Le vendredi 6 février 2015, les élèves de la section européenne espagnol, de l'option cinéma, et plusieurs classes du lycée Rodin (dans le cadre du cours d'espagnol, de français ou d'histoire) ont assisté à la projection de films espagnols sur la guerre d'Espagne et le franquisme au cinéma l'Escurial, présentés par Pietsie Feenstra, enseignante à l'Université Paris III.
Cette manifestation a été organisée en partenariat avec les Cinémas Indépendants Parisiens et a bénéficié d'une subvention de la Région Ile-de-France.
Les élèves de 1ère ES1 ont écrit une critique de Mort d'un cycliste (1955) de Juan Antonio Bardem.
Mort d'un cycliste, la
sinistre dénonciation de Bardem.
Le
cinquième film de Juan Antonio Bardem, récit du triste accident de deux amants
adultères qui renversent un cycliste en voiture et se retrouvent du jour au
lendemain dans une situation de culpabilité et de peur sans précédent, suit les
deux protagonistes en parallèle de l'enquête policière, effrayés que l'on
puisse découvrir la vérité à la fois sur leur relation amoureuse et sur leur
homicide involontaire mais inavoué.
Derrière
cette histoire qui relève en apparence du fait divers se cache en réalité une
métaphore politique de la dictature, ainsi qu'une dénonciation du franquisme.
En effet, d'une part, les amants vivent dans la peur d'avouer leur crime, ce
qui renvoie à la terreur de s'exprimer propre aux régimes dictatoriaux, et
d'autre part, la femme du couple craint d'être séparée de son riche mari si
l'on venait à découvrir sa relation adultère, comportement emblématique d'une
société dans laquelle les préoccupations matérielles sont démesurées.
Tout
au long du film règne une ambiance pesante et glauque, représentative de la
situation dans laquelle sont placés les personnages, et laissant présager un
dénouement dramatique, ce qui sera bel et bien le cas, puisque l'histoire se
termine sur un meurtre supplémentaire : Maria Jose (l'amante) va ainsi tuer
Juan (l'amant), avant de connaître elle-même un accident mortel. On peut alors
comprendre le message du film, qui est qu'un crime ne peut rester impuni…
J'ai
personnellement beaucoup aimé le film, car selon moi, l'ambiance colle
parfaitement au message du film, et l'histoire est très ouverte aux
interprétations, ce qui permettra à chaque spectateur de comprendre le film
d'une manière qui lui est propre.
Pablo Venzal
Mort d'un cycliste : un
scénario prometteur, mais une mise en scène décevante
Ce
film engagé, Mort d'un cycliste,
réalisé par Juan Antonio Bardem, critique le régime franquiste, un régime
totalitaire qui réprimait les arts et censurait tout ce qui déplaisait au
gouvernement.
Le
film raconte l'histoire d'un couple formé de Maria Jose, une femme appartenant
à la riche bourgeoisie, et Juan, un professeur d'Université, qui vont renverser
un cycliste et le laisser pour mort sur le bord de la route. On suivra alors
l'évolution des personnages, rongés par la culpabilité pour l'un, et par la
peur d'être découverts pour l'autre.
L'histoire
est très bien inventée. En lisant le résumé, on a immédiatement envie de voir
le film. Pourtant, le jeu d'acteurs laisse à désirer : par exemple, les
réactions du personnage de Maria Jose paraissent exagérées, notamment quand
elle pleure. Du coup, au lieu de susciter l'attendrissement du spectateur, elle
ne provoque aucune émotion. De plus, la musique et les gros plans ajoutent un
côté pathétique à certaines scènes et renforcent l'aspect "surjoué"
de l'interprétation des acteurs. C'est le cas de la scène où Marie Jose et Juan
s'étreignent et où l'on voit le visage de Maria Jose en gros plan.
Ainsi,
on part d'un bon scénario (encore que l'histoire soit parfois trop prévisible),
mais la mise en scène et le jeu des acteurs sont trop outrés pour que cette
œuvre soit un chef-d'œuvre.
Sadani Samb
Mort d'un cycliste, un chef d'œuvre de réflexion !
Il
faut tout d'abord situer le film dans son contexte historique : réalisé en 1955
dans la période de l'Espagne franquiste, Mort
d'un cycliste s'attelle à la lourde tâche d'exprimer l'opinion d'une partie
de la population. Juan Antonio Bardem devait également faire face à la censure
: il fut donc contraint à une dénonciation implicite. Mais en analysant bien le
scénario du film, on peut comprendre ce que le réalisateur cherche à dénoncer.
Tout d'abord, les "non-dits" à travers l'accident ou bien même
l'adultère, mais également la surveillance mise en place par le personnage
symbolique de Rafa. Ces deux caractéristiques sont omniprésentes dans un régime
totalitaire, mais au-delà de tout cela, c'est le manque de valeurs d'une grande
partie de la population que dénonce Juan Antonio Bardem. Maria Jose incarne
parfaitement cette partie de la société : elle n'est intéressée que par son confort
matériel, qui prend le pas sur son amour. Ainsi, elle est capable de tuer une
personne qu'elle chérit pour pouvoir conserver son statut social. En outre, il
y a chez elle un manque total de culpabilité.
Ce
film possède donc un fond très intéressant, mais encore faudra-t-il ne pas
s'arrêter à la forme du film, qui peut paraître un peu démodée avec le noir et
blanc et le jeu exacerbé des acteurs. Ceci est en fait très recherché, et la
qualité des plans et l'utilisation de la lumière dans certaines scènes laissera
plus d'un cinéphile bouche bée.
