mardi 24 mars 2015

Critiques du film Mort d'un cycliste (1955) de Juan Antonio Bardem par les 1ères ES1

Le vendredi 6 février 2015, les élèves de la section européenne espagnol, de l'option cinéma, et plusieurs classes du lycée Rodin (dans le cadre du cours d'espagnol, de français ou d'histoire) ont assisté à la projection de films espagnols sur la guerre d'Espagne et le franquisme au cinéma l'Escurial, présentés par Pietsie Feenstra, enseignante à l'Université Paris III.

Cette manifestation a été organisée en partenariat avec les Cinémas Indépendants Parisiens et a bénéficié d'une subvention de la Région Ile-de-France.


Les élèves de 1ère ES1 ont écrit une critique de Mort d'un cycliste (1955) de Juan Antonio Bardem.



Mort d'un cycliste, la sinistre dénonciation de Bardem.

            Le cinquième film de Juan Antonio Bardem, récit du triste accident de deux amants adultères qui renversent un cycliste en voiture et se retrouvent du jour au lendemain dans une situation de culpabilité et de peur sans précédent, suit les deux protagonistes en parallèle de l'enquête policière, effrayés que l'on puisse découvrir la vérité à la fois sur leur relation amoureuse et sur leur homicide involontaire mais inavoué.
            Derrière cette histoire qui relève en apparence du fait divers se cache en réalité une métaphore politique de la dictature, ainsi qu'une dénonciation du franquisme. En effet, d'une part, les amants vivent dans la peur d'avouer leur crime, ce qui renvoie à la terreur de s'exprimer propre aux régimes dictatoriaux, et d'autre part, la femme du couple craint d'être séparée de son riche mari si l'on venait à découvrir sa relation adultère, comportement emblématique d'une société dans laquelle les préoccupations matérielles sont démesurées.
            Tout au long du film règne une ambiance pesante et glauque, représentative de la situation dans laquelle sont placés les personnages, et laissant présager un dénouement dramatique, ce qui sera bel et bien le cas, puisque l'histoire se termine sur un meurtre supplémentaire : Maria Jose (l'amante) va ainsi tuer Juan (l'amant), avant de connaître elle-même un accident mortel. On peut alors comprendre le message du film, qui est qu'un crime ne peut rester impuni…
            J'ai personnellement beaucoup aimé le film, car selon moi, l'ambiance colle parfaitement au message du film, et l'histoire est très ouverte aux interprétations, ce qui permettra à chaque spectateur de comprendre le film d'une manière qui lui est propre.
Pablo Venzal


Mort d'un cycliste : un scénario prometteur, mais une mise en scène décevante

            Ce film engagé, Mort d'un cycliste, réalisé par Juan Antonio Bardem, critique le régime franquiste, un régime totalitaire qui réprimait les arts et censurait tout ce qui déplaisait au gouvernement.
            Le film raconte l'histoire d'un couple formé de Maria Jose, une femme appartenant à la riche bourgeoisie, et Juan, un professeur d'Université, qui vont renverser un cycliste et le laisser pour mort sur le bord de la route. On suivra alors l'évolution des personnages, rongés par la culpabilité pour l'un, et par la peur d'être découverts pour l'autre.
            L'histoire est très bien inventée. En lisant le résumé, on a immédiatement envie de voir le film. Pourtant, le jeu d'acteurs laisse à désirer : par exemple, les réactions du personnage de Maria Jose paraissent exagérées, notamment quand elle pleure. Du coup, au lieu de susciter l'attendrissement du spectateur, elle ne provoque aucune émotion. De plus, la musique et les gros plans ajoutent un côté pathétique à certaines scènes et renforcent l'aspect "surjoué" de l'interprétation des acteurs. C'est le cas de la scène où Marie Jose et Juan s'étreignent et où l'on voit le visage de Maria Jose en gros plan.
            Ainsi, on part d'un bon scénario (encore que l'histoire soit parfois trop prévisible), mais la mise en scène et le jeu des acteurs sont trop outrés pour que cette œuvre soit un chef-d'œuvre.

