vendredi 2 mars 2018

Critique de O meu pijama, par Marie Bignon


O MEU PIJAMA, DELICAT ET MYSTERIEUX


O meu pijama est un court métrage portugais réalisé par Maria Gonçalves, étudiante de l’Escola Superior de Teatro e Cinema. On y assiste au changement définitif que subit la relation entre deux sœurs jumelles, Sara et Helena. Ce film aborde avec délicatesse les thèmes du passage à l’âge adulte et de la fraternité.
Un soir, alors que leurs parents sont partis fêter leur anniversaire de mariage, les deux fillettes sont laissées sous la garde de leur voisin Vincent. Celui-ci, dès son arrivée, brise l’équilibre et la complicité que l’on avait sentie entre les deux sœurs dans les premières scènes. Il incarne déjà leur éloignement.
Le court métrage débutait sur une jolie scène fraternelle, où les deux sœurs jouaient dans une piscine. Impossible de ne pas noter l’affectueuse complicité les unissant, lorsque Sara confie à sa sœur un secret (dont on ne saura jamais rien). 
Sara veut tout de suite plaire à Vincent, faire plus grande que son âge. La première rupture qu’elle marque entre Helena et elle consiste à changer de pyjama, pour qu’il les différencie. Au cours du film, la rupture se marque de plus en plus lorsque Sara joue le rôle d’une mère auprès d’Helena en la rassurant.
La scène finale pourrait être née de l’imagination d’Helena, et marquer la séparation finale entre les deux sœurs, l’une restant auprès d’un garçon, voyant naître les premiers signes du passage à l’âge adulte et de sa sexualité, et l’autre refusant d’accepter ces changements. Ce pourrait d’ailleurs être sa peur de grandir qui est symbolisée par le vase qui tombe, lorsque les enfants jouent au ouija. Le fait que sa question ait fait réagir les « fantômes » prouve qu’elle est la seule à y croire et montre son côté encore enfantin.
Le film est tourné uniquement en plans fixes ce qui en ralentit le rythme, comme pour marquer la lente séparation au fil de la nuit. Les couleurs sont froides et assez douces. Ces procédés aident à aborder des thèmes plutôt classiques de manière originale et sensible, ce qui m’a beaucoup plu.
Le court métrage a été sélectionné dans la catégorie « nouveaux talents » du festival français FIPA à Biarritz, cette catégorie rassemblant « des œuvres de personnes talentueuses dont les choix artistiques sont hautement personnels, originaux et ambitieux ». Je trouve que l’ambiance du film correspond bien à cette description : les choix scénaristiques semblent très personnels, parfois même trop, car il est difficile de donner un sens à certaines scènes, comme celle du secret ou celle du chien à la fin. Mais les acteurs et l’atmosphère m’ont plu et la sensibilité de la relation entre Sara et Helena m’a touchée.


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