dimanche 14 février 2016

Festival d'Angers : les critiques des élèves > Hope de Boris Lojkine

Les élèves de Première de l'option cinéma ont rédigé, seuls ou par groupes de deux, la critique du film de leur choix.

Pour commencer, voici la critique de Hope (2014) de Boris Lojkine, par Alix Bourbigou :


HOPE DE BORIS LOJKINE
LE RECIT JUSTE ET TOUCHANT DU PERIPLE DE DEUX REFUGIES


        Le film Hope, réalisé par Boris Lojkine et sorti en salle en mai 2014, retrace le parcours de Léonard et Hope, deux migrants fuyant respectivement le Cameroun et le Nigéria. Un carton, au générique de début, nous indique d’emblée le long et rude chemin qui attend les deux personnages : du Sahara au Maroc en passant par le sud de l’Algérie dans le but de rejoindre la « Terre promise » : l’Europe. 
       Pour sa première fiction, Lojkine prête à son film un pur réalisme ce qui ne laisse pas de marbre le spectateur qui se demande s’il n’assiste pas à la projection d’un documentaire. Le sujet est en effet loin d’être éloigné de la réalité puisque ce sont 1,2 million de personnes qui ont migré en Europe entre le mois d’octobre 2014 et septembre 2015. Sujet tellement brûlant qu’il en est presque déshumanisé. Le réalisateur nous confie alors un point de vue différent, celui du cinéma, en racontant l’histoire d’un homme et d’une femme prêts à tout dans l’espoir d’une vie meilleure. Le titre, qui reprend le prénom de l’héroïne, en surprend certains, considérant que l’espoir n’est pas évoqué dans ce film. Pourtant le mot est choisi avec justesse car c’est bien cet espoir, mêlé à un amour naissant entre les deux personnages, qui les amène à poursuivre leur périple. 
     Le réalisme frappant de Hope passe aussi par la forme. En plus d’avoir choisi des acteurs non-professionnels, eux-mêmes migrants clandestins, Lojkine tourne en décors réels et naturels, mis à part les scènes se déroulant dans les ghettos qui ont été reconstituées par sécurité et faute d’accessibilité. Les plans larges utilisés à maintes reprises montrent la beauté des paysages mais rendent également compte de la solitude des personnages et du chemin interminable qui leur reste à parcourir. 

Photogramme tiré du film : 
Hope et Léonard marchent vers le Nord de l’Afrique

        Hope, c’est aussi une fiction qui permet à Lojkine d’introduire une romance attachante entre une
femme et un homme qui ont tout à perdre. Bien que nous soyons dubitatifs sur la véracité des sentiments qu’éprouve Léonard pour Hope au début du film, ceux-ci se révèlent peu à peu, au cours de leur périple, jusqu’à se transformer en un amour fort et puissant. Cette humanité s’oppose d’autre part à la cruauté des trafics de migrants. Ceux qui prennent le monopole appelés « chairman » (« président » en anglais) gagnent de l’argent aux dépens des réfugiés qu’ils accueillent et font régner la peur et la soumission : trocs illégaux, échanges d’hommes, prostitution et extorsion d’argent. C’est dans cette réalité que les réfugiés de guerre, pour la plupart, s’aventurent vers une terre dite « meilleure » où ils seront enfin libres de vivre leur vie.
        Un film dur qui abrite une lueur d’espoir, à la lumière d’une actualité devenue trop crue.

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