Sadani Samb


Mort d'un cycliste, un chef d'œuvre de réflexion !

             Mort d'un cycliste, qui est la traduction exacte du titre original Muerte de un ciclista, fut réalisé en 1955 par Juan Antonio Bardem. Les acteurs principaux sont Lucia Bosè, qui joue le rôle de Maria Jose, Alberto Closas, qui joue le rôle de Juan, Carlos Casaravilla qui interprète Rafa, et enfin Otello Toso qui joue Miguel.
            Il faut tout d'abord situer le film dans son contexte historique : réalisé en 1955 dans la période de l'Espagne franquiste, Mort d'un cycliste s'attelle à la lourde tâche d'exprimer l'opinion d'une partie de la population. Juan Antonio Bardem devait également faire face à la censure : il fut donc contraint à une dénonciation implicite. Mais en analysant bien le scénario du film, on peut comprendre ce que le réalisateur cherche à dénoncer. Tout d'abord, les "non-dits" à travers l'accident ou bien même l'adultère, mais également la surveillance mise en place par le personnage symbolique de Rafa. Ces deux caractéristiques sont omniprésentes dans un régime totalitaire, mais au-delà de tout cela, c'est le manque de valeurs d'une grande partie de la population que dénonce Juan Antonio Bardem. Maria Jose incarne parfaitement cette partie de la société : elle n'est intéressée que par son confort matériel, qui prend le pas sur son amour. Ainsi, elle est capable de tuer une personne qu'elle chérit pour pouvoir conserver son statut social. En outre, il y a chez elle un manque total de culpabilité.
            Ce film possède donc un fond très intéressant, mais encore faudra-t-il ne pas s'arrêter à la forme du film, qui peut paraître un peu démodée avec le noir et blanc et le jeu exacerbé des acteurs. Ceci est en fait très recherché, et la qualité des plans et l'utilisation de la lumière dans certaines scènes laissera plus d'un cinéphile bouche bée.
  Mathieu Benazeraf


Mort d'un cycliste, un casting et des images impeccables

               Epouse d'un riche industriel, Maria-Jose est la maîtresse d'un professeur d'Université prénommé Juan. Au cours d'une promenade en voiture avec lui, elle renverse un ouvrier à bicyclette, et les deux amants le laissent sur la route, agonisant, sans lui porter secours.
               Nous remarquons jusqu'où pouvait aller un cinéaste, à cette époque, dans la critique de la société bourgeoise, tout en évitant la censure. Mort d'un cycliste est en effet une dénonciation de l'hypocrisie de la bourgeoisie franquiste, à travers un drame rythmé par deux crimes, l'un volontaire et l'autre accidentel.
               La maîtresse de Juan est jouée par une jeune femme mystérieuse, au visage fin et d'une grande beauté, parfaite pour incarner une femme froide, prête à tout pour conserver sa position et son bien-être matériel auprès de son mari qu'elle n'aime pas. Sa perfection physique cache des secrets et une laideur morale. La performance de l'actrice, Lucia Bosè, dans Mort d'un cycliste et dans Chronique d'un amour d'Antonioni (1950), a suscité des comparaisons entre ces deux rôles de "femme fatale". Ici, elle exprime parfaitement bien les deux facettes de son personnage.
               Dans le film, le rôle de la musique est irréprochable : bien que subtile, elle tend à faire passer des messages, notamment par le biais de Rafa, pianiste qui veut faire chanter Maria en suggérant qu'il sait tout sur la relation adultère qu'elle entretient avec Juan.
               Outre l'utilisation qu'il fait de la musique, les qualités du film tiennent à l'utilisation de la profondeur de champ, par exemple dans la première scène, mais aussi l'usage des gros plans qui rappelle les codes du mélodrame. Le montage est également efficace, car la longueur des plans permet de mettre en valeur des cadrages significatifs.

