dimanche 14 février 2016

Festival d'Angers : les critiques des élèves > Fish Tank d'Andrea Arnold


Katie Jarvis dans Fish Tank (2009) d'Andrea Arnold



L'aquarium explose, une évasion :

Fish Tank, un beau drame social orchestré par André Arnold. La réalisatrice fait le portrait de Mia, une adolescente issue d’un milieu très modeste. Du titre, on pense à un petit poisson bloqué dans un aquarium qui tente de sortir de sa condition, et de ce déterminisme social afin de rencontrer un monde nouveau, l’océan. L'actrice non-professionnelle Katie Jarvis nous démontre toute son ingéniosité, grâce à une interprétation forte en émotion. Du fait de son non-professionnalisme, elle procure une plus grande sensibilité et permet d'exprimer les émotions avec plus de réalisme et naturel (en effet elle s'inspire de sa propre vie pour jouer). C'est une fille totalement perdue qui, sous un air de dureté et d’agressivité, essaye de trouver son identité et d’affronter les passages obligatoires de l’adolescence tels que l’amour, le conflit familial, l’apprentissage de la confiance en soi… En effet, le moment de l’adolescence, plein de perturbations, est un instant de métamorphose entre l’enfance et l’âge adulte. On assiste entre autres à sa recherche d'une présence paternelle qui se retrouve dans l’arrivée du nouvel amant de sa mère et qui va chambouler des repères déjà très instables, créant ainsi un lien ambigu entre les divers protagonistes. Mia, afin d’échapper à son univers condamné, tente de réaliser ses rêves. Cette idée est représentée par la belle image du cheval enchaîné dans un milieu insalubre. Malgré ses incertitudes, elle est pleine d’espoir. Cet espoir et ce désir d'évasion sont traduits par le hip hop, un moyen de mouvement et de langage qui est l’un des moteurs principaux de la narration. De nos jours considéré par certains comme ringard, il est pourtant le langage d’une grande partie de la population de cette époque. La danse,,élément central du film, nous permet d’entrevoir son monde d'une manière différente, plus poétique, malgré une atmosphère plutôt dure. La caméra exprime avec merveille ce langage du corps telle une poésie avec des ponctuations « d’insultes affectueuses ». Tandis que Mia parvient à grandir et à s’émanciper de ce milieu voué à la médiocrité, sa mère, elle, tente de revivre sa jeunesse perdue avec un grande dépendance aux hommes, jalousant l’adolescence de sa fille. Le désœuvrement de sa mère, et la relation conflictuelle mère-fille qu'elles entretiennent sont joliment filmés, avec une photographie très juste et certains moments intenses tels que la dernière scène entre Mia, sa mère, et sa soeur; une danse clôturant leur relation.
Drame d'une intense beauté, porté par une énergie folle et une mise en scène sensible, Fish Tank est aussi un film de paradoxes, comme le montre par exemple la scène où les deux soeurs s'embrassent en se disant " I hate you ". L’un des seuls reproches que l’on pourrait faire au film est le fait q’il soit quelque peu prévisible, mais cela ne modifie pas fondamentalement la vision que le spectateur a du film et l’émotion qui s’en dégage.

Charlotte Pineda



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