Laissez vous happer par Interstellar
Doté d'un talent incomparable, Christopher Nolan, après la trilogie The Dark Knight et Inception, s'impose clairement comme l'un des réalisateurs les plus prometteurs du début du XXIeme siècle.
Avant même sa sortie, Interstellar attirait déjà tous les regards avec la présence d'une galaxie de stars hollywoodiennes dont, dans le rôle du personnage principal, Matthew Mc Conaughey (Oscar du meilleur acteur 2014 pour son rôle dans Dallas Buyers Club devant Leonardo le maudit) et ses bandes-annonces plus que frustrantes qui promettent beaucoup aux spectateurs sans rien leur dévoiler. On entendait aussi des rumeurs selon lesquelles le film avait permis des avancées dans l'étude des trous noirs, et ça, même sur les chaînes d'infos. Ce devait être la raison pour laquelle les séances étaient si nombreuses : au Mk2 Bibliothèque, un samedi soir : on en comptait une à 20h, une autre à 21h et une dernière à 21h20.
C'est donc plein d'espoirs, plongé dans un état second par l'excitation (de voir un nouveau film de celui qui est mon réalisateur préféré, je l'avoue) que j'entre dans une salle bondée : surprise, pas de scientifiques carnets de note à la main, mais seulement des spectateurs lambda dans leur quête éternel des saintes places pas trop d'vant pas trop derrière.
C'est donc après une nuit difficile de par le manque de sommeil que j'écris ces mots : mesdames et messieurs, ne pas aller voir Interstellar serait une des plus grosses erreurs de votre vie, oui ! Plus imposante encore que votre taux de cholestérol ou que le vide de votre porte monnaie qui est loin d'être une raison suffisante pour vous interdire d'aller voir ce film.
C'est l'occasion d'assister à une expédition désespérée d'explorateurs (un peu trop beaux gosses, expressifs et émotifs pour des scientifiques, il est vrai) qui sont à la recherche d'une nouvelle planète car nos réserves de wee … de verdures ! s'épuisent car d'incessantes tempêtes de poussière viennent rendre la terre stérile et donner de l'asthme aux gentils américains, c'est donc le good old farmer Mc Conaughey qui va faire bouger son petit cul maigrelet hors de sa ferme par la Nasa pour se propulser dans l'hyper-espace à travers une faille dans l'espace-temps (rien que ça) pour trouver une planète toute verte ... moins pourrie que la nôtre !
Parlons-en de ce fameux acteur principal, dont je n'écrirai pas une nouvelle fois le nom (imprononçable, plus états-unisé que ça tu meures, digne d'un personnage de la propagande américaine pendant la guerre froide), j'espère que vous l'avez retenu sinon back to the beginning… Bref, son jeu d'acteur est infaillible, on le savait déjà à l'aise dans les rôles de personnages charismatiques et archétypés : on l'a connu trader (ripou s'il faut préciser) fou à lier et cocaïneux, campagnard américain homophobe et drogué, et aujourd'hui il se transforme en grand sauveur anonyme de l'humanité et ça lui va bien, le mec est convaincant. On a envie de le suivre deux heures de plus jusqu'au fin fond de la galaxie. Quand il pleure, on pleure, quand il agonise, on souffre aussi.
Buzz le fermier quittera donc sa ferme pour aller s'enfoncer dans les fins fonds de la galaxie et non dans le lit d'Anne Hataway (The Dark Knight Rises, Les Misérables), qui fera partie du voyage, elle est plutôt pas mal ... dans son rôle.
Au niveau des effets spéciaux, on en prend plein la vue, mais juste comme il faut, ni trop, ni pas assez, le voyage de ces explorateurs du futur ne se faisant pas sans encombre. Par contre, si vous voulez voir des explosions toutes les minutes nuancées de pubs subliminales ou pas pour Victoria Secret ou autres âneries à la Michael Bay, vous n'êtes pas à la bonne porte et n'êtes pas les bienvenus (nulle part d'ailleurs).
Comme d'habitude, Nolan nous bombarde de rebondissements pendant 2h 49min, mais le réalisateur anglais nous montre des signes de décélération voire de baisse en matière de qualité scénaristique. En effet, le scénario ne semble pas aussi peaufiné que ses précédents ; les propos et actions de certains personnages sont moins réfléchis qu'avant et virent presque au banal blockbuster qu'on regarde seul en slip, en triplant son taux de cholestérol, sa bière et son paquet de chips à la main «parce que ya que ça à la télé ». Ce n'est pourtant pas dans l'habitude du réalisateur anglais. Il y a aussi le jargon scientifique dont l'ensemble du film est trop affublé et qui nous embrouille et nous fait grave douter de si on a compris ce qui se passe (surtout quand il est 23h30 dans mon cas).
L'orgue, omniprésent à la bande son, marche du tonnerre, il accentue le côté dramatique et l'intensité du film et nous fait largement oublier les basses et les bruits sourds de phares.
Mais surtout, l'esthétique du film est à tomber par terre : Interstellar nous fait oublier vos rêves de Caraïbes et autres et nous demande de nous unir pour explorer l'infinité de l'espace.
C'est aussi une œuvre engagée car des questions qui devraient vraiment être au centre des débats actuels y sont soulevées. Ce film montre aussi évidemment tous les problèmes liés aux voyages dans l'espace pour la recherche de la sacro-sainte planète habitable : entre les fonds à débourser en pleine crise, le recrutement d'une équipe dite compétente (parce que franchement il y a que le robot qui assure parmi tout l'équipage hein !) et surtout le temps que prennent celles-ci (allez débarquer sur une planète où 1h = 7 ans puis repartir pour d'autres planètes dans le même délire alors que vos gosses crèvent la dalle à des années lumières), c'est tout sauf gagné.
Interstellar est donc un vrai trou noir, car Nolan a su se démarquer de la majorité de ses concurrents potentiels que sont les autres blockbusters modernes, mais, surprise, le scénario comporte quelques hic qui sont à corriger pour ne pas tourner à la dérive dans l'océan sans fin du flop la prochaine fois.
Écrit par Mathias Roos le 16/11/2014
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