Imène Bouharket



Mort d'un cycliste, une lueur dans l'obscurantisme franquiste

Le film Mort d'un cycliste est un drame réalisé par Juan Antonio Bardem en 1955, en plein régime franquiste, soit un régime dictatorial où la censure était très présente, surtout à l'égard des critiques du régime. Pourtant ce film est parvenu à sortir et à obtenir un succès important en pleine période sombre du cinéma espagnol. En effet, Mort d'un cycliste est une oeuvre engagée qui critique le régime en place et notamment la censure imposée aux critiques de l'action du gouvernement.
Filmer la réalité était interdit par le régime, car il ne fallait pas propager d'images montrant les conditions de vie de la population, souvent déplorables. Pourtant ce film s'affranchit encore de ce tabou en n'hésitant pas à montrer la maison du cycliste tué, dans une banlieue insalubre, ainsi que sa famille misérable.
L'histoire de ce film commence lorsqu'un cycliste se fait renverser par un couple, cycliste dont on ne verra jamais le visage, symbolisant ainsi la majorité silencieuse, le peuple n'ayant pas le droit d'exprimer son opinion. Les meurtriers sont un couple adultère qui, suite à cet accident, ne se fiera plus à personne et devra se taire plus que jamais, ce qui est symbolisé par un grand nombre de silences dans le film, ou encore des passages où la musique se fait plus forte que les paroles des personnages. Ce silence pesant constitue une critique voilée du manque de liberté d'expression dû à la censure. Ce couple sera poursuivi par ses démons et un maître-chanteur dont on ne sait ce qu'il a vu, représentant les individus prêts à collaborer avec le régime en vendant leurs proches pour en retirer quelques avantages. Finalement, les deux personnages vont découvrir qui ils sont et décider d'avouer, mais, suite à une ultime trahison, la vérité restera au fond de la tombe des trois individus, le couple et le cycliste.
               Juan Antonio Bardem aura donc réalisé un film dans lequel il critique le régime franquiste à partir de la métaphore des silences des personnages. Ce film connaîtra un grand succès, même au niveau mondial, ce qui prouve son impact sur les mentalités.
Lucas Lenoir



Mort d'un cycliste de Juan Antonio Bardem, un film en lutte contre le franquisme

               Pour commencer, Mort d'un cycliste est sorti en 1955 en Espagne et en Italie puisque c'est un film italo-espagnol. C'est un film très important dans l'histoire du cinéma espagnol, car il marque un renouveau de la création artistique pendant le franquisme qui était dominé par un courant national-catholique. Ce film critique subtilement le franquisme, ne condamnant pas directement le régime mais nous laissant regarder pour qu'on en vienne à le penser nous-mêmes. Tout ceci, pour éviter la censure.
               C'est un film noir rassemblant tous les ingrédients du genre : adultère, chantage, destin malheureux, tragique. Bardem nous montre la société espagnole divisée entre les bourgeois et le petit peuple. Il décrit les bourgeois comme hypocrites, égoïstes, lâches, vivant dans un monde où leur statut et leurs biens matériels priment sur la conscience et la morale.
               Cette oeuvre n'a pas été censurée, mais Bardem n'aura pas la même chance pour ses oeuvres suivantes : il fut arrêté parce que communiste, donc opposé au franquisme.
               J'ai beaucoup aimé ce film puisque c'est une oeuvre engagée mais non militante. Elle dénonce subtilement le franquisme en nous le montrant et en nous laissant nous forger un avis à partir de ce que nous observons. Cette liberté de penser est très importante quand on s'attaque à une dictature qui justement nous prive de cette liberté. Je vous conseille donc vivement ce film, une oeuvre très importante dans l'histoire espagnole.
Benjamin Djelidi



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