Mort d'un cycliste, un casting et
des images impeccables
Epouse
d'un riche industriel, Maria-Jose est la maîtresse d'un professeur d'Université
prénommé Juan. Au cours d'une promenade en voiture avec lui, elle renverse un
ouvrier à bicyclette, et les deux amants le laissent sur la route, agonisant,
sans lui porter secours.
Nous
remarquons jusqu'où pouvait aller un cinéaste, à cette époque, dans la critique
de la société bourgeoise, tout en évitant la censure. Mort d'un cycliste est en effet une dénonciation de l'hypocrisie de
la bourgeoisie franquiste, à travers un drame rythmé par deux crimes, l'un
volontaire et l'autre accidentel.
La
maîtresse de Juan est jouée par une jeune femme mystérieuse, au visage fin et
d'une grande beauté, parfaite pour incarner une femme froide, prête à tout pour
conserver sa position et son bien-être matériel auprès de son mari qu'elle
n'aime pas. Sa perfection physique cache des secrets et une laideur morale. La
performance de l'actrice, Lucia Bosè, dans Mort
d'un cycliste et dans Chronique d'un
amour d'Antonioni (1950), a suscité des comparaisons entre ces deux rôles
de "femme fatale". Ici, elle exprime parfaitement bien les deux
facettes de son personnage.
Dans
le film, le rôle de la musique est irréprochable : bien que subtile, elle tend
à faire passer des messages, notamment par le biais de Rafa, pianiste qui veut
faire chanter Maria en suggérant qu'il sait tout sur la relation adultère
qu'elle entretient avec Juan.
Outre
l'utilisation qu'il fait de la musique, les qualités du film tiennent à
l'utilisation de la profondeur de champ, par exemple dans la première scène,
mais aussi l'usage des gros plans qui rappelle les codes du mélodrame. Le
montage est également efficace, car la longueur des plans permet de mettre en
valeur des cadrages significatifs.
Imène Bouharket
Mort d'un cycliste, une lueur dans l'obscurantisme franquiste
Le film Mort d'un cycliste est un drame réalisé par Juan Antonio Bardem en
1955, en plein régime franquiste, soit un régime dictatorial où la censure
était très présente, surtout à l'égard des critiques du régime. Pourtant ce
film est parvenu à sortir et à obtenir un succès important en pleine période
sombre du cinéma espagnol. En effet, Mort
d'un cycliste est une oeuvre engagée qui critique le régime en place et
notamment la censure imposée aux critiques de l'action du gouvernement.
Filmer la réalité était interdit
par le régime, car il ne fallait pas propager d'images montrant les conditions
de vie de la population, souvent déplorables. Pourtant ce film s'affranchit
encore de ce tabou en n'hésitant pas à montrer la maison du cycliste tué, dans
une banlieue insalubre, ainsi que sa famille misérable.
L'histoire de ce film commence
lorsqu'un cycliste se fait renverser par un couple, cycliste dont on ne verra
jamais le visage, symbolisant ainsi la majorité silencieuse, le peuple n'ayant
pas le droit d'exprimer son opinion. Les meurtriers sont un couple adultère
qui, suite à cet accident, ne se fiera plus à personne et devra se taire plus
que jamais, ce qui est symbolisé par un grand nombre de silences dans le film,
ou encore des passages où la musique se fait plus forte que les paroles des
personnages. Ce silence pesant constitue une critique voilée du manque de
liberté d'expression dû à la censure. Ce couple sera poursuivi par ses démons
et un maître-chanteur dont on ne sait ce qu'il a vu, représentant les individus
prêts à collaborer avec le régime en vendant leurs proches pour en retirer
quelques avantages. Finalement, les deux personnages vont découvrir qui ils
sont et décider d'avouer, mais, suite à une ultime trahison, la vérité restera
au fond de la tombe des trois individus, le couple et le cycliste.
Juan
Antonio Bardem aura donc réalisé un film dans lequel il critique le régime
franquiste à partir de la métaphore des silences des personnages. Ce film
connaîtra un grand succès, même au niveau mondial, ce qui prouve son impact sur
les mentalités.
Lucas Lenoir
Mort d'un cycliste de Juan Antonio Bardem, un film en
lutte contre le franquisme
Pour
commencer, Mort d'un cycliste est
sorti en 1955 en Espagne et en Italie puisque c'est un film italo-espagnol.
C'est un film très important dans l'histoire du cinéma espagnol, car il marque
un renouveau de la création artistique pendant le franquisme qui était dominé
par un courant national-catholique. Ce film critique subtilement le franquisme,
ne condamnant pas directement le régime mais nous laissant regarder pour qu'on
en vienne à le penser nous-mêmes. Tout ceci, pour éviter la censure.
C'est
un film noir rassemblant tous les ingrédients du genre : adultère, chantage,
destin malheureux, tragique. Bardem nous montre la société espagnole divisée
entre les bourgeois et le petit peuple. Il décrit les bourgeois comme
hypocrites, égoïstes, lâches, vivant dans un monde où leur statut et leurs
biens matériels priment sur la conscience et la morale.
Cette
oeuvre n'a pas été censurée, mais Bardem n'aura pas la même chance pour ses
oeuvres suivantes : il fut arrêté parce que communiste, donc opposé au
franquisme.
J'ai
beaucoup aimé ce film puisque c'est une oeuvre engagée mais non militante. Elle
dénonce subtilement le franquisme en nous le montrant et en nous laissant nous
forger un avis à partir de ce que nous observons. Cette liberté de penser est
très importante quand on s'attaque à une dictature qui justement nous prive de
cette liberté. Je vous conseille donc vivement ce film, une oeuvre très
importante dans l'histoire espagnole.
Benjamin Djelidi
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