes-les-rencontres/reprise-du-palmares-du-festival-premiers-plans-dangers-courts-metrages-primes_1
- à 20h30 : http://www.forumdesimages.fr/les-programmes/toutes-les-rencontres/reprise-du-palmares-du-festival-premiers-plans-dangers-un-long-metrage-prime_1


A propos d’Angers où l’on veut devenir Premier Ministre…




               C’est une ville dont tout le monde connaît le nom. Une petite ville de l’Anjou bien tranquille, paisible avec ses parcs, ses bâtiments et ses rues commerçantes. Mais chaque année, durant la dernière semaine du mois de janvier, la ville se réveille et dévoile au monde entier, mais dans l’intimité tout de même, une ambiance comme on n’en trouve nulle part ailleurs. Alors, à vos sièges, préparez en cas de besoin quelques dolipranes, et c’est parti pour dix jours de Cinéma intense ! Pour ma part, seulement trois jours ont suffi pour me convaincre que le cinéma est comme une pyramide dont les passages secrets sont multiples et les galeries souterraines plutôt occultes. Le cinéma, c’est une éternelle découverte et redécouverte. Avec, sur mon compteur du festival Premiers Plans,  quelques 11 séances et 20 heures de projections, voici mon bilan.
               A peine arrivés, il faut déjà aller au Centre des Congrès et s’installer dans la salle pour regarder cinq courts métrages en compétition. C'est juste avant de visionner ces films que passe la bande-annonce. On découvre alors la vidéo que l’on verra tout au long du festival, et l’on ne se doute pas encore qu’on la connaîtra bientôt par cœur. Lors de cette première projection donc, on découvre l’ambiance dans laquelle on vivra durant les trois prochains jours, et lorsque la bande-annonce commence, les spectateurs autour de nous applaudissent et marquent le rythme de la bande-son que l’on avait déjà entendue dans Les Combattants. Dès la seconde projection, on frappe à notre tour dans nos mains, dès la troisième, nous crions, avec les 1000 personnes présentes dans la salle, le « Freedom!» crié par un personnage à l'écran. L’euphorie est alors à son apogée : on est là, plus que jamais cinéphile, prêt à voir et à recevoir un chef d’œuvre (ou un navet, ça arrive aussi).
               Mais le festival d’Angers, c’est aussi une multitude de rencontres. Avant chaque projection, quelqu’un nous présente le film. Cela peut être un des organisateurs du festival, l’équipe de production ou encore les acteurs. Et c’est là que cela devient intéressant. Car ce n’est pas tous les jours que l’on voit Michael Lonsdale présenter  Baisers Volés de François Truffaut, premier grand rôle de ce grand acteur. Puis on aperçoit Vincent Lindon aussi,  ou encore Niels Schneider passer à seulement quelques centimètres, parler, on le voit nous sourire. Voilà ce qui rend l’instant inoubliable.
               Et les films ? Ils étaient comment, les films ? Les grands films, nouveaux ou bien plus vieux, étaient au rendez-vous. On court dans toute la ville pour passer de Baisers Volés (de 1968) à Leviathan (2014), on arrive essoufflés et le film nous coupe le souffle. Cette année, les acteurs et réalisateurs à l'honneur étaient Milos Forman, Alain Cavalier et  Michael Lonsdale, tandis que les programmations thématiques portaient sur les migrants aujourd’hui, les rebelles et l'Islande. Certains de ces films étaient très agréables, légers comme Baden Baden de Rachel Lang, en compétition, dont la sortie est pour mars 2016 (Allez le voir !), film français plus abordable que Adieu au langage de Godard, mais pas débile comme Aladin d'Arthur Benzaquen. Ou encore Back Soon de Solveig Anspach (2007) qui entre dans le thème de l’Islande. Dans notre groupe, les avis sur ce film étaient partagés, mais il reste, pour beaucoup d'entre nous, un hymne à la vie ! Ou alors Kumiko : The treasure hunter, de David Zellner, un film complètement fou, ou le monde onirique et le monde réel ne font qu’un. On a l’impression que le réalisateur voulait créer un monde de rêve complètement différent du monde diurne, dans lequel vivait l’héroïne Kumiko, tout en laissant, pour dérouter le spectateur, des éléments du monde réel. Cela étant, il y a d’autres films dont on sort le visage grave et l’esprit bouillant de réflexions. C’est le cas, par exemple, pour Vol au dessus d’un nid de coucou (de 1975) de Milos Forman avec Jack Nicholson interné dans un asile. Ce film métaphorise très bien les régimes politiques de l’époque mais nous fait aussi bien réfléchir sur notre société actuelle. Il y a aussi, dans la catégorie Rebelles, Leviathan d’Andrey Zvyagintsev qui dépeint une Russie attardée et corrompue. Enfin, on se rend compte à quel point, nous, petits lycéens parisiens, avons de la chance, lorsqu’on voit Hope, un film de Boris Lojkine qui retrace la traversée de l’Afrique par un couple qui espère accéder à l'Europe. Ils rencontrent les dures règles des migrants, micro-communautés autoritaires qui se forment dans chaque lieu où ils passent.
               Il y a bien un film que personne n’a aimé : Diamant Noir d’Arthur Harari (sortie pour cet été). Ce réalisateur, en fait, accomplit l’impossible : il a réussi à faire passer dans un festival une création à l'esthétique de type « téléfilm nul du samedi soir ». Il a surtout réussi à rendre laid Niels Schneider, qui aurait mieux fait de rester avec Xavier Dolan. Plus de boucles blondes rebelles sur sa frimousse, mais des cheveux noirs, plaqués en arrière, bref, il a perdu tout son charme (Ayant vu l’individu à la projection, je peux vous rassurer, il a tout de même récupéré sa beauté, fidèle à lui-même.).
               Mais quel que fût le film, nous en sortions toujours plus grands, plus curieux, plus heureux. Cette sensation, ce sentiment de bien-être, cet état d’esprit si particulier, on ne pourra jamais le retrouver, on essaie de le raviver à chaque fois que l’on revoit une personne de notre groupe : « Te souviens-tu de cela ? J’ai écouté la bande-son de tel film ! Et puis j’ai revu environ 10 fois sur youtube la bande-annonce du festival. Maintenant, quand je suis au cinéma et que le film se termine, je veux applaudir comme au festival, pas toi ? » Mais tout cela est bien vain : Angers, c’est beau, c’est éphémère, puis c’est fini. Mais jamais on n’oubliera cette expérience, c’est comme si quelque chose à l’intérieur de nous s’était ancré, et rien ne pourra le retirer. 

Solène Colin




samedi 6 février 2016

Un obus partout, film d'animation de Zaven Najjar

Bonne nouvelle ! On peut (re)voir le court métrage d'animation de Zaven Najjar, Un obus partout, découvert au festival d'Angers, sur le site d'Arte : http://cinema.arte.tv/fr/un-obus